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Affichage des articles dont le libellé est Droits Humains. Afficher tous les articles
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France. Au procès Samuel Paty, les proches du professeur assassiné s'expriment.. Vidéo

Dans une salle d'audience pleine à craquer, Bernadette Paty, la mère du professeur d'histoire assassiné par un jeune islamiste radical, a dressé vendredi un portrait émouvant et digne de son fils, sans trembler face aux huit accusés impliqués dans son assassinat.

Toute menue dans l'impressionnante salle des "grands procès" du Palais de justice de Paris, Bernadette Paty, en gilet blanc torsadé, écharpe rose autour du cou, a été la première de la famille à s'exprimer.

Sur le banc réservé à la famille il y a un enfant, Gabriel, 9 ans et demi, le fils de Samuel Paty, accompagné de sa mère Jeanne A., l'ex-compagne du professeur. Les deux soeurs de Samuel Paty, Mickaëlle et Gaëlle, soutenues par leurs proches, sont également présentes comme tous les jours depuis l'ouverture du procès le 4 novembre. Le père de Samuel Paty, Jean aurait dû intervenir si "une mauvaise chute" ne l'avait pas empêché de rejoindre la cour.

Bernadette Paty, 77 ans, ancienne enseignante aux cheveux courts et fines lunettes, évoque un Samuel Paty passionné par l'Histoire depuis sa petite enfance. "C'était un élève sérieux, intelligent. Respectueux. Mon époux l'a eu en classe en CM1 et CM2 et il l'appelait maître", se souvient Bernadette Paty.

"Un intellectuel, pas un croyant"

"Samuel était un intellectuel. Ce n'était pas un croyant, mon époux et moi ne sommes pas croyants, mais il était très respectueux de toutes les religions", insiste-t-elle.

Dans le box, les accusés suivent la déposition de la mère de Samuel Paty avec attention, sans détourner le regard ni baisser la tête.

 Perdre notre fils car il a montré des dessins nous révulse. Notre vie depuis ce jour-là est devenue un grand vide

Bernadette Paty, maman de Samuel Paty

"Je savais que Samuel allait montrer ces caricatures de Charlie Hebdo pendant un cours sur la liberté d'expression. Il était en vacances chez nous en août (2020) quand il a préparé son cours", poursuit Bernadette Paty. Ce détail, "complètement oublié", dit-elle avec un sourire triste, ne lui est revenu qu'au moment du drame.

"Perdre un enfant dans de telles conditions est insupportable et inacceptable. Perdre notre fils car il a montré des dessins nous révulse. Notre vie depuis ce jour-là est devenue un grand vide", souligne Bernadette Paty.

"Ce qui lui est arrivé est tellement barbare et injuste qu'on ne pourra jamais faire notre deuil. J'attends de ce procès que la responsabilité de chaque accusé soit reconnue et que les peines soient à la hauteur", insiste-t-elle, toujours sans trembler.

"Moi, je suis contente d'être en retraite car aujourd'hui, les enseignants sont contestés. Je ne comprends pas", déplore-t-elle encore, en réponse à une question de la cour. "Aujourd'hui, on conteste, on menace et on agresse."

Enseignants d'Arras présents

Des enseignants de la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras où, trois ans après Samuel Paty, le professeur Dominique Bernard a été assassiné par un jeune islamiste radical Russe d'origine ingouche, sont présents dans la salle d'audience.

"La blessure qu'on a reçue (le jour de la mort de Samuel Paty) est bien réelle. C'est une vision qui a modifié pour toujours notre vision de la vie", explique Jeanne A., enseignante comme son ex-compagnon.

Samuel a été assassiné par un islamiste radicalisé en mal de djihad. C'est l'islamisme qui est en cause et non des caricature

Mickaëlle Paty, soeur de Samuel Paty

"L'injustice qui est arrivée à Samuel nous oblige à avancer sur un fil", ajoute-t-elle avant de réclamer "vérité et justice".

"Samuel n'a pas été assassiné pour avoir montré des caricatures et avoir commis un blasphème qui n'a d'ailleurs aucune valeur juridique. Samuel a été assassiné par un islamiste radicalisé en mal de djihad. C'est l'islamisme qui est en cause et non des caricatures", soutient d'une voix ferme Mickaëlle Paty. "Vous avez livré mon frère en pâture", lance-t-elle aux accusés.

Gaëlle Paty aussi choisit de s'adresser directement à eux.

"Jamais je n'accepterai la moindre excuse de personnes qui ne reconnaissent pas leur responsabilité (...) Je demande du respect et de la décence dans ce procès. J'aimerais dire aux accusés que sans vous, Samuel serait là aujourd'hui, il serait vivant. Chacun à votre niveau aurait pu arrêter cet engrenage funeste et sauver la vie d'un père, d'un frère, d'un professeur", assène-t-elle.

"Quand j'entends que la quasi totalité des accusés contestent les faits qui leur sont reprochés - un seul a reconnu sa responsabilité, ndlr -, je suis en colère", s'est indignée Gaëlle Paty. "C'est indécent."

Le procès est prévu jusqu'au 20 décembre.

World Opinions + Agences

Deux autres Casques bleus blessés dans le sud du Liban.. Vidéo

 

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a annoncé vendredi que deux Casques bleus sri-lankais avaient été blessés près de la frontière avec Israël. Des tirs israéliens avaient blessé la veille deux soldats indonésiens sur le quartier général de la mission de maintien de la paix, provoquant un tollé international.

 Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a appelé vendredi l'ONU à adopter une résolution pour un "cessez-le-feu immédiat" dans les combats entre Israël et le Hezbollah.

Les Libanais de Suisse dénoncent une position trop passive du gouvernement face à l’escalade militaire au Liban. Dans une lettre envoyée jeudi à Berne, les signataires exigent plusieurs mesures, notamment débloquer des fonds pour ce pays.

 Au moins 22 personnes ont été tuées dans des frappes israéliennes sur des quartiers densément peuplés de Beyrouth jeudi soir.La région de Tel-Aviv sur le qui-vive après une intrusion aérienne

Deux drones partis du Liban ont déclenché des sirènes d'alerte dans plusieurs villes au nord de Tel-Aviv, notamment à Herzliya, où un bâtiment a été endommagé, selon les autorités israéliennes, qui n'ont fait état d'aucune victime.

L'armée de l'air "est parvenue à intercepter l'un des deux aéronefs", et à ce stade, "des dégâts ont été causé à un immeuble à Herzliya", ajoute l'armée.

Alors qu'Israël marque la fête de Yom Kippour depuis le coucher du soleil, les sirènes ont retenti à Herzliya peu avant 21h55 (heure locale) et dans plusieurs villes voisines, selon la défense passive, qui a déclaré l'incident terminé une vingtaine de minutes plus tard.

World Opinions + Agences

Liban: Le pape juge "inacceptable" l'escalade.. Difficile travail des ONG depuis les bombardements israéliens.. Vidéos

  

Le pape François a dénoncé ce mercredi 25 septembre la "terrible escalade" au Liban, la qualifiant d'"inacceptable" et demandant à la communauté internationale de faire son possible pour y mettre un terme.


"Je suis attristé par les nouvelles provenant du Liban où d'intenses bombardements ont provoqué ces derniers jours de nombreuses victimes et destructions", a déclaré le pape à l'issue de l'audience générale.
"Je souhaite que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre un terme à cette terrible escalade. C'est inacceptable", a-t-il poursuivi.

