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Les rebelles syriens nomment un de leurs responsables comme chef du gouvernement transitoire

 

Les rebelles qui ont pris le pouvoir à Damas ont nommé comme chef du gouvernement transitoire Mohammad al-Bachir, qui dirigeait jusqu'ici le gouvernement du fief rebelle d'Idlib. Il assurera ses fonctions jusqu'au 1er mars 2025, a annoncé un communiqué officiel diffusé par la télévision.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme a fait état de plus de 300 frappes israéliennes sur la Syrie depuis la prise de Damas par les rebelles et la chute du président Bachar al-Assad.

 A peine Bachar al-Assad chassé du pouvoir, de nombreux gouvernements de droite ou d'extrême droite ont ravivé le débat sur l'accueil des réfugiés syriens en Europe. A l'instar d'autres Etats, la Suisse a suspendu les procédures et les décisions pour les requérants d'asile syriens.  

 A la suite de ces événements, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence pour des discussions à huis clos sur la Syrie. L'UE demande pour sa part que toutes les parties prenantes "s'engagent dans un dialogue inclusif, dirigé et contrôlé par les Syriens, sur toutes les questions clés afin de garantir une transition ordonnée, pacifique".

L'OMS s'inquiète de la subsistance du système de santé syrien

L'OMS redoute une "pression" supplémentaire sur le système de santé syrien avec le retour de réfugiés et la prise en charge des nouveaux déplacés. Environ un million de personnes ont fui leur habitation depuis le 27 novembre, a affirmé mardi à Genève son chef.

La constitution d'un nouveau gouvernement provisoire "apporte une nouvelle espérance à un pays qui a tant souffert", a ajouté le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève (ACANU). L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a acheminé 11 camions avec du matériel médical ces dernières semaines vers Idleb et Alep.

Elles va étendre ses efforts, a insisté le responsable. Les centres de santé dans le nord du pays sont surchargés. Le directeur général appelle à garantir un accès "sûr et sans entrave" à l'assistance humanitaire.

World Opinions + Agences

Deux autres Casques bleus blessés dans le sud du Liban.. Vidéo

 

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a annoncé vendredi que deux Casques bleus sri-lankais avaient été blessés près de la frontière avec Israël. Des tirs israéliens avaient blessé la veille deux soldats indonésiens sur le quartier général de la mission de maintien de la paix, provoquant un tollé international.

 Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a appelé vendredi l'ONU à adopter une résolution pour un "cessez-le-feu immédiat" dans les combats entre Israël et le Hezbollah.

Les Libanais de Suisse dénoncent une position trop passive du gouvernement face à l’escalade militaire au Liban. Dans une lettre envoyée jeudi à Berne, les signataires exigent plusieurs mesures, notamment débloquer des fonds pour ce pays.

 Au moins 22 personnes ont été tuées dans des frappes israéliennes sur des quartiers densément peuplés de Beyrouth jeudi soir.La région de Tel-Aviv sur le qui-vive après une intrusion aérienne

Deux drones partis du Liban ont déclenché des sirènes d'alerte dans plusieurs villes au nord de Tel-Aviv, notamment à Herzliya, où un bâtiment a été endommagé, selon les autorités israéliennes, qui n'ont fait état d'aucune victime.

L'armée de l'air "est parvenue à intercepter l'un des deux aéronefs", et à ce stade, "des dégâts ont été causé à un immeuble à Herzliya", ajoute l'armée.

Alors qu'Israël marque la fête de Yom Kippour depuis le coucher du soleil, les sirènes ont retenti à Herzliya peu avant 21h55 (heure locale) et dans plusieurs villes voisines, selon la défense passive, qui a déclaré l'incident terminé une vingtaine de minutes plus tard.

World Opinions + Agences

Liban: Le pape juge "inacceptable" l'escalade.. Difficile travail des ONG depuis les bombardements israéliens.. Vidéos

  

Le pape François a dénoncé ce mercredi 25 septembre la "terrible escalade" au Liban, la qualifiant d'"inacceptable" et demandant à la communauté internationale de faire son possible pour y mettre un terme.


"Je suis attristé par les nouvelles provenant du Liban où d'intenses bombardements ont provoqué ces derniers jours de nombreuses victimes et destructions", a déclaré le pape à l'issue de l'audience générale.
"Je souhaite que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre un terme à cette terrible escalade. C'est inacceptable", a-t-il poursuivi.

Depuis le début de la campagne de bombardement de l'armée israélienne lundi, 90 000 personnes ont du quitter leur logement, selon l'ONU. Autant de personnes que les ONG sur place tentent de prendre en charge..

Le nombre de déplacés augmente fortement au Liban, après le lancement de la campagne de bombardement de l’armée israélienne. D’après l'ONU, 90 000 personnes ont dû quitter leur logement depuis lundi 23 septembre. Cela s’ajoute au nombre de déplacés depuis le 7 octobre. Les ONG intensifient leurs actions, mais c’est parfois délicat et elles ont besoin de soutien financier pour dimensionner leur aide. 

Dans la ville de Saïda, à 60 kilomètres de la frontière avec Israël, les réfugiés vivent sur les ronds-points ou sur la plage. Il n'y a pas assez de matelas pour tout le monde et les bombardements restent proches, explique Kevin Charbel. Il est chef de mission pour Première urgence internationale. Il a pris la route de Saïda mercredi 25 septembre au matin.

"À mi-chemin, je passe un grand entrepôt qui s'est fait bombarder à une heure du matin. Et en rentrant, à Saïda, il y a clairement une tension assez intense. On entend les bombardements tout le temps."

"Toutes les quinze, vingt minutes, on entend des bombardements."

Kevin Charbel, de Première urgence internationale

Pour l'instant, les autorités ont ouvert 300 écoles et gymnases pour les déplacés. Souvent, ce sont les plus démunis qui s'y retrouvent. "Beaucoup ont dormi une ou deux nuits en voiture, on voit un niveau de besoins massifs", dépeint Daniele Regazzi, directeur pays pour Solidarités International au Liban.

Mobiliser "le plus de moyens possibles"

Plusieurs ONG ont aussi lancé des collectes d'urgence pour tenter de faire face, explique Cyril Bassil, porte-parole à Beyrouth pour Care. "On est vraiment en train de mobiliser le plus de moyens possibles pour aider le plus de personnes. Parce que ce sont des gens qui sont en train de tout abandonner en l'espace de quelques secondes."

De son côté, Action contre la faim craint que cette campagne militaire d'Israël ne renforce encore l'insécurité alimentaire au Liban provoquée par la crise économique. 


World Opinions + Agences

Quel est le volume d'affaires de la Chine en Afrique ?

 

Au cours des deux dernières décennies, la Chine a massivement intensifié ses échanges avec l'Afrique et investi des milliards de dollars dans la construction de routes, de chemins de fer et de ports sur le continent.

Cela s'est fait dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), une conférence qui se tient tous les trois ans pour décider de la meilleure façon dont les pays africains et la Chine peuvent travailler ensemble. La réunion de cette année débute mercredi à Pékin et se poursuit jusqu'à vendredi, date à laquelle le premier ministre chinois, Xi Jinping, s'adressera à la conférence.

Récemment, la Chine a changé de stratégie et propose à l'Afrique davantage de produits de haute technologie et d'« économie verte ».

Quel est le volume d'affaires de la Chine avec l'Afrique ?

Au cours des vingt dernières années, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique, le premier investisseur dans les pays africains et leur premier créancier.

Elle a réalisé plus de 250 milliards de dollars d'échanges avec les pays africains en 2022 (dernière année complète pour laquelle on dispose de données). Elle a importé principalement des matières premières telles que le pétrole et les minerais, et exporté essentiellement des produits manufacturés.

En 2022, la Chine a investi 5 milliards de dollars dans les économies africaines, principalement pour construire de nouvelles liaisons de transport et des installations énergétiques, et pour exploiter des mines. Les entreprises chinoises ont gagné près de 40 milliards de dollars en 2022 grâce à ces projets. Selon le Forum économique mondial, il existe aujourd'hui 3 000 entreprises chinoises en Afrique.

La Chine a également 134 milliards de dollars de prêts en cours avec les pays africains, provenant de l'argent qu'elle leur a prêté pour le développement. Elle détient environ 20 % de la totalité de la dette des pays africains envers le reste du monde.

Toutefois, les prêts accordés par la Chine aux pays africains et ses investissements en Afrique ont récemment connu un ralentissement.

Cela s'explique par le fait que de nombreux États africains ont eu des difficultés à rembourser leurs prêts pour les infrastructures construites par la Chine dans leurs pays, explique le professeur Steve Tsang, de la SOAS (Université de Londres).

« La Chine était heureuse de prêter de l'argent pour des projets en Afrique, tels que des chemins de fer, que les pays occidentaux et la Banque mondiale n'auraient pas financés, parce qu'ils n'avaient pas de sens commercial », explique-t-il.

« Aujourd'hui, de nombreux pays africains ont constaté que ces projets ne leur rapportaient pas suffisamment pour rembourser les prêts. »

« Aujourd'hui, les prêteurs chinois en Afrique font preuve de plus de discernement », déclare Alex Vines de Chatham House, un groupe de réflexion sur les affaires étrangères basé à Londres. « Ils recherchent des projets plus susceptibles d'être financés.»

La Chine ne se contente plus de proposer aux pays africains de grands projets d'infrastructure tels que des routes, des chemins de fer et des ports, mais leur fournit des produits de haute technologie tels que des réseaux de télécommunications 4G et 5G, des satellites spatiaux, des panneaux solaires et des véhicules électriques (VE).

« La Chine a été accusée de vendre à bas prix des véhicules électriques sur le marché africain », explique M. Vines. « C'est un moyen pour la Chine d'exporter ses nouvelles technologies vertes de pointe.»

Le commerce avec la Chine a-t-il aidé ou nui à l'Afrique ?

La Chine a commencé à nouer des liens commerciaux importants avec les pays africains à partir de 1999, lorsque le parti communiste chinois a lancé sa stratégie « Going Out ». Le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) a tenu sa première réunion en 2003 et constitue désormais une plateforme de partenariat entre la Chine et 53 États africains.

Selon M. Vines, l'objectif initial de la Chine était d'importer autant de matières premières que possible d'Afrique, afin de pouvoir produire des biens destinés à l'exportation dans le monde entier.

« La Chine a prêté d'importantes sommes d'argent à l'Angola pour construire des infrastructures, afin d'obtenir en retour des livraisons de pétrole », explique-t-il. « Ces projets ont également fourni des emplois aux Chinois. À un moment donné, il y avait plus de 170 000 travailleurs chinois en Angola.»

Recettes chinoises provenant de projets de construction en Afrique

La Chine qualifie ses investissements en Afrique de « gagnant-gagnant ».

Toutefois, les projets de construction réalisés par la Chine en Afrique n'ont apporté que très peu d'avantages à la population locale, affirme le professeur Tsang, ce qui a suscité du ressentiment.

« Les entreprises chinoises font surtout venir leurs propres travailleurs et n'offrent pas beaucoup d'emplois locaux », explique-t-il. « On a également l'impression qu'elles emploient des travailleurs locaux dans des conditions de travail pénibles.»

Les prêts aux pays africains ont grimpé en flèche dans les années qui ont suivi 2013, lorsque la Chine a lancé son initiative « Ceinture et Route » pour améliorer les réseaux d'échanges commerciaux à travers l'Afrique et l'Asie. Ils ont culminé à plus de 28 milliards de dollars en 2016.

La Chine a été accusée de prêter à l'Afrique de manière prédatrice, en persuadant les gouvernements d'emprunter d'énormes sommes d'argent, puis en exigeant des concessions lorsqu'ils commencent à avoir des problèmes de remboursement.

L'Angola a accumulé des dettes de 18 milliards de dollars envers la Chine, la Zambie de plus de 10 milliards de dollars et le Kenya de 6 milliards de dollars, selon les chiffres de Chatham House. Tous ces pays ont eu beaucoup de mal à rembourser ces sommes.

La Chine a souvent prêté de l'argent aux États africains en liant les remboursements à leurs recettes d'exportation de matières premières. Ces accords ont permis à la Chine de prendre le contrôle de plusieurs mines de minerais dans des pays comme le Congo.

Le directeur de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a déclaré à l'agence de presse Associated Press que les gouvernements devraient éviter ce type de prêts.

« Ils sont tout simplement mauvais, d'abord et avant tout, parce qu'il n'est pas possible d'évaluer correctement le prix des actifs », a-t-il déclaré.

« Si vous avez des minerais ou du pétrole dans le sous-sol, comment trouver un prix pour un contrat à long terme ? C'est un véritable défi.»

Cependant, selon le Dr Vines : La « diplomatie du piège de la dette » chinoise n'existe pas vraiment.

« La Chine agit parfois comme un prédateur lorsqu'elle traite avec un État faible, mais des gouvernements plus forts peuvent faire des affaires avec elle sans s'endetter lourdement.»

Quels sont les projets de la Chine pour l'Afrique à l'avenir ?

Le FOCAC, qui débute mercredi à Pékin, est la plateforme de partenariat la plus complète et la mieux établie entre les nations africaines et une puissance mondiale, selon le Dr Shirley Ze Yu de la London School of Economics.

Tous les trois ans, elle définit de nouveaux objectifs et de nouvelles priorités.

« Il s'agit essentiellement d'une stratégie visant à engager au mieux la Chine en tant que partenaire extérieur de l'Afrique », explique-t-elle.

« À la fin du siècle, 40 % de la population mondiale résidera en Afrique. « Il est évident que l'Afrique détient l'avenir économique mondial.»

Cependant, les intérêts de la Chine en Afrique ne sont pas seulement commerciaux, mais aussi politiques, selon M. Vines.

« Il y a plus de 50 nations africaines à l'ONU », dit-il. « La Chine a persuadé la quasi-totalité d'entre elles de ne plus reconnaître Taïwan en tant qu'État.»

« Nous voyons maintenant plus clairement ce que la Chine attend de l'Afrique », déclare le professeur Tsang.