Depuis le début de la campagne de bombardement de l'armée israélienne lundi, 90 000 personnes ont du quitter leur logement, selon l'ONU. Autant de personnes que les ONG sur place tentent de prendre en charge..

Le nombre de déplacés augmente fortement au Liban, après le lancement de la campagne de bombardement de l’armée israélienne. D’après l'ONU, 90 000 personnes ont dû quitter leur logement depuis lundi 23 septembre. Cela s’ajoute au nombre de déplacés depuis le 7 octobre. Les ONG intensifient leurs actions, mais c’est parfois délicat et elles ont besoin de soutien financier pour dimensionner leur aide. 

Dans la ville de Saïda, à 60 kilomètres de la frontière avec Israël, les réfugiés vivent sur les ronds-points ou sur la plage. Il n'y a pas assez de matelas pour tout le monde et les bombardements restent proches, explique Kevin Charbel. Il est chef de mission pour Première urgence internationale. Il a pris la route de Saïda mercredi 25 septembre au matin.

"À mi-chemin, je passe un grand entrepôt qui s'est fait bombarder à une heure du matin. Et en rentrant, à Saïda, il y a clairement une tension assez intense. On entend les bombardements tout le temps."

"Toutes les quinze, vingt minutes, on entend des bombardements."

Kevin Charbel, de Première urgence internationale

Pour l'instant, les autorités ont ouvert 300 écoles et gymnases pour les déplacés. Souvent, ce sont les plus démunis qui s'y retrouvent. "Beaucoup ont dormi une ou deux nuits en voiture, on voit un niveau de besoins massifs", dépeint Daniele Regazzi, directeur pays pour Solidarités International au Liban.

Mobiliser "le plus de moyens possibles"

Plusieurs ONG ont aussi lancé des collectes d'urgence pour tenter de faire face, explique Cyril Bassil, porte-parole à Beyrouth pour Care. "On est vraiment en train de mobiliser le plus de moyens possibles pour aider le plus de personnes. Parce que ce sont des gens qui sont en train de tout abandonner en l'espace de quelques secondes."

De son côté, Action contre la faim craint que cette campagne militaire d'Israël ne renforce encore l'insécurité alimentaire au Liban provoquée par la crise économique. 


World Opinions + Agences

Myanmar : Deux forces armées ciblent les ethnies Rohingya et Rakhine

 Les forces de la junte du Myanmar ainsi que celles de l’Armée d’Arakan, un groupe armé de l’opposition, ont commis des exécutions extrajudiciaires de membres des ethnies Rohingya et Rakhine, et d’autres civils dans l’État de Rakhine, dans l’ouest du pays, au cours des derniers mois, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui ; ces forces ont aussi perpétré de nombreux incendies criminels. En outre, le recrutement illégal d’hommes et de garçons rohingyas par l’armée a attisé les tensions entre la communauté musulmane Rohingya et la communauté bouddhiste Rakhine.

En avril et mai 2024, l’armée de la junte, soutenue par certains groupes armés rohingyas alliés, ainsi que l’Armée d’Arakan qui avançait, ont commis des atrocités contre des civils. Le 17 mai, alors que l’Armée d’Arakan prenait le contrôle de bases militaires de la junte dans la commune de Buthidaung, ses forces ont bombardé, pillé et incendié des quartiers rohingyas de Buthidaung et de villages voisins, provoquant la fuite de milliers de Rohingyas. Les affrontements se sont depuis déplacés vers l’ouest, à Maungdaw, où les combats se sont récemment intensifiés ; des meurtres de Rohingyas et divers abus, y compris à l’encontre d’enfants, de femmes et de personnes âgées ont été signalés. Toutes les parties au conflit devraient mettre fin aux attaques illégales, cesser de recourir aux discours de haine et permettre un accès humanitaire sans entrave aux personnes dans le besoin.

« Les civils des ethnies Rohingya et Rakhine sont les principales victimes des atrocités commises par l’armée du Myanmar et par l’Armée d’Arakan, un groupe armé de l’opposition », a déclaré Elaine Pearson, directrice de la division Asie à Human Rights Watch. « Les deux camps ont recours à des discours de haine, des attaques contre des civils et des incendies criminels massifs pour chasser les gens de leurs maisons et de leurs villages, faisant planer le spectre d’un nettoyage ethnique. »

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 33 membres des ethnies Rohingya et Rakhine ayant survécu à des exactions ou été témoins d’abus, et a analysé des images satellite, des documents en accès libre, des vidéos et des photos privées, ainsi que des dossiers médicaux.

Depuis fin 2018, l’Armée d’Arakan, un groupe armé ethnique rakhine, est engagée dans un violent conflit l’opposant à l’armée du Myanmar pour saisir le contrôle de l’État de Rahkine. À la mi-novembre 2023, les hostilités entre les deux forces se sont intensifiées, mettant fin à un cessez-le-feu officieux conclu un an auparavant. Alors que l’Armée d’Arakan a rapidement étendu son contrôle sur l’État de Rakhine, l’armée de la junte a répondu par des attaques indiscriminées utilisant des hélicoptères de combat, des tirs d’artillerie et des assauts terrestres. De novembre 2023 à juillet 2024, les forces de la junte ont mené plus de 1 100 frappes aériennes dans tout le pays, dont plus d’un cinquième dans l’État de Rakhine, selon l’Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED).

En avril 2024, les combats se sont intensifiés dans les cantons à prédominance musulmane de Buthidaung et Maungdaw, où vivaient environ 240 000 Rohingyas. Selon des analyses d'images satellite, des témoignages et des rapports des médias locaux, les forces de la junte et des groupes armés rohingyas alliés ont mené des attaques incendiaires contre des villages ethniques rakhines à la périphérie de la ville de Buthidaung et dans les zones rakhines de la ville à la mi-avril.

Fin avril, l’Armée d’Arakan a riposté en incendiant des villages rohingyas à l’est de la ville de Buthidaung. Des images satellite et des données sur les anomalies thermiques analysées par Human Rights Watch révèlent que plus de 40 villages et hameaux de la commune de Buthidaung ont été partiellement ou totalement détruits par des incendies entre le 24 avril et le 21 mai. Les incendies ont détruit des milliers de structures dans toute la commune, y compris dans les quartiers à prédominance rohingya du centre-ville. Selon Human Rights Watch, le schéma de destruction causé par les incendies dans la région de Buthidaung suggère que toutes ces attaques étaient délibérées. 

La prise de Buthidaung par l’Armée d’Arakan a déplacé environ 70 000 personnes, principalement des Rohingyas, qui ont fui vers l’ouest et le sud alors que de nouvelles attaques étaient menées. Le 18 mai, l’Armée d’Arakan a annoncé avoir pris le contrôle de toutes les bases de la junte à Buthidaung. Des images satellite indiquent que les incendies criminels se sont toutefois poursuivis dans la région jusqu’au 21 mai, suivant les traces des personnes qui fuyaient.