« Elle veut devenir le champion du Sud et utiliser cette position pour accroître son influence au sein des Nations unies et d'autres organisations internationales. La Chine veut que les nations africaines soient ses « soutiens ».

Selon lui, le FOCAC n'est pas une réunion d'égaux.

« Il y a une grande disparité de pouvoir. Si vous êtes d'accord avec la Chine, vous êtes le bienvenu. Personne ne dira qu'il n'est pas d'accord avec ce qu'elle a l'intention de faire ».

World Opinions - BBC Afrique


"Frappe ciblée" israélienne à Beyrouth, un commandant du Hezbollah visé.. Vidéo

 

L'armée israélienne a confirmé avoir mené, mardi, une "frappe ciblée" en périphérie sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah en réponse à l'attaque du Golan. Un commandant du mouvement chiite, Fouad Chokr, était la cible du raid. On ignore le sort du le chef des opérations armées de la milice.

La frappe visait un haut commandant du Hezbollah "responsable" de l'attaque sur le Golan. L'armée israélienne a annoncé, mardi 30 juillet, avoir lancé une attaque sur le sud de Beyrouth en réponse à la mort de 12 enfants druzes à Majdal Shams le 27 juillet. Rien n'indique pour l'instant s'il a été tué dans l'explosion, selon le mouvement chiite pro-iranien et le nombre de blessés varie de 3 à plus de 60, selon les sources.

"L'armée israélienne a mené une attaque ciblée à Beyrouth contre le commandant responsable du meurtre des enfants de Majdal Shams et de nombreux autres civils israéliens", a déclaré l'armée dans un communiqué, en référence à l'attaque dans la ville druze de Majdal Shamas, où 12 jeunes âgés de 10 à 16 ans ont été tués alors qu'ils jouaient sur un stade de football.

Tsahal a dit penser que sa frappe aérienne a tué comme voulu le haut commandant du Hezbollah, a rapporté la télévision publique israélienne, citant deux sources non-identifiées.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a estimé quant à lui sur X que  "Le Hezbollah a franchi la ligne rouge". 

Deux sources sécuritaires libanaises de haut rang ont, quant à elles, déclaré à Reuters que le numéro deux du Hezbollah, a survécu à l'attaque, précisant qu'il a été grièvement blessé.

Le commandant visé serait Fouad Chokr aussi connu sous le nom de Hajj Muhassin. Selon le département d'État américain, Fouad Chokr est "un haut commandant militaire des forces du groupe au Sud-Liban" qui a joué "un rôle-clé" dans des "opérations militaires du Hezbollah en Syrie" mais aussi, il y a plus longtemps, dans l'attaque qui a fait plus de 200 morts en 1983 parmi les Marines américains à Beyrouth. En 2017, Washington avait annoncé offrir des récompenses en échange d'informations utiles à la traque de deux dirigeants du Hezbollah, dont Fouad Chokr.

L'attaque de Majdal Shams fait craindre l'escalade

Le Hezbollah est accusé par Israël et les États-Unis d'être à l'origine du tir meurtrier sur la ville Majdal Shams située dans la partie du plateau syrien du Golan annexée par l'État israélien. Depuis cette frappe sur le Plateau du Golan, occupé par l'État hébreu, le Liban est en état d'alerte par crainte d'une attaque d'Israël.

Plus tôt dans la journée, un civil israélien a été tué par la chute d'une roquette dans le nord d'Israël, selon les secours, et l'armée a affirmé avoir riposté à un barrage de roquettes en tirant vers le Liban. Elle avait annoncé plus tôt avoir frappé "une dizaine de cibles terroristes du Hezbollah" dans "sept zones différentes" du sud du Liban, et tué un membre du mouvement armé.

En marge de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en réponse à l'attaque du Hamas en octobre dernier, les échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah se sont intensifiés, forçant des civils des deux côtés de la frontière à fuir et faisant craindre un embrasement du conflit.

Le gouvernement israélien a été autorisé par le cabinet de sécurité à répondre avec la manière et le calendrier qu'il souhaitait à la frappe menée contre le Plateau du Golan.

La communauté internationale multiplie les efforts pour empêcher une propagation du conflit. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit mardi "vivement préoccupé par la menace croissante d'un conflit généralisé dans toute la région".

L'Iran qualifie de "vicieuse" la frappe israélienne 

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une "agression flagrante". Dans un communiqué, il a dénoncé un "acte criminel" et appelé "la communauté internationale à assumer ses responsabilités et faire pression pour contraindre Israël à arrêter son agression et ses menaces et appliquer les résolutions internationales".

"L'action vicieuse et criminelle" n'empêchera "certainement pas (...) la fière résistance libanaise de continuer (...) à soutenir les Palestiniens opprimés et lutter contre l'agression du régime d'apartheid israélien", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué. Le Hezbollah est un allié du Hamas et échange quasi quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne à leur frontière commune en soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza. 

World Opinions - Avec AFP - Reuters 

Élections générales au Royaume-Uni : l’embarrassante question du Brexit

Le parti travailliste semble en passe de remporter une victoire éclatante contre les conservateurs au pouvoir lors des élections générales, organisées jeudi au Royaume-Uni. Mais contrairement au scrutin de 2019, un mot est quasiment absent de la campagne : Brexit. Pourquoi a-t-on si peu parlé de l'impact de la sortie du pays de l'UE, alors qu'il s'agit de l'un des principaux héritages du mandat de l’actuel gouvernement ?

Après avoir pris la tête du Parti travailliste il y a quatre ans, l’ancien avocat de 61 ans devrait être le nouveau locataire de Downing Street.

Au Royaume-Uni, les électeurs sont appelés aux urnes, jeudi 4 juillet, pour élire les 650 membres de la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement, pour une durée de cinq ans. Des élections générales historiques qui devraient marquer la fin des 14 ans de règne des conservateurs, largement devancés dans les sondages par les travaillistes (centre-gauche).

Axée sur l’économie, la campagne a donné lieu à un duel entre l’actuel Premier ministre Rishi Sunak et son principal opposant Keir Starmer sur l’inflation galopante, favorisée par la crise du Covid et la guerre en Ukraine, la hausse des inégalités ou bien encore l’état désastreux des services publics britanniques. Dans ce contexte difficile, un sujet pourtant essentiel a été largement laissé de côté : le Brexit. 

Huit ans après le référendum au terme duquel le Royaume-Uni a approuvé de justesse la sortie de l'Union européenne, et quatre ans et demi après son retrait effectif, la question embarrasse des deux côtés de l’échiquier politique, au point d’être devenue un sujet quasi-tabou.

"Pas vraiment de raisons de se vanter" 

Dans la soirée du 22 mai, quelques heures après la convocation par Rishi Sunak d’élections générales anticipées, Michael Heseltine, grand manitou des conservateurs pro-européens, avait violemment fustigé la campagne à venir. "Nous sommes confrontés à la campagne électorale la plus malhonnête des temps modernes. Parce que les deux grands partis n'ont qu'une obsession : empêcher le vrai débat sur le Brexit", déclarait alors l'ancien vice-Premier ministre, âgé de 91 ans, sur la chaîne Sky News. "On ne peut pas discuter de l'économie du pays, de sa défense, de l'immigration ou de l'environnement sans parler du Brexit. Nous nous sommes coupés de notre principal marché, de nos partenaires les plus importants. Et c'est la crise sous-jacente à laquelle notre pays est confronté."