Les Rohingyas ont expliqué qu’ils se retrouvent coincés entre les forces de la junte et celles de l’Armée d’Arakan ; chacune des deux forces cherche à les contraindre à rejoindre leur camp. L’armée de la junte a recruté illégalement des milliers d’hommes et de garçons rohingyas dans l’État de Rakhine et dans les camps de réfugiés au Bangladesh, avec le soutien de groupes armés rohingyas, et a forcé des Rohingyas à participer à des manifestations simulées contre l’Armée d’Arakan. Ces mesures ont envenimé les relations entre les communautés Rohingyas et Rahkine, déclenchant la propagation de discours de haine et de fausses informations en ligne et hors ligne.

L’Armée d’Arakan a nié avoir attaqué des civils rohingyas, affirmant qu’elle avait donné au préalable un avertissement suffisant, et que les incendies des 17 et 18 mai résultaient de frappes aériennes de la junte et d’incendies criminels commis par des milices rohingyas. Dans une lettre du 5 août adressée à Human Rights Watch, l’Armée d’Arakan a déclaré : « Nous ne cautionnons ni ne participons à des attaques illégales ou à des incendies criminels contre des civils. »

Les lois de la guerre interdisent les attaques délibérées et indiscriminées contre des civils et contre des biens civils, tels que des habitations, des écoles et des hôpitaux. Les exécutions sommaires, les mutilations de corps, le recrutement d’enfants, les pillages et les incendies criminels sont tous interdits en tant que crimes de guerre. Les parties belligérantes doivent prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils, doivent annuler les attaques s’il devient évident que la cible n’est pas un objectif militaire et doivent fournir des avertissements préalables efficaces en cas d’attaque, sauf si les circonstances ne le permettent pas.

La junte militaire du Myanmar et l’Armée d’Arakan devraient d’urgence autoriser des agences humanitaires à accéder à l’État de Rakhine, et permettre la tenue d’une enquête internationale indépendante, a déclaré Human Rights Watch.

Communiqué complet disponible en anglais.

World Opinions + Human Rights  Watch

 

"Frappe ciblée" israélienne à Beyrouth, un commandant du Hezbollah visé.. Vidéo

 

L'armée israélienne a confirmé avoir mené, mardi, une "frappe ciblée" en périphérie sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah en réponse à l'attaque du Golan. Un commandant du mouvement chiite, Fouad Chokr, était la cible du raid. On ignore le sort du le chef des opérations armées de la milice.

La frappe visait un haut commandant du Hezbollah "responsable" de l'attaque sur le Golan. L'armée israélienne a annoncé, mardi 30 juillet, avoir lancé une attaque sur le sud de Beyrouth en réponse à la mort de 12 enfants druzes à Majdal Shams le 27 juillet. Rien n'indique pour l'instant s'il a été tué dans l'explosion, selon le mouvement chiite pro-iranien et le nombre de blessés varie de 3 à plus de 60, selon les sources.

"L'armée israélienne a mené une attaque ciblée à Beyrouth contre le commandant responsable du meurtre des enfants de Majdal Shams et de nombreux autres civils israéliens", a déclaré l'armée dans un communiqué, en référence à l'attaque dans la ville druze de Majdal Shamas, où 12 jeunes âgés de 10 à 16 ans ont été tués alors qu'ils jouaient sur un stade de football.

Tsahal a dit penser que sa frappe aérienne a tué comme voulu le haut commandant du Hezbollah, a rapporté la télévision publique israélienne, citant deux sources non-identifiées.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant a estimé quant à lui sur X que  "Le Hezbollah a franchi la ligne rouge". 

Deux sources sécuritaires libanaises de haut rang ont, quant à elles, déclaré à Reuters que le numéro deux du Hezbollah, a survécu à l'attaque, précisant qu'il a été grièvement blessé.

Le commandant visé serait Fouad Chokr aussi connu sous le nom de Hajj Muhassin. Selon le département d'État américain, Fouad Chokr est "un haut commandant militaire des forces du groupe au Sud-Liban" qui a joué "un rôle-clé" dans des "opérations militaires du Hezbollah en Syrie" mais aussi, il y a plus longtemps, dans l'attaque qui a fait plus de 200 morts en 1983 parmi les Marines américains à Beyrouth. En 2017, Washington avait annoncé offrir des récompenses en échange d'informations utiles à la traque de deux dirigeants du Hezbollah, dont Fouad Chokr.

L'attaque de Majdal Shams fait craindre l'escalade

Le Hezbollah est accusé par Israël et les États-Unis d'être à l'origine du tir meurtrier sur la ville Majdal Shams située dans la partie du plateau syrien du Golan annexée par l'État israélien. Depuis cette frappe sur le Plateau du Golan, occupé par l'État hébreu, le Liban est en état d'alerte par crainte d'une attaque d'Israël.

Plus tôt dans la journée, un civil israélien a été tué par la chute d'une roquette dans le nord d'Israël, selon les secours, et l'armée a affirmé avoir riposté à un barrage de roquettes en tirant vers le Liban. Elle avait annoncé plus tôt avoir frappé "une dizaine de cibles terroristes du Hezbollah" dans "sept zones différentes" du sud du Liban, et tué un membre du mouvement armé.

En marge de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en réponse à l'attaque du Hamas en octobre dernier, les échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah se sont intensifiés, forçant des civils des deux côtés de la frontière à fuir et faisant craindre un embrasement du conflit.

Le gouvernement israélien a été autorisé par le cabinet de sécurité à répondre avec la manière et le calendrier qu'il souhaitait à la frappe menée contre le Plateau du Golan.

La communauté internationale multiplie les efforts pour empêcher une propagation du conflit. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit mardi "vivement préoccupé par la menace croissante d'un conflit généralisé dans toute la région".

L'Iran qualifie de "vicieuse" la frappe israélienne 

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une "agression flagrante". Dans un communiqué, il a dénoncé un "acte criminel" et appelé "la communauté internationale à assumer ses responsabilités et faire pression pour contraindre Israël à arrêter son agression et ses menaces et appliquer les résolutions internationales".

"L'action vicieuse et criminelle" n'empêchera "certainement pas (...) la fière résistance libanaise de continuer (...) à soutenir les Palestiniens opprimés et lutter contre l'agression du régime d'apartheid israélien", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué. Le Hezbollah est un allié du Hamas et échange quasi quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne à leur frontière commune en soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza. 

World Opinions - Avec AFP - Reuters 

Chine : Des centaines de noms de villages ouïghours ont été modifiés

Dans la région du Xinjiang, en Chine, les autorités ont systématiquement modifié des centaines de noms de villages ayant une signification religieuse, historique ou culturelle pour les habitants ouïghours, les remplaçant par des noms reflétant l’idéologie du Parti communiste chinois, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les recherches de Human Rights Watch ont permis d’identifier environ 630 villages dont les noms ont été ainsi modifiés ; les nouveaux noms de villages les plus courants sont « Bonheur », « Unité » et « Harmonie ».

« Les autorités chinoises ont changé des centaines de noms de villages du Xinjiang, remplaçant des noms riches de sens pour les Ouïghours par des noms qui reflètent la propagande du gouvernement », a déclaré Maya Wang, directrice par intérim pour la Chine à Human Rights Watch. « Ces changements semblent faire partie des efforts du gouvernement chinois visant à effacer toute forme d’expression de la culture ou religion des Ouïghours. »

Dans le cadre de recherches conjointes, Human Rights Watch et l’organisation Uyghur Hjelp (« Aide aux Ouïghours »), basée en Norvège, ont examiné les noms de villages du Xinjiang répertoriés sur le site web du Bureau national des statistiques de Chine entre 2009 et 2023.

Durant cette période, les noms d'environ 3 600 villages – parmi près de 25 000 villages au Xinjiang – ont été modifiés. Dans environ quatre cas sur cinq, ces changements semblent banals, comme des changements de numéro ou des corrections de noms précédemment écrits de manière incorrecte. Mais dans le cas de 630 villages, soit presque un cinquième du nombre total de changements, il s’agit de modifications de noms selon des critères religieux, culturels ou historiques.

Les changements se répartissent en trois grandes catégories. Premièrement, tous les termes à connotation religieuse ont été supprimés. Il s’agit notamment de termes islamiques comme « Hoja » (霍加 - enseignant religieux soufi) ou « haniqa » (哈尼喀 - édifice religieux soufi), ou de termes liés au chamanisme, comme « baxshi » (巴合希) - chaman).

Deuxièmement, toutes les mentions de l’histoire ouïghoure, y compris les noms de ses royaumes, républiques et dirigeants locaux avant la fondation de la République populaire de Chine en 1949, ont été remplacées. Des mots comme « orda » (欧尔达 – palais), ainsi que les titres honorifiques ou politiques comme « sultan » (苏里坦) ou « beg » (博克), ont aussi été supprimés.

Enfin, dans le cas de nombreux villages, les autorités du Xinjiang ont retiré les mots qui dénotaient des pratiques culturelles ouïghoures, tels que « mazer » (麻扎 - sanctuaire) ou « dutar » (都塔尔 - luth à deux cordes au cœur de la culture musicale ouïghoure).

La pratique de changer les noms de villages semble se poursuivre actuellement ; mais la plupart de ces changements ont eu lieu entre 2017 et 2019, lorsque les crimes contre l’humanité du gouvernement chinois se sont intensifiés dans la région, notamment dans les préfectures de Kashgar, Aksu et Hotan (à majorité ouïghoure) dans le sud du Xinjiang.

En raison du manque d’accès au Xinjiang, l’impact global de ces changements de noms sur la vie des habitants n’a pas pu être évalué de manière précise. Cependant l’organisation Uyghur Hjelp a pu mener des entretiens avec 11 Ouïghours qui vivaient dans des villages dont le nom avait été changé, et a constaté que cette expérience avait eu un profond impact sur eux. Une villageoise a eu du mal à rentrer chez elle après avoir été libérée d’un camp de rééducation, car le système de billetterie pour les transports publics n’incluait plus le nom qu’elle connaissait. Elle a ensuite eu des difficultés à s’inscrire aux services gouvernementaux, en raison du changement de nom. Un autre villageois a écrit un poème et soutenu l’enregistrement d’une chanson commémorant les anciens noms de lieux dans la localité où il avait vécu.

L’article 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que la Chine a signé mais pas ratifié, stipule ceci : « Dans les États où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d'avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d'employer leur propre langue. »

En 1994, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a publié son Observation générale 23, portant sur l’article 27 du PIDCP concernant les droits des minorités. Le Comité a souligné ceci : « La protection de ces droits vise à assurer la survie et le développement permanent de l'identité culturelle, religieuse et sociale des minorités concernées, contribuant ainsi à enrichir l'édifice social dans son ensemble. […] Ces droits doivent être protégés en tant que tels […]. »

En mai 2014, le gouvernement chinois a lancé sa campagne « Frapper fort contre le terrorisme violent » dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Depuis 2017, le gouvernement chinois exerce une répression généralisée et systématique contre les Ouïghours et les autres musulmans turciques du Xinjiang. Cette répression est caractérisée par des détentions arbitraires massives, des tortures, des disparitions forcées, une surveillance de masse, des persécutions culturelles et religieuses, la séparation des familles, le travail forcé, la violence sexuelle et les violations des droits reproductifs. En 2021, Human Rights Watch a conclu que ces violations constituaient des crimes contre l’humanité.

Le gouvernement chinois continue de traiter les pratiques religieuses et culturelles quotidiennes des Ouïghours et leurs expressions identitaires comme s’il s’agissait de formes d’extrémisme violent, pour justifier les violations à leur encontre. En avril 2017, le gouvernement chinois a promulgué son Règlement sur la dé-extrémisation dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang ; ce texte interdit « la propagation de la ferveur religieuse avec des noms anormaux ». Les autorités ont alors interdit des dizaines de noms personnels à connotation religieuse communs aux musulmans du monde entier, tels que Saddam et Medina, au motif qu’ils pourraient « amplifier la ferveur religieuse ».

En août 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié un rapport concluant que les abus commis par le gouvernement chinois au Xinjiang « pourraient constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité ». Des gouvernements étrangers ont condamné les politiques de Pékin au Xinjiang, et certains ont imposé des sanctions ciblées à des responsables, agences et entreprises du gouvernement chinois impliqués dans des violations des droits ; mais ces réponses n’ont pas été à la hauteur de la gravité des abus commis par Pékin, selon Human Rights Watch.

« Les gouvernements préoccupés et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme devraient intensifier leurs efforts pour demander des comptes au gouvernement chinois, pour ses abus au Xinjiang », a déclaré Abduweli Ayub, fondateur d’Uyghur Hjelp. « Ils devraient profiter des prochaines sessions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et des réunions bilatérales de haut niveau pour faire pression sur le gouvernement chinois, afin qu’il libère les centaines de milliers d’Ouïghours toujours emprisonnés à tort dans le cadre de sa campagne abusive “Frapper fort”. »

Suite en anglais, avec des informations plus détaillées sur les changements de noms de villages au Xinjiang.

World Opinions - Human Rights Watch

 

Climat. Le secrétaire général de l’ONU veut interdire les pubs pour les entreprises du secteur des énergies fossiles

 

Mercredi 5 juin, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, António Guterres s’est exprimé au sujet de la gravité de la crise climatique et, dans ce cadre, il a fait une proposition singulière : interdire les publicités pour les compagnies du secteur des énergies fossiles.

Lors de son discours au Muséum d’histoire naturelle de New York, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, António Guterres a enchaîné les déclarations musclées. En effet, comme le rapporte The Guardian, le secrétaire général des Nations unies a notamment comparé la crise climatique au météore qui a anéanti les dinosaures, se fendant de la déclaration suivante : “Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures, nous sommes le météore. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger.”

Par ailleurs, Guterres a affirmé : “Nous sommes en train de joueur à la roulette russe avec notre planète”, relaie le média britannique. Ajoutant que l’humanité devait “prendre la bretelle de sortie de l’autoroute qui va vers l’enfer”.

Si le secrétaire général s’est montré plus virulent qu’à l’accoutumée sur la question climatique, c’est que le service pour le changement climatique de la Commission européenne a annoncé récemment que le mois de mai 2024 serait le plus chaud mois de mai jamais enregistré. Voilà qui ne constitue pas un record isolé, puisque “c’est le douzième mois consécutif à se distinguer de la sorte”, souligne Le Temps.

Plus globalement, assène le quotidien suisse, “la poursuite du réchauffement a été confirmée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dans un nouveau rapport, rendu public le 5 juin. Ce dernier indique qu’il y a 80 % de risques pour que les températures globales dépassent 1,5 °C de réchauffement sur un an, pendant au moins une des cinq années à venir. La probabilité de s’approcher de ce seuil n’a fait que progresser ces dernières années, au point de devenir aujourd’hui très probable.”