Mardi, au dernier jour de la campagne, l’ancien Premier ministre Boris Johnson, principal artisan du Brexit, est apparu au côté du chef du gouvernement Rishi Sunak pour lui apporter son soutien. "Si vous voulez vraiment des impôts plus élevés [...], si vous voulez une immigration incontrôlée et si vous voulez des courbettes inutiles devant Bruxelles, votez pour le parti travailliste jeudi", a-t-il déclaré lors de cette intervention surprise, perçue comme une tentative désespérée de fédérer l’électorat conservateur. Celui qui a conduit il y a cinq ans son camp à une victoire écrasante était jusqu’à présent aux abonnés absents durant ces six semaines de campagne.

Pour Tim Bale, professeur de science politique à l'université Queen Mary de Londres et auteur de "The Conservative Party After Brexit : Turmoil and Transformation", le silence des conservateurs s'explique par les effets mêmes du Brexit. "Ils n'ont pas vraiment de quoi se vanter en termes de réalisations ou d'avantages, en particulier en ce qui concerne celui qui a été si fortement évoqué lors du référendum sur le Brexit, à savoir le contrôle de nos frontières", souligne-t-il.

"Le solde migratoire [la différence entre le nombre d’arrivées et de départ, NDLR] a augmenté plutôt que diminué. Des personnes venant de l'extérieur de l'Europe se sont simplement substituées à la migration intra-européenne."

Selon l'Office indépendant des statistiques nationales, le solde migratoire au Royaume-Uni a plus que doublé au cours des trois dernières années par rapport aux trois années précédant le référendum de 2016. Le nombre est passé de 836 000 à 1,9 million, réfutant les promesses des pro-Brexit de "reprendre le contrôle" des frontières britanniques.

Confronté à ces chiffres lors d'une interview sur Sky News le 12 juin, Rishi Sunak n’a pu cacher son embarras, répétant à plusieurs reprises que "les chiffres sont trop élevés". Lorsqu'on lui a fait remarquer qu'il avait été "le premier à défendre le Brexit", le chef du gouvernement a maladroitement ironisé : "L'étais-je ?", avant de reconnaître qu'il avait effectivement soutenu le Brexit. Six jours plus tard, le 18 juin, plus de 800 migrants ont traversé la Manche en une seule journée, un nouveau record pour 2024.

Même le parti populiste de droite Reform UK – anciennement connu sous le nom de parti du Brexit et dirigé par l'un des principaux meneurs du projet, Nigel Farage - a semblé éviter le sujet de la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE lors de la campagne électorale. Bien que le parti critique la manière dont les conservateurs gèrent le Brexit, "il est intéressant de constater que le sujet n'est pas très présent dans le discours de Reform UK à ses électeurs", observe Tim Bale. "Tout tourne, pour eux, autour de la migration et de la sortie de la Convention européenne des droits de l'homme."

Cette stratégie ne semble pas avoir nui au parti, puisque les réformistes devancent désormais de peu les conservateurs dans plusieurs sondages.

À gauche, la peur de perdre les électeurs du "Mur rouge"

Bien que les sondages prédisent qu'il remporteront une énorme majorité, les travaillistes se trouvent également dans une position délicate. Comme l'ensemble de son parti, Keir Starmer s'est opposé au Brexit et a fait campagne pour rester dans l'UE. Pourtant, il a exclu que le Royaume-Uni rejoigne le bloc, l'union douanière ou le marché unique, s'il devient Premier ministre.

Pour Tim Bale, cette position résulte de la crainte d'effrayer les électeurs des sièges du "Mur rouge", ces circonscriptions du centre et du nord de l'Angleterre, qui avaient voté pour le Brexit. Historiquement favorables au parti travailliste, elles avaient viré de bord en 2019, mais devraient cette fois soutenir le parti de gauche lors des élections générales.

"Les travaillistes craignent que le fait de mentionner le Brexit ne décourage ces personnes et ne les fasse basculer vers les conservateurs ou les réformistes", analyse-t-il.

L'Office for Budget Responsibility du Royaume-Uni, un organisme de surveillance indépendant, estime que, sur le long terme, le Brexit pourrait occasionner une baisse d'environ 4 % de la productivité économique, soit deux fois plus que la crise du Covid.

"Le consensus parmi les économistes est qu'il coûte cher à la Grande-Bretagne en termes de croissance", explique Tim Bale. "Étant donné que les plans du Labour pour améliorer les services publics et l'économie nécessitent une croissance soutenue, on aurait pu penser qu’envisager non pas nécessairement d'inverser le Brexit, mais au moins de réintégrer le marché unique ou l'union douanière, pourrait permettre d'atteindre cet objectif."

Pourtant, pour Keir Starmer, le retour au sein de l’UE n’est pas au programme. La réouverture du débat sur le Brexit entraînerait du "désordre" et de l’"incertitude", affirmait-il, le 22 juin, soulignant par ailleurs que les faibles taux de croissance économique du Royaume-Uni "ont commencé bien avant le Brexit".

Les petits partis pro-UE, l'exception à la règle

Les seuls partis qui ont ouvertement remis en cause le Brexit pendant la campagne sont les petits partis pro-européens, dont les chances de succès sont maigres. Les libéraux-démocrates de centre-gauche sont favorables à une réintégration dans le marché unique. Ils espèrent reprendre des dizaines de sièges aux conservateurs grâce à un vote tactique dans la partie du sud de l'Angleterre connue sous le nom de "Mur bleu".

Tim Bale fait remarquer que les analystes "pensaient qu'ils [les libéraux-démocrates] feraient eux-aussi profil bas sur cette question. Mais ils ont abordé la réintégration du marché unique, ce qui est assez radical."

De son côté, le parti des Verts, qui ne devrait obtenir qu'une poignée de sièges, soutient la réintégration dans l'union douanière. Les deux partis sont favorables à un retour dans l'UE à plus long terme.

Le Parti national écossais (SNP), pro-indépendance, soutient quant à lui la réintégration de l'Écosse dans l'UE en tant que pays indépendant. Une perspective qui paraît lointaine, Keir Starmer ayant exclu d'accorder à l'Écosse un second référendum sur l’autodétermination.

Vers un rééquilibrage des relations ?

Tout en refusant de revenir sur le résultat du référendum de 2016, le parti travailliste s'engage néanmoins à poursuivre une coopération plus étroite avec l'UE - notamment en matière de défense et de sécurité - et à réduire les frictions commerciales.

Interrogé à ce sujet lors d'une interview accordée à la station de radio LBC le 18 juin, Keir Starmer a déclaré que "l'accord que nous avons est un accord bâclé" et a promis d’en chercher "un meilleur" si les travaillistes arrivent au pouvoir.

Les conservateurs se sont emparés de ces commentaires, la ministre des Affaires sortante, Kemi Badenoch, affirmant que les travaillistes "nous ramèneraient à la case départ" et "copieraient ce que fait l'UE".