“Les parrains du chaos climatique”

Avec de tels chiffres sur la table, Guterres a logiquement voulu tirer la sonnette d’alarme, ce qu’il a fait en attaquant frontalement les compagnies du secteur des énergies fossiles, qu’il a appelées “les parrains du chaos climatique”. Ne se limitant pas à cette invective, le secrétaire général a également fait une proposition concrète, indique encore le Guardian : “De nombreux gouvernements limitent ou interdisent la publicité pour les produits qui nuisent à la santé humaine, comme le tabac, a-t-il déclaré. Je demande donc à tous les pays d’interdire la publicité pour les entreprises produisant des combustibles fossiles. Et j’exhorte les médias et les entreprises technologiques à cesser d’accepter la publicité pour les combustibles fossiles.”

Au vu des intérêts économiques en jeu, cette proposition a de fortes chances de rester lettre morte.

World Opinions - Courrier international - ONU

La Cour internationale de justice ordonne à Israël de stopper "immédiatement" son offensive militaire à Rafah.. Vidéo

 

La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné vendredi à Israël de cesser son offensive militaire sur la ville de Rafah, dans la bande de Gaza. La plus haute juridiction de l'ONU a aussi appelé à la libération immédiate des personnes prises en otage par le Hamas.

Israël doit "arrêter immédiatement son offensive militaire et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d'infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d'existence capables d'entraîner sa destruction physique ou partielle", a déclaré la Cour internationale de justice, qui siège à La Haye.

Dans son arrêt, la CIJ dit n'être "pas convaincue" que les mesures d'évacuation d'Israël soient suffisantes pour protéger les civils palestiniens. "Israël doit immédiatement mettre fin à son offensive militaire" à Rafah, a aussi commenté le président de la CIJ, Nawaf Salam. La cour a également déclaré qu'Israël doit maintenir le passage de Rafah ouvert pour une aide "sans restriction".

Même si les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes, celle-ci manque de mécanismes pour leur mise en oeuvre. Le secrétaire général de l'ONU a toutefois dit s'attendre à ce que les parties y obtempèrent "dûment". Cette annonce est ainsi susceptible d'accroître la pression internationale sur Israël, plus de sept mois après le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre.

Appel à libérer les otages

La plus haute juridiction de l'ONU a également appelé à la libération immédiate des personnes prises en otage par le Hamas lors de son attaque du 7 octobre contre Israël.

La CIJ "estime qu'il est profondément inquiétant que nombre de ces otages demeurent en captivité et réitère son appel en faveur de leur libération immédiate et inconditionnelle", a-t-elle déclaré lors d'une audience.

Netanyahu convoque ses ministres

A la suite de la décision à La Haye, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a convoqué plusieurs membres de son gouvernement pour "consultation". Dans un communiqué commun, le ministère des Affaires étrangères et du Conseil de la sécurité nationale ont estimé que l'offensive à Rafah ne posait aucun risque existentiel pour la "population civile palestinienne".

"Israël n'a pas mené et ne mènera pas d'opérations militaires dans la zone de Rafah qui créent des conditions de vie susceptibles de conduire à la destruction de la population civile palestinienne, en tout ou en partie", assure le texte.

Le Hamas salue

De son côté, le Hamas a salué a décision de la CIJ, en ajoutant toutefois qu'il s'attendait à ce que la plus haute juridiction de l'ONU "prenne une décision pour mettre fin à l'agression et au génocide contre notre peuple dans toute la bande de Gaza, et pas seulement à Rafah", dans le sud du territoire palestinien.

"Ce qui se passe à Jabalia et dans d'autres zones du secteur n'est pas moins criminel et dangereux que ce qui se passe à Rafah", a affirmé le mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007.

A l'origine de la procédure devant la cour de justice, l'Afrique du Sud a elle aussi rapidement réagi, saluant la "décision plus ferme" de la CIJ vis-à-vis d'Israël. "Il s'agit d'un ensemble de mesures provisoires beaucoup plus fermes dans leur formulation et d'un appel très clair à l'arrêt des hostilités", a déclaré la ministre des Affaires étrangères sud-africaine Naledi Pandor.

World Opinions - Agences

Débats. Royaume-Uni - Rwanda : la loi de la honte

 

La « loi sur la sûreté du Rwanda » votée le 23 avril marque une terrible régression pour la plus vieille démocratie d’Europe. Ses dispositions constituent une instrumentalisation politique des plus cyniques de la question de l’immigration.

Après la seconde guerre mondiale, le Royaume-Uni, ses responsables politiques et ses juristes ont été à la pointe de la définition de normes internationales en matière de droits humains. Le pays a été, dans les années 1950, l’un des premiers à ratifier la Convention européenne des droits de l’homme, puis la convention de l’Organisation des Nations unies dite « de Genève » donnant un statut et des droits aux réfugiés. Le vote, mardi 23 avril, par la Chambre des communes, du texte cyniquement intitulé « loi sur la sûreté du Rwanda » marque non seulement une terrible régression pour la plus vieille démocratie d’Europe, mais aussi un signal inquiétant pour le monde occidental et ses valeurs proclamées.

La nouvelle loi, adoptée en dépit de l’opposition de la Chambre des lords, dispose que le Rwanda est un « pays sûr » au regard de l’asile. Elle vise à contourner l’arrêt de la Cour suprême du Royaume-Uni de novembre 2023 qui avait dénié au Rwanda cette qualification, et permet la mise en œuvre de l’accord sur la sous-traitance des demandes d’asile signé par Boris Johnson avec Kigali en 2022.

Les migrants arrivant illégalement – c’est le cas des demandeurs d’asile par définition – au Royaume-Uni ne pourront plus demander la protection de Londres, mais seront détenus avant leur expulsion vers le Rwanda, censé traiter leur demande en échange d’une aide substantielle. Le texte, conçu pour empêcher tout recours contre de telles expulsions, est présenté comme dissuasif à l’égard des milliers de migrants qui tentent de gagner les côtes anglaises en traversant la Manche sur des small boats, et s’y noient parfois, comme à l’heure même où était adoptée cette loi.

Un précédent redoutable

Le vote de ces dispositions constitue une instrumentalisation politique des plus cyniques de la question de l’immigration, déjà au cœur de la campagne qui avait mené, en 2016, au vote en faveur du Brexit, présenté comme la solution pour « reprendre le contrôle » des frontières. Depuis lors, le pays s’est refermé, mais le nombre d’immigrants a en réalité explosé. Cela n’empêche nullement le premier ministre, Rishi Sunak, de considérer, contre toute évidence, le choc créé par des expulsions vers le Rwanda comme l’unique moyen d’éviter la déroute aux élections législatives prévues cette année.

Le plus probable est que le premier ministre britannique n’évitera ni l’échec électoral que tous les sondages prévoient, ni la honte d’être associé à une mesure à la fois inefficace, attentatoire aux droits humains fondamentaux – celui de voir sa demande d’asile examinée en passant par une procédure équitable et non dans un pays dépourvu de justice indépendante comme le Rwanda –, au coût astronomique, et si absurde qu’elle pourrait avoir été imaginée par George Orwell.