Lors d’une rare tentative de défendre la mise en œuvre du Brexit, elle a déclaré au Telegraph : "Il s'agit d'une période de 10 ou 20 ans. Nous venons juste de commencer. C'est comme si vous construisiez une maison et que quelqu'un venait vous dire qu'elle n'est pas encore terminée, que le projet a échoué. Ou que vous cuisinez quelque chose et, cinq minutes plus tard, vous vous rendez compte que ce n'est pas encore cuit, que ça ne marche pas, qu'il faut arrêter."

Pression de l’opinion

L’embarras des principaux partis sur le Brexit pendant la campagne apparaît en décalage avec l'opinion publique. Selon un sondage YouGov de juillet 2023, 57 % des personnes interrogées pensent que le Royaume-Uni a eu tort d’approuver le Brexit et 51 % voteraient pour un retour dans l'UE si un nouveau référendum était organisé. Une tendance qu’il faudra tôt ou tard prendre en compte, estime Tim Bale.

"Combien de temps les gouvernements pourront-ils ignorer le fait que tant de personnes dans ce pays, et donc tant d'électeurs, pensent que le Brexit était une mauvaise idée et sont ouverts à l'idée de réintégrer l'Union européenne ?", s'interroge-t-il.

"Nous parlons ici du premier mandat des travaillistes. Mais au cours du prochain, si la croissance reste faible et que l'électorat a toujours le sentiment très fort que le Brexit a été un désastre, le gouvernement britannique pourrait tenter de rejoindre le marché unique, l'union douanière et même peut-être l'UE."

Tim Bale estime que la proportion de personnes favorables à un retour dans l'UE est vouée à augmenter. "Un grand nombre des personnes plus âgées qui ont voté 'Leave' quitteront l'électorat, alors que des jeunes qui posent un regard beaucoup plus positif sur l'Europe le rejoindront", anticipe-t-il, prévoyant "une pression de plus en plus forte" sur tout futur gouvernement qui ne parviendrait pas à améliorer la situation économique.

Conscient des attentes, le parti travailliste a présenté son manifeste comme "un plan pour relancer la croissance". Reste à savoir s’il pourra le faire tout en étant en dehors de l'UE.

World Opinions + Agences

 

Manifestation au Kenya: le président retire son projet de taxe après des émeutes meurtrières


 Le président kényan William Ruto a annoncé mercredi 26 juin le retrait du projet de loi de finances contenant des hausses d'impôts controversées, après les manifestations meurtrières qui ont vu le parlement s'embraser mardi.

Dans un discours à la nation, il a déclaré qu'il était clair que les Kenyans "ne voulaient rien savoir" de ce projet de loi.

"Je concède", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il ne signerait pas le projet de loi.

Selon la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNHRC), financée par l'État, au moins 22 personnes ont été tuées lors des manifestations de mardi.

Quelles sont les propositions fiscales controversées du Kenya ?

Des manifestations concernant un projet de loi de finances impopulaire ont entraîné la mort de plusieurs personnes au Kenya, et une partie du bâtiment du parlement a été incendiée.

Les manifestants affirment que le projet de loi imposerait des hausses d'impôts inabordables aux citoyens ordinaires et aux entreprises, déjà accablés par le coût élevé de la vie.

La police a tiré à balles réelles sur les manifestants mardi, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés.

Le gouvernement a renoncé à certaines des propositions litigieuses, mais les manifestants veulent que l'ensemble du projet de loi soit abandonné.

Que proposait le projet de loi initial ?

. Taxes sur les produits de base

Le projet de loi proposait initialement d'introduire une taxe de vente de 16 % sur le pain et de 25 % sur l'huile de cuisine.

Il était également prévu d'augmenter la taxe sur les transactions financières et d'instaurer une nouvelle taxe annuelle sur la propriété des véhicules s'élevant à 2,5 % de la valeur du véhicule.

Face à l'opposition de l'opinion publique, le gouvernement a déclaré qu'il renonçait à ces mesures.

 L'écotaxe

Une taxe sur les produits qui contribuent aux déchets et nuisent à l'environnement était une autre disposition clé du projet de loi que le gouvernement a proposé d'amender.

Les critiques ont souligné que cette taxe entraînerait une augmentation du coût d'articles essentiels tels que les serviettes hygiéniques. Selon eux, de nombreuses jeunes filles qui n'ont déjà pas les moyens d'acheter ces produits, manquent souvent l'école pendant leurs règles.

Les cuches pour bébés seraient également concernées.

Le gouvernement a ensuite déclaré que la taxe ne s'appliquerait qu'aux produits importés.

L'écotaxe visait également les produits numériques, notamment les téléphones portables, les appareils photo et les équipements d'enregistrement. Or, de nombreux Kényans affirment qu'ils dépendent de ces produits, essentiels à l'économie numérique, pour gagner leur vie.

World Opinions - BBC News

Chine : Des centaines de noms de villages ouïghours ont été modifiés

Dans la région du Xinjiang, en Chine, les autorités ont systématiquement modifié des centaines de noms de villages ayant une signification religieuse, historique ou culturelle pour les habitants ouïghours, les remplaçant par des noms reflétant l’idéologie du Parti communiste chinois, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les recherches de Human Rights Watch ont permis d’identifier environ 630 villages dont les noms ont été ainsi modifiés ; les nouveaux noms de villages les plus courants sont « Bonheur », « Unité » et « Harmonie ».

« Les autorités chinoises ont changé des centaines de noms de villages du Xinjiang, remplaçant des noms riches de sens pour les Ouïghours par des noms qui reflètent la propagande du gouvernement », a déclaré Maya Wang, directrice par intérim pour la Chine à Human Rights Watch. « Ces changements semblent faire partie des efforts du gouvernement chinois visant à effacer toute forme d’expression de la culture ou religion des Ouïghours. »

Dans le cadre de recherches conjointes, Human Rights Watch et l’organisation Uyghur Hjelp (« Aide aux Ouïghours »), basée en Norvège, ont examiné les noms de villages du Xinjiang répertoriés sur le site web du Bureau national des statistiques de Chine entre 2009 et 2023.

Durant cette période, les noms d'environ 3 600 villages – parmi près de 25 000 villages au Xinjiang – ont été modifiés. Dans environ quatre cas sur cinq, ces changements semblent banals, comme des changements de numéro ou des corrections de noms précédemment écrits de manière incorrecte. Mais dans le cas de 630 villages, soit presque un cinquième du nombre total de changements, il s’agit de modifications de noms selon des critères religieux, culturels ou historiques.

Les changements se répartissent en trois grandes catégories. Premièrement, tous les termes à connotation religieuse ont été supprimés. Il s’agit notamment de termes islamiques comme « Hoja » (霍加 - enseignant religieux soufi) ou « haniqa » (哈尼喀 - édifice religieux soufi), ou de termes liés au chamanisme, comme « baxshi » (巴合希) - chaman).

Deuxièmement, toutes les mentions de l’histoire ouïghoure, y compris les noms de ses royaumes, républiques et dirigeants locaux avant la fondation de la République populaire de Chine en 1949, ont été remplacées. Des mots comme « orda » (欧尔达 – palais), ainsi que les titres honorifiques ou politiques comme « sultan » (苏里坦) ou « beg » (博克), ont aussi été supprimés.

Enfin, dans le cas de nombreux villages, les autorités du Xinjiang ont retiré les mots qui dénotaient des pratiques culturelles ouïghoures, tels que « mazer » (麻扎 - sanctuaire) ou « dutar » (都塔尔 - luth à deux cordes au cœur de la culture musicale ouïghoure).

La pratique de changer les noms de villages semble se poursuivre actuellement ; mais la plupart de ces changements ont eu lieu entre 2017 et 2019, lorsque les crimes contre l’humanité du gouvernement chinois se sont intensifiés dans la région, notamment dans les préfectures de Kashgar, Aksu et Hotan (à majorité ouïghoure) dans le sud du Xinjiang.

En raison du manque d’accès au Xinjiang, l’impact global de ces changements de noms sur la vie des habitants n’a pas pu être évalué de manière précise. Cependant l’organisation Uyghur Hjelp a pu mener des entretiens avec 11 Ouïghours qui vivaient dans des villages dont le nom avait été changé, et a constaté que cette expérience avait eu un profond impact sur eux. Une villageoise a eu du mal à rentrer chez elle après avoir été libérée d’un camp de rééducation, car le système de billetterie pour les transports publics n’incluait plus le nom qu’elle connaissait. Elle a ensuite eu des difficultés à s’inscrire aux services gouvernementaux, en raison du changement de nom. Un autre villageois a écrit un poème et soutenu l’enregistrement d’une chanson commémorant les anciens noms de lieux dans la localité où il avait vécu.

L’article 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que la Chine a signé mais pas ratifié, stipule ceci : « Dans les États où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d'avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d'employer leur propre langue. »

En 1994, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a publié son Observation générale 23, portant sur l’article 27 du PIDCP concernant les droits des minorités. Le Comité a souligné ceci : « La protection de ces droits vise à assurer la survie et le développement permanent de l'identité culturelle, religieuse et sociale des minorités concernées, contribuant ainsi à enrichir l'édifice social dans son ensemble. […] Ces droits doivent être protégés en tant que tels […]. »

En mai 2014, le gouvernement chinois a lancé sa campagne « Frapper fort contre le terrorisme violent » dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Depuis 2017, le gouvernement chinois exerce une répression généralisée et systématique contre les Ouïghours et les autres musulmans turciques du Xinjiang. Cette répression est caractérisée par des détentions arbitraires massives, des tortures, des disparitions forcées, une surveillance de masse, des persécutions culturelles et religieuses, la séparation des familles, le travail forcé, la violence sexuelle et les violations des droits reproductifs. En 2021, Human Rights Watch a conclu que ces violations constituaient des crimes contre l’humanité.

Le gouvernement chinois continue de traiter les pratiques religieuses et culturelles quotidiennes des Ouïghours et leurs expressions identitaires comme s’il s’agissait de formes d’extrémisme violent, pour justifier les violations à leur encontre. En avril 2017, le gouvernement chinois a promulgué son Règlement sur la dé-extrémisation dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang ; ce texte interdit « la propagation de la ferveur religieuse avec des noms anormaux ». Les autorités ont alors interdit des dizaines de noms personnels à connotation religieuse communs aux musulmans du monde entier, tels que Saddam et Medina, au motif qu’ils pourraient « amplifier la ferveur religieuse ».

En août 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié un rapport concluant que les abus commis par le gouvernement chinois au Xinjiang « pourraient constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité ». Des gouvernements étrangers ont condamné les politiques de Pékin au Xinjiang, et certains ont imposé des sanctions ciblées à des responsables, agences et entreprises du gouvernement chinois impliqués dans des violations des droits ; mais ces réponses n’ont pas été à la hauteur de la gravité des abus commis par Pékin, selon Human Rights Watch.

« Les gouvernements préoccupés et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme devraient intensifier leurs efforts pour demander des comptes au gouvernement chinois, pour ses abus au Xinjiang », a déclaré Abduweli Ayub, fondateur d’Uyghur Hjelp. « Ils devraient profiter des prochaines sessions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et des réunions bilatérales de haut niveau pour faire pression sur le gouvernement chinois, afin qu’il libère les centaines de milliers d’Ouïghours toujours emprisonnés à tort dans le cadre de sa campagne abusive “Frapper fort”. »

Suite en anglais, avec des informations plus détaillées sur les changements de noms de villages au Xinjiang.

World Opinions - Human Rights Watch

 

Climat. Le secrétaire général de l’ONU veut interdire les pubs pour les entreprises du secteur des énergies fossiles

 

Mercredi 5 juin, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, António Guterres s’est exprimé au sujet de la gravité de la crise climatique et, dans ce cadre, il a fait une proposition singulière : interdire les publicités pour les compagnies du secteur des énergies fossiles.

Lors de son discours au Muséum d’histoire naturelle de New York, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, António Guterres a enchaîné les déclarations musclées. En effet, comme le rapporte The Guardian, le secrétaire général des Nations unies a notamment comparé la crise climatique au météore qui a anéanti les dinosaures, se fendant de la déclaration suivante : “Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures, nous sommes le météore. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger.”

Par ailleurs, Guterres a affirmé : “Nous sommes en train de joueur à la roulette russe avec notre planète”, relaie le média britannique. Ajoutant que l’humanité devait “prendre la bretelle de sortie de l’autoroute qui va vers l’enfer”.

Si le secrétaire général s’est montré plus virulent qu’à l’accoutumée sur la question climatique, c’est que le service pour le changement climatique de la Commission européenne a annoncé récemment que le mois de mai 2024 serait le plus chaud mois de mai jamais enregistré. Voilà qui ne constitue pas un record isolé, puisque “c’est le douzième mois consécutif à se distinguer de la sorte”, souligne Le Temps.

Plus globalement, assène le quotidien suisse, “la poursuite du réchauffement a été confirmée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dans un nouveau rapport, rendu public le 5 juin. Ce dernier indique qu’il y a 80 % de risques pour que les températures globales dépassent 1,5 °C de réchauffement sur un an, pendant au moins une des cinq années à venir. La probabilité de s’approcher de ce seuil n’a fait que progresser ces dernières années, au point de devenir aujourd’hui très probable.”

“Les parrains du chaos climatique”

Avec de tels chiffres sur la table, Guterres a logiquement voulu tirer la sonnette d’alarme, ce qu’il a fait en attaquant frontalement les compagnies du secteur des énergies fossiles, qu’il a appelées “les parrains du chaos climatique”. Ne se limitant pas à cette invective, le secrétaire général a également fait une proposition concrète, indique encore le Guardian : “De nombreux gouvernements limitent ou interdisent la publicité pour les produits qui nuisent à la santé humaine, comme le tabac, a-t-il déclaré. Je demande donc à tous les pays d’interdire la publicité pour les entreprises produisant des combustibles fossiles. Et j’exhorte les médias et les entreprises technologiques à cesser d’accepter la publicité pour les combustibles fossiles.”

Au vu des intérêts économiques en jeu, cette proposition a de fortes chances de rester lettre morte.