Pas plus que les murs ou les barbelés, la menace d’une expulsion vers Kigali ne peut dissuader des migrants prêts à payer de leur vie de tenter de rechercher une vie meilleure. Les défis posés aux pays riches par les migrations, comme les perspectives qu’elles ouvrent, sont réels. Dans tous les cas, ils doivent être relevés par la coopération européenne et internationale en matière de gestion des flux, notamment par l’ouverture de voies légales d’entrée.

Alors que les droites européennes, suivant l’extrême droite, prônent désormais l’externalisation de la demande d’asile, le précédent ouvert par Rishi Sunak peut apparaître comme redoutable. Pitoyable manœuvre politicienne à l’instar du référendum sur le Brexit, la « loi sur la sûreté du Rwanda » pourrait cependant connaître le même sort : un fiasco.

World Opionions - Le Monde

Giorgia Meloni délocalise les européennes en Tunisie pour reparler d’immigration

Pour sa quatrième visite, la dirigeante a voulu convaincre Tunis d’être le gardien officiel de ses frontières migratoires. Pas gagné.

Le 17 avril, la présidente du Conseil italien se rendra en Tunisie pour mettre la dernière main à son projet de coopération migratoire. L’enjeu est d’importance, à la veille des élections européennes à l’issue desquelles elle espère que l’extrême droite sortira renforcée.

Elle n’est plus venue à Tunis depuis juillet 2023 et la signature du Mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global entre l’Union européenne et la Tunisie, dont elle a été l’architecte. Mais Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, n’a pas perdu de vue la Tunisie, qui a été son premier terrain pour expérimenter tout un arsenal de mesures anti-immigration de son cru, allant du fameux accord avec l’UE au programme Mattei, pour finir par le plan Caivano. Avec un unique objectif : mettre le holà à l’immigration clandestine.

Meloni, soutien d’Ursula von der Leyen ?

Après avoir reçu, le 10 avril au Palazzo Chigi, Charles Michel, le président du Conseil européen, au lendemain de l’adoption du Pacte sur la migration et l’asile, la championne de l’externalisation du traitement de l’immigration mènera au pas de charge des rencontres de haut niveau durant quelques heures à l’occasion de sa visite à Tunis, le 17. Elle gagnera ensuite Bruxelles pour participer à la dernière réunion du Conseil européen avant les élections européennes de juin.

L’enjeu, pour Meloni, est de s’assurer de la pleine coopération de la Tunisie afin de ne pas avoir de mauvaises surprises au cours d’une campagne électorale délicate. Elle espère qu’à son issue les partis européens de droite sortiront victorieux tout comme la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qu’elle semble soutenir même si elle songe visiblement aussi à propulser à la tête de l’UE l’économiste Mario Draghi, son prédécesseur à la présidence du Conseil italien.

Selon des observateurs de la diplomatie romaine, Meloni devrait accentuer la pression sur la Tunisie pour que celle-ci accepte de manière inconditionnelle de servir de frontière avancée à l’Europe en procédant, sur son territoire, à toutes les formalités de contrôle des migrants en situation irrégulière, et même en leur appliquant des mesures de rétention.

Kaïs Saïed dans l’embarras

Tunis s’est montré jusqu’à présent réticent à accueillir des migrants non tunisiens en situation irrégulière et expulsés de l’UE. Le 20 juin 2023, Kaïs Saïed, le président tunisien, avait déclaré à Gérald Darmanin et à Nancy Faeser, les ministres français et allemand de l’Intérieur, que « son pays n’avait pas vocation à être le garde-frontière de l’Europe ni une terre de réinstallation pour les migrants rejetés ailleurs ».

Kaïs Saïed avait ainsi rassuré ses compatriotes, hostiles à ce que la Tunisie soit le théâtre de situations dont les migrants tunisiens eux-mêmes peuvent souffrir. Il avait aussi évité de se trouver en contradiction trop flagrante avec ses nombreuses déclarations sur le respect de la souveraineté de son pays.

L’absence de réaction de Giorgia Meloni a pu étonner. Il ne s’agissait pourtant pas d’un renoncement. La dirigeante italienne a juste donné du temps au temps et est revenue à la charge en obtenant l’appui de Kamel Feki, le ministre tunisien de l’Intérieur, qui a souvent rencontré son homologue italien, Matteo Piantedosi, à Rome et à Tunis.

Désormais, il est non seulement question de fournir des formations et des équipements pour assurer l’étanchéité des côtes, mais d’ériger, comme le précise Romdhane Ben Amor, du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), « un centre de rétention à Bir Fatnassi, à Tataouine (Sud) ». « Le projet et les fonds existent, ajoute le défenseur des droits de l’homme. Tout dépend de la partie tunisienne. »

Un pas de plus, alors que Tunis a déjà été impliqué dans le « soutien aux opérations Recherche et sauvetage (SAR) », qui consistent le plus souvent à empêcher les départs, et à contraindre, fût-ce par la force, les embarcations à rebrousser chemin. La Tunisie devient ainsi la nouvelle Lampedusa.

Flux migratoires : recul en mars, reprise en avril

Pour atténuer une situation pour le moins inconfortable pour Kaïs Saïed, Giorgia Meloni a fait diffuser des chiffres et des commentaires sur l’immigration avant sa venue. Ces données confirment la reprise des flux migratoires depuis le début d’avril, après un recul apparent en mars. En réalité, ce reflux était davantage dû aux mauvaises conditions météorologiques qu’aux mesures prises par la Tunisie pour lutter contre le phénomène migratoire (ces dernières ont d’ailleurs pour effet de réactiver les départs depuis la Libye).

Selon le FTDES, au cours du premier trimestre de 2024, pas moins de 8 517 immigrés en situation irrégulière auraient été bloqués avant qu’ils ne traversent la Méditerranée, et 1 371 autres auraient atteint les rives italiennes en mars.

Les autorité italiennes s’alarment surtout des 8 000 arrivées qu’elles ont recensées au cours de la première semaine d’avril et qui seraient, dans leur majorité, en provenance de Tunisie. Du côté tunisien, on avance le chiffre de 15 084 migrants en situation irrégulière (dont 1 599 clandestins tunisiens) entre le 1er janvier et le 8 avril 2024. Suffisamment, en tout cas, pour irriter Rome.

Giorgia Meloni persiste à vouloir répliquer le dispositif mis en place avec la Tunisie à d’autres pays. Elle communique donc abondamment sur les fonds que l’Italie, et surtout l’UE, ont versés pour lutter contre les flux migratoires : près de 60 millions d’euros, essentiellement destinés à des actions de formation et à la livraison de gros ou de petits équipements. Le Mémorandum mentionne aussi la somme de 900 millions d’euros, mais son versement est conditionné à un accord du FMI, dont chacun sait que la Tunisie ne remplit pas les conditions pour l’obtenir. Une grossière façon d’appâter un pays en proie à de graves difficultés économiques.

Le double jeu africain de Giorgia Meloni

Dernier point : à l’occasion de son déplacement à Tunis, la présidente du Conseil italien devrait être accompagnée d’Anna Maria Bernini, sa ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le but est-il de mettre en place les aides à la formation promises lors du sommet de Rome, en janvier dernier ? Sans doute est-ce un moyen de faire pendant à la présence de Matteo Piantedosi, son ministre de l’Intérieur, qui sera probablement porteur de propositions moins bienveillantes pour remédier à la porosité des frontières maritimes et au manque de savoir-faire supposé des Tunisiens.