World Opinions - Courrier international - ONU

La Cour internationale de justice ordonne à Israël de stopper "immédiatement" son offensive militaire à Rafah.. Vidéo

 

La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné vendredi à Israël de cesser son offensive militaire sur la ville de Rafah, dans la bande de Gaza. La plus haute juridiction de l'ONU a aussi appelé à la libération immédiate des personnes prises en otage par le Hamas.

Israël doit "arrêter immédiatement son offensive militaire et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d'infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d'existence capables d'entraîner sa destruction physique ou partielle", a déclaré la Cour internationale de justice, qui siège à La Haye.

Dans son arrêt, la CIJ dit n'être "pas convaincue" que les mesures d'évacuation d'Israël soient suffisantes pour protéger les civils palestiniens. "Israël doit immédiatement mettre fin à son offensive militaire" à Rafah, a aussi commenté le président de la CIJ, Nawaf Salam. La cour a également déclaré qu'Israël doit maintenir le passage de Rafah ouvert pour une aide "sans restriction".

Même si les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes, celle-ci manque de mécanismes pour leur mise en oeuvre. Le secrétaire général de l'ONU a toutefois dit s'attendre à ce que les parties y obtempèrent "dûment". Cette annonce est ainsi susceptible d'accroître la pression internationale sur Israël, plus de sept mois après le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre.

Appel à libérer les otages

La plus haute juridiction de l'ONU a également appelé à la libération immédiate des personnes prises en otage par le Hamas lors de son attaque du 7 octobre contre Israël.

La CIJ "estime qu'il est profondément inquiétant que nombre de ces otages demeurent en captivité et réitère son appel en faveur de leur libération immédiate et inconditionnelle", a-t-elle déclaré lors d'une audience.

Netanyahu convoque ses ministres

A la suite de la décision à La Haye, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a convoqué plusieurs membres de son gouvernement pour "consultation". Dans un communiqué commun, le ministère des Affaires étrangères et du Conseil de la sécurité nationale ont estimé que l'offensive à Rafah ne posait aucun risque existentiel pour la "population civile palestinienne".

"Israël n'a pas mené et ne mènera pas d'opérations militaires dans la zone de Rafah qui créent des conditions de vie susceptibles de conduire à la destruction de la population civile palestinienne, en tout ou en partie", assure le texte.

Le Hamas salue

De son côté, le Hamas a salué a décision de la CIJ, en ajoutant toutefois qu'il s'attendait à ce que la plus haute juridiction de l'ONU "prenne une décision pour mettre fin à l'agression et au génocide contre notre peuple dans toute la bande de Gaza, et pas seulement à Rafah", dans le sud du territoire palestinien.

"Ce qui se passe à Jabalia et dans d'autres zones du secteur n'est pas moins criminel et dangereux que ce qui se passe à Rafah", a affirmé le mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007.

A l'origine de la procédure devant la cour de justice, l'Afrique du Sud a elle aussi rapidement réagi, saluant la "décision plus ferme" de la CIJ vis-à-vis d'Israël. "Il s'agit d'un ensemble de mesures provisoires beaucoup plus fermes dans leur formulation et d'un appel très clair à l'arrêt des hostilités", a déclaré la ministre des Affaires étrangères sud-africaine Naledi Pandor.

World Opinions - Agences

Géorgie : le Parlement adopte en dernière lecture la loi controversée sur "l'influence étrangère"

Les députés géorgiens ont adopté mardi, lors d'un examen en troisième et dernière lecture, la loi controversée sur l'"influence étrangère", malgré des manifestations d'ampleur dans le pays contre ce texte.

En Géorgie, le Parlement a adopté en dernière lecture, mardi 14 mai, la loi controversée sur l'"influence étrangère", malgré des manifestations d'ampleur contre ce texte qui, selon ses détracteurs, détourne de l'Europe ce pays du Caucase pour l'entraîner vers la Russie de Vladimir Poutine.

Les députés l'ont voté à 84 voix "pour" et à 30 voix "contre", selon des images retransmises à la télévision publique.

Signe de la tension ambiante, des élus de la majorité et de l'opposition se sont brièvement affrontés à coups de poing lors des débats. Des bagarres similaires s'étaient déjà produites ces dernières semaines.

Devant le Parlement, des centaines de manifestants, principalement des jeunes, sont toujours réunis en milieu d'après-midi, encadrés par une importante présence policière, selon une correspondante de l'AFP sur place.

"Nous manifesterons jusqu'à ce que ce gouvernement russe quitte notre pays !", a juré Salomé, une manifestante de 20 ans, juste après le vote.

Ses détracteurs ont surnommé le texte la "loi russe" en raison de sa similitude avec une législation adoptée en Russie pour réprimer l'opposition. La référence est particulièrement sensible en Géorgie, pays qui balance entre les sphères d'influence russe et européenne et a été envahi par Moscou lors d'une intervention militaire en 2008.

Alors que les forces de l'ordre ont, lors de certains rassemblements, utilisé des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène, l'adoption du projet de loi pourrait entraîner de nouveaux heurts.

"Obstacle" vers l'UE

En 2023, les manifestations massives avaient forcé le parti du "Rêve géorgien" au pouvoir à abandonner une première mouture de ce texte. Mais, cette fois, malgré plus d'un mois de protestations, les députés de la majorité sont passés outre.

La loi doit imposer à toute ONG ou média recevant plus de 20 % de son financement de l'étranger de s'enregistrer en tant qu'"organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère".

Le gouvernement assure que sa loi vise simplement à obliger les organisations à faire preuve de davantage de "transparence" sur leurs financements. Ses détracteurs y voient la preuve d'un nouveau tour de vis, à même de condamner l'ambition de rejoindre un jour l'UE.

La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, une pro-européenne et ancienne diplomate française en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait mettre son veto au texte voté, mais le "Rêve géorgien" assure avoir assez de voix pour passer outre.

En dépit des tensions, le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé avait promis que le Parlement voterait la loi mardi, faisant fi des appels de la rue et des critiques formulées par les États-Unis et l'Union européenne.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui salué "la ferme volonté des dirigeants géorgiens de protéger leur pays contre toute ingérence flagrante dans ses affaires".

"Renier" le progrès

"Ces gens ne nous écoutent pas", s’agaçait dans la foule Mariam Javakhichvili, manifestante de 34 ans venue avec son jeune fils.

"Ils essaient de renier les dernières 30 années" de progrès, soit le chemin parcouru depuis la chute de l'URSS, a-t-elle dit. "Je ne veux pas laisser faire cela, pour mon fils."

"On avait 5 ans quand la guerre avec la Russie s'est produite, on en garde de mauvais souvenir d'enfance", raconte Marta Doborianidzé, une autre manifestante âgée de 20 ans.

La controverse autour de ce texte met aussi en lumière l'influence de Bidzina Ivanichvili, homme d'affaires richissime perçu comme le dirigeant de l'ombre de la Géorgie.

Premier ministre de 2012 à 2013 et aujourd'hui président honoraire du "Rêve géorgien", il est soupçonné de proximité avec la Russie, pays où il a fait fortune.