World Opinions - Agences

 

16 organisations humanitaires et de défense des droits humains appellent à mettre un terme aux transferts d’armes à Israël et aux groupes armés palestiniens

 

Une lettre ouverte appelle tous les États membres de l’ONU à cesser d’alimenter la crise à Gaza et à prévenir la catastrophe humanitaire et de nouvelles victimes civiles

Nous, organisations signataires, appelons tous les États à cesser immédiatement les transferts d’armes, de pièces détachées et de munitions à Israël, ainsi qu’aux groupes armés palestiniens, tant qu’il existe un risque qu’elles soient utilisées pour commettre ou faciliter de graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.

Les bombardements et le siège israéliens privent la population civile des produits et services de base nécessaires à la survie et rendent Gaza inhabitable. Aujourd’hui, la population civile de Gaza est confrontée à une crise humanitaire d’une gravité et d’une ampleur sans précédent.

En outre, les attaques menées par des groupes armés palestiniens ont fait environ 1 200 morts. Ces groupes ont pris des centaines d’Israéliens et d’étrangers en otage, dont des enfants, et retiennent encore plus de 130 otages à l’intérieur de Gaza. Ils continuent de tirer sans discernement des roquettes sur des zones d’habitation en Israël, ce qui perturbe les classes des enfants à l’école, contraint des habitants à partir et menace la vie et la sécurité des civils. Les prises d’otages et les attaques aveugles piétinent le droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement.

Des organismes d’aide humanitaire, des organisations de défense des droits humains, des responsables des Nations unies et plus de 153 États membres appellent à un cessez-le-feu immédiat. Toutefois, Israël continue d’utiliser des armes et des munitions explosives dans des zones densément peuplées, ce qui a de graves conséquences humanitaires pour la population gazaouie. Des dirigeants du monde entier ont exhorté le gouvernement israélien à réduire le nombre de victimes civiles, mais le bilan des opérations militaires israéliennes à Gaza reste très lourd, selon les récentes déclarations du Secrétaire général de l’ONU. Il incombe aux États membres de mettre en œuvre tous les moyens possibles afin de garantir la protection des civils et le respect du droit international humanitaire. La dernière voie d’approvisionnement vitale pour Gaza – une réponse humanitaire financée par la communauté internationale – est paralysée par l’intensité des hostilités : notamment les tirs visant des convois humanitaires, les coupures récurrentes des services de communication, les routes endommagées, les restrictions sur des produits essentiels, l’interdiction quasi totale des marchandises, et la lourde procédure bureaucratique pour l’envoi d’aide à Gaza.

La campagne militaire d’Israël a détruit une grande partie des maisons, des écoles, des hôpitaux, des infrastructures hydrauliques, des abris et des camps de réfugiés à Gaza. Ces bombardements aveugles, et les dommages disproportionnés qu’ils infligent aux civils de façon répétée et systématique sont inacceptables. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a mis en garde contre le « risque accru […] de voir des crimes atroces être commis » à Gaza et a appelé tous les États à prévenir de tels crimes. Pourtant, depuis cet appel, la crise humanitaire à Gaza s’est encore aggravée :

Plus de 25 000 Palestiniens et Palestiniennes, dont au moins 10 000 enfants, ont été tués en moins de quatre mois, selon le ministère de la Santé de Gaza. Des milliers d’autres sont ensevelis sous les décombres et présumés morts.

Plus de 62 000 personnes ont été blessées, dont beaucoup garderont des séquelles invalidantes et des incapacités permanentes ; parmi eux, plus d’un millier d’enfants palestiniens ont dû être amputés d’un ou plusieurs membres supérieurs ou inférieurs.

Un nombre indéterminé de civils palestiniens, parmi lesquels figureraient des mineurs, sont illégalement détenus, selon l’ONU, et doivent être libérés.

Des Palestiniens et Palestiniennes continuent d’être tués presque quotidiennement dans des zones vers lesquelles le gouvernement israélien leur a demandé de fuir. Au cours de la première semaine de 2024, une frappe aérienne israélienne a tué 14 personnes, majoritairement des enfants, près d’une zone désignée par les forces israéliennes comme « zone humanitaire ».

Plus de 85 % de la population de Gaza, soit environ 1,9 million de personnes, ont été déplacées de force. Beaucoup ont suivi les ordres d’Israël et sont parties vers le sud, où elles se retrouvent aujourd’hui confinées dans de minuscules zones impropres à la vie humaine, devenues un terrain propice à la propagation des maladies.

Plus d’un demi-million de Palestiniens et Palestiniennes à Gaza sont confrontés au manque de nourriture et plus de 90 % de la population à une insécurité alimentaire aiguë, soit la plus forte proportion jamais enregistrée par un organisme humanitaire chargé d’évaluer l’insécurité alimentaire en se fondant sur des données concrètes.

Plus de 70 % des habitations de Gaza et une grande partie de ses écoles et de ses infrastructures d’eau et d’assainissement sont détruites ou endommagées, et la population n’a qu’un accès très limité à l’eau salubre.

Aucun établissement de santé dans l’enclave n’est pleinement opérationnel ; ceux qui fonctionnent partiellement sont submergés par le nombre de patients traumatisés et doivent composer avec les pénuries d’équipement médical et de médecins. Plus de 300 professionnel·le·s de santé ont été tués.

Au moins 167 travailleurs et travailleuses humanitaires à Gaza ont été tués, plus que dans tout autre conflit de ce siècle.

Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour tout enfant, journaliste ou travailleur ou travailleuse humanitaire. Les hôpitaux et les écoles ne devraient jamais devenir des champs de bataille. Ces conditions ont créé une situation de désespoir total à Gaza, amenant de hauts responsables des organismes d’aide humanitaire à déclarer que les conditions nécessaires pour apporter une véritable réponse humanitaire à Gaza n’étaient plus réunies. Pour que cela change, le siège, les bombardements et les combats doivent cesser. Selon les Nations Unies, l’accès de l’aide humanitaire depuis le début du mois de janvier connaît « une détérioration significative ». Les forces israéliennes ont refusé à plusieurs reprises d’autoriser les convois humanitaires à se rendre dans les zones situées au nord de Wadi Gaza, où le risque de famine est le plus criant.

Ces dernières semaines, de hauts responsables israéliens ont appelé à expulser les civils palestiniens hors de Gaza. Le transfert forcé à l’intérieur de Gaza et l’expulsion d’une partie de la population à l’extérieur des frontières, sans aucune garantie de retour, constitueraient de graves violations du droit international, s’apparentant à une d’atrocité criminelle.

Nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et appelons tous les États à mettre fin aux transferts d’armes susceptibles d’être utilisées pour commettre des violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit assumer sa responsabilité s’agissant de maintenir la paix et la sécurité mondiales, et adopter des mesures visant à mettre un terme aux transferts d’armes à destination du gouvernement israélien et des groupes armés palestiniens, et à empêcher les livraisons d’armes risquant de servir à commettre des crimes relevant du droit international – et ce dès à présent.

Tous les États sont tenus de prévenir les atrocités criminelles et de promouvoir le respect des normes qui protègent les populations civiles. Il est grand temps que la communauté internationale se montre à la hauteur de ces engagements.

Note

Parmi le nombre total de travailleurs et travailleuses humanitaires tués, figurent des membres du personnel d’organismes de l’ONU, d’ONG et de la Société du Croissant-Rouge palestinien. Pour connaître le nombre annuel de travailleurs et travailleuses humanitaires tués dans d’autres contextes, vous pouvez consulter la page suivante : Base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires. 

Organisations signataires

Federation Handicap International – Humanity & Inclusion

War Child Alliance

Christian Aid

Norwegian People’s Aid 

Médecins du Monde International Network

Mennonite Central Committee

medico international

Oxfam 

Centre pour les civils dans les conflits (CIVIC)

Conseil danois pour les réfugiés

Save the Children 

Plan International

Conseil norvégien pour les réfugiés

Diakonia

Amnesty International

American Friends Service Committee (AFSC)

World Opinions - Amnesty International

Meta : Censure systémique de contenus pro-palestiniens

 Les politiques et systèmes de modération de contenus de Meta réduisent de plus en plus au silence les voix en faveur de la Palestine sur Instagram et Facebook, à la suite de la reprise des hostilités entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport rendu public aujourd’hui. Le rapport de 51 pages, intitulé « Meta’s Broken Promises: Systemic Censorship of Palestine Content on Instagram and Facebook » (« Les promesses non tenues de Meta : Censure systémique de contenus pro-palestiniens sur Instagram et Facebook »), documente une tendance excessive à la suppression de discours protégés, y compris l’expression pacifique en faveur de la Palestine et le débat public sur les droits humains des Palestiniens. Human Rights Watch a constaté que le problème provient des politiques de Meta qui sont problématiques et de leur mise en œuvre incohérente et erronée, d’une dépendance excessive à l’égard d’outils automatisés de modération et d’une influence excessive des gouvernements sur les suppressions de contenus.

« La censure par Meta de certains contenus en faveur de la Palestine est particulièrement nocive dans une période de terribles atrocités et de répression qui étouffent déjà les voix des Palestiniens », a déclaré Deborah Brown, directrice adjointe par intérim de la division Technologies et droits humains de Human Rights Watch. « Les réseaux sociaux constituent une plateforme essentielle permettant aux gens de témoigner et de dénoncer les abus, alors que la censure par Meta contribue à l’effacement des souffrances des Palestiniens. »

Human Rights Watch a examiné 1 050 cas de censure en ligne dans plus de 60 pays. Bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement d’une analyse représentative de la censure, ces cas sont cohérents avec les conclusions auxquelles sont parvenues après des années de documentation et de plaidoyer des organisations palestiniennes, régionales et internationales de défense des droits humains, détaillant la censure par Meta de contenus pro-palestiniens.

Après l’attaque lancée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils, selon les responsables israéliens, les attaques lancées par Israël à Gaza ont tué environ 20 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza. Les restrictions illégales imposées par Israël à l’acheminement de l’aide ont contribué à une catastrophe humanitaire continue pour les 2,2 millions d’habitants de ce territoire, dont près de la moitié sont des enfants.

Human Rights Watch a identifié six modèles clés de censure, chacun récurrent dans au moins une centaine de cas : suppressions de contenus ; suspension ou suppression de comptes ; incapacité d’interagir avec les contenus ; incapacité de suivre ou de marquer des comptes ; restrictions à l’utilisation de fonctionnalités telles qu’Instagram/ Facebook Live ; et  « bannissement furtif », terme désignant une diminution significative de la visibilité des publications, des stories ou du compte d’un individu sans notification préalable. Dans plus de 300 cas, les utilisateurs n’ont pu faire appel de la suppression d’un contenu ou d’un compte en raison d’un dysfonctionnement du mécanisme prévu à cet effet, les privant de recours.

Dans des centaines de cas documentés, Meta a invoqué sa politique sur les « Organismes et individus dangereux » (« Dangerous Organizations and Individuals », DOI), qui intègre pleinement les listes d’« organisations terroristes » désignées par les États-Unis. Meta a cité ces listes et les a largement suivies pour restreindre les discours légitimes sur les affrontements entre Israël et les groupes armés palestiniens.

Meta a également mal appliqué ses politiques en matière de contenus violents et explicites, de violence et d’incitation et à la violence, de discours de haine, ainsi que de nudité et d’activité sexuelle. Il a appliqué de manière incohérente sa politique d’« autorisation digne d’intérêt médiatique », supprimant des dizaines d’éléments de contenus documentant les blessures et la mort de Palestiniens qui avaient une valeur médiatique, a relevé Human Rights Watch.

Meta est consciente que l’application de ces politiques est problématique. Dans un rapport en date de 2021, Human Rights Watch a documenté la censure par Facebook des discussions sur les questions de droits humains liées à Israël et à la Palestine, concluant que Meta « réduit au silence de nombreuses personnes arbitrairement et sans explication ».

Une enquête indépendante menée par Business for Social Responsibility et commandée par Meta a révélé que la modération de contenus par l’entreprise en 2021 « semble avoir eu un impact négatif sur les droits humains des utilisateurs palestiniens », affectant négativement « leur capacité à partager des informations et des idées sur leurs expériences au fur et à mesure qu’elles sont vécues ».

En 2022, en réponse aux recommandations de l’enquête ainsi qu’à celles de son conseil de surveillance, Meta s’est engagée à modifier ses politiques de modération de contenus et leur mise en œuvre. Cependant, près de deux ans plus tard, Meta n’a pas respecté ses engagements en matière de droits humains, a constaté Human Rights Watch, une situation qui l’a conduite à perpétuer et amplifier ses abus passés.

Human Rights Watch a partagé ses conclusions avec Meta et sollicité son point de vue. En réponse, l’entreprise a cité sa responsabilité en matière de droits humains et ses principes fondamentaux en la matière comme orientant ses « mesures immédiates de réponse à la crise » depuis le 7 octobre.

Pour s’acquitter de ses responsabilités de diligence raisonnable en matière de droits humains, Meta devrait aligner ses politiques et pratiques de modération de contenus sur les normes internationales en matière de droits humains, en garantissant que les décisions de retrait de contenus soient transparentes, cohérentes et non systématiques ou biaisées.

Meta devrait autoriser l’expression protégée, y compris sur les violations des droits humains et les mouvements politiques, sur ses plateformes, a préconisé Human Rights Watch. Meta devrait commencer par réviser sa politique des « organismes et individus dangereux » pour la rendre conforme aux normes internationales des droits humains. Meta devrait vérifier sa politique d’« autorisation digne d’intérêt médiatique » pour s’assurer qu’elle ne supprime pas des contenus qui sont dans l’intérêt public et garantir son application équitable et non discriminatoire. L’entreprise devrait également faire preuve de diligence raisonnable quant à l’impact sur les droits humains des modifications momentanées apportées à ses algorithmes de recommandation introduits en réponse aux récentes hostilités.

« Au lieu d’excuses déjà entendues et de promesses vides, Meta devrait démontrer sa volonté sérieuse de s’attaquer une fois pour toutes à la censure liée à la Palestine en prenant des mesures concrètes en faveur de la transparence et de la remédiation », a conclu Deborah Brown.

World Opinions - Human Rights Watch