Même s'il assure vouloir faire entrer la Géorgie dans l'UE, il a récemment fait des déclarations hostiles à l'Occident et voit les ONG comme un ennemi de l'intérieur.

Le moment est particulièrement sensible en Géorgie, où se tiendront en octobre des élections législatives vues comme un important test pour les responsables actuels.

Pour certains manifestants, le but ultime est de déloger du pouvoir le "Rêve géorgien", en place depuis 2012.

World Opinions - AFP

 

Giorgia Meloni délocalise les européennes en Tunisie pour reparler d’immigration

Pour sa quatrième visite, la dirigeante a voulu convaincre Tunis d’être le gardien officiel de ses frontières migratoires. Pas gagné.

Le 17 avril, la présidente du Conseil italien se rendra en Tunisie pour mettre la dernière main à son projet de coopération migratoire. L’enjeu est d’importance, à la veille des élections européennes à l’issue desquelles elle espère que l’extrême droite sortira renforcée.

Elle n’est plus venue à Tunis depuis juillet 2023 et la signature du Mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global entre l’Union européenne et la Tunisie, dont elle a été l’architecte. Mais Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, n’a pas perdu de vue la Tunisie, qui a été son premier terrain pour expérimenter tout un arsenal de mesures anti-immigration de son cru, allant du fameux accord avec l’UE au programme Mattei, pour finir par le plan Caivano. Avec un unique objectif : mettre le holà à l’immigration clandestine.

Meloni, soutien d’Ursula von der Leyen ?

Après avoir reçu, le 10 avril au Palazzo Chigi, Charles Michel, le président du Conseil européen, au lendemain de l’adoption du Pacte sur la migration et l’asile, la championne de l’externalisation du traitement de l’immigration mènera au pas de charge des rencontres de haut niveau durant quelques heures à l’occasion de sa visite à Tunis, le 17. Elle gagnera ensuite Bruxelles pour participer à la dernière réunion du Conseil européen avant les élections européennes de juin.

L’enjeu, pour Meloni, est de s’assurer de la pleine coopération de la Tunisie afin de ne pas avoir de mauvaises surprises au cours d’une campagne électorale délicate. Elle espère qu’à son issue les partis européens de droite sortiront victorieux tout comme la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qu’elle semble soutenir même si elle songe visiblement aussi à propulser à la tête de l’UE l’économiste Mario Draghi, son prédécesseur à la présidence du Conseil italien.

Selon des observateurs de la diplomatie romaine, Meloni devrait accentuer la pression sur la Tunisie pour que celle-ci accepte de manière inconditionnelle de servir de frontière avancée à l’Europe en procédant, sur son territoire, à toutes les formalités de contrôle des migrants en situation irrégulière, et même en leur appliquant des mesures de rétention.

Kaïs Saïed dans l’embarras

Tunis s’est montré jusqu’à présent réticent à accueillir des migrants non tunisiens en situation irrégulière et expulsés de l’UE. Le 20 juin 2023, Kaïs Saïed, le président tunisien, avait déclaré à Gérald Darmanin et à Nancy Faeser, les ministres français et allemand de l’Intérieur, que « son pays n’avait pas vocation à être le garde-frontière de l’Europe ni une terre de réinstallation pour les migrants rejetés ailleurs ».

Kaïs Saïed avait ainsi rassuré ses compatriotes, hostiles à ce que la Tunisie soit le théâtre de situations dont les migrants tunisiens eux-mêmes peuvent souffrir. Il avait aussi évité de se trouver en contradiction trop flagrante avec ses nombreuses déclarations sur le respect de la souveraineté de son pays.

L’absence de réaction de Giorgia Meloni a pu étonner. Il ne s’agissait pourtant pas d’un renoncement. La dirigeante italienne a juste donné du temps au temps et est revenue à la charge en obtenant l’appui de Kamel Feki, le ministre tunisien de l’Intérieur, qui a souvent rencontré son homologue italien, Matteo Piantedosi, à Rome et à Tunis.

Désormais, il est non seulement question de fournir des formations et des équipements pour assurer l’étanchéité des côtes, mais d’ériger, comme le précise Romdhane Ben Amor, du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), « un centre de rétention à Bir Fatnassi, à Tataouine (Sud) ». « Le projet et les fonds existent, ajoute le défenseur des droits de l’homme. Tout dépend de la partie tunisienne. »

Un pas de plus, alors que Tunis a déjà été impliqué dans le « soutien aux opérations Recherche et sauvetage (SAR) », qui consistent le plus souvent à empêcher les départs, et à contraindre, fût-ce par la force, les embarcations à rebrousser chemin. La Tunisie devient ainsi la nouvelle Lampedusa.

Flux migratoires : recul en mars, reprise en avril

Pour atténuer une situation pour le moins inconfortable pour Kaïs Saïed, Giorgia Meloni a fait diffuser des chiffres et des commentaires sur l’immigration avant sa venue. Ces données confirment la reprise des flux migratoires depuis le début d’avril, après un recul apparent en mars. En réalité, ce reflux était davantage dû aux mauvaises conditions météorologiques qu’aux mesures prises par la Tunisie pour lutter contre le phénomène migratoire (ces dernières ont d’ailleurs pour effet de réactiver les départs depuis la Libye).

Selon le FTDES, au cours du premier trimestre de 2024, pas moins de 8 517 immigrés en situation irrégulière auraient été bloqués avant qu’ils ne traversent la Méditerranée, et 1 371 autres auraient atteint les rives italiennes en mars.

Les autorité italiennes s’alarment surtout des 8 000 arrivées qu’elles ont recensées au cours de la première semaine d’avril et qui seraient, dans leur majorité, en provenance de Tunisie. Du côté tunisien, on avance le chiffre de 15 084 migrants en situation irrégulière (dont 1 599 clandestins tunisiens) entre le 1er janvier et le 8 avril 2024. Suffisamment, en tout cas, pour irriter Rome.

Giorgia Meloni persiste à vouloir répliquer le dispositif mis en place avec la Tunisie à d’autres pays. Elle communique donc abondamment sur les fonds que l’Italie, et surtout l’UE, ont versés pour lutter contre les flux migratoires : près de 60 millions d’euros, essentiellement destinés à des actions de formation et à la livraison de gros ou de petits équipements. Le Mémorandum mentionne aussi la somme de 900 millions d’euros, mais son versement est conditionné à un accord du FMI, dont chacun sait que la Tunisie ne remplit pas les conditions pour l’obtenir. Une grossière façon d’appâter un pays en proie à de graves difficultés économiques.

Le double jeu africain de Giorgia Meloni

Dernier point : à l’occasion de son déplacement à Tunis, la présidente du Conseil italien devrait être accompagnée d’Anna Maria Bernini, sa ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le but est-il de mettre en place les aides à la formation promises lors du sommet de Rome, en janvier dernier ? Sans doute est-ce un moyen de faire pendant à la présence de Matteo Piantedosi, son ministre de l’Intérieur, qui sera probablement porteur de propositions moins bienveillantes pour remédier à la porosité des frontières maritimes et au manque de savoir-faire supposé des Tunisiens.

World Opinions - Agences