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Littérature : l'adaptation ciné du "Comte de Monte-Cristo" a "multiplié par cinq ou six ce qu'on pouvait vendre de Dumas", se réjouit une libraire.. Vidéo

 Le film adapté du roman d'Alexandre Dumas, actuellement en salles, ravive l'intérêt pour ce classique de la littérature. Il s'arrache bien plus que d'habitude en librairie.

Quand un succès de cinéma redope les ventes d'un classique de la littérature française. Le Comte de Monte-Cristo, actuellement en salles, avec Pierre Niney en tête d'affiche, connaît aussi un regain d'intérêt chez les libraires. Le chef-d’œuvre d'Alexandre Dumas a déjà été réimprimé trois fois en deux mois et il s'arrache bien plus que d'habitude. 

Dans la vitrine de la librairie Ici, sur les Grands Boulevards à Paris, on ne peut pas le rater, réédité avec l'affiche du film en couverture. "Quand on sait qu'il y a une adaptation cinématographique de Dumas, on ne réfléchit pas, on l'expose au devant de la librairie et le proposer aux gens parce qu'il y a des demandes exponentielles, raconte Élodie Murzi, la responsable de la librairie. Cela a multiplié par cinq, six ce qu'on pouvait vendre de Dumas."

L'occasion de motiver les enfants

Pourtant, tous les nouveaux lecteurs ne sont pas encore allés au cinéma. "On demande souvent si la lecture est suscitée avant ou après le visionnage du film, et souvent c'est avant !" Et pour ceux qui l'ont vu ? "C'est un film très familial, donc c'est l'occasion de dire à ses enfants ou ses ados : c'est vachement bien, lis le livre, tu vas voir, il y a encore plus d'action et d'intrigues ! Tu vas te régaler."

"On peut avoir quelques a priori face à un roman qui fait tout de même plus de 1 000 pages, observe Blanche Cerquiglini, chargée des collections Folio classique chez Gallimard. 'Ce n'est pas de la littérature pour moi, je ne vais pas y arriver, cela va être trop difficile, trop ancien'... C'est un roman qui date de 1844. Donc je crois que le film, avec ses qualités, et avec Pierre Niney, pour incarner Edmond Dantès, permet au spectateur et au lecteur de s'autoriser à revenir vers la littérature classique." Et l'éditrice comme la libraire l'affirment : l'été est le moment parfait pour lire ou relire les classiques.

World Opinions - France Culture


Avec « Rite here rite now », Ghost en concert dimanche soir au cinéma.. Vidéo

 

« Rite here rite now » est un film en grande partie tourné lors d’un concert américain particulièrement spectaculaire fin 2023, entrecoupé de séquences de fiction. Il fera l’objet d’une projection unique en France cette fin de week-end.

Phénomène musical de ces dernières années, Ghost se lance aussi dans le cinéma. Le groupe de rock mélodique, à la frontière du metal et du gothique, a en effet produit un film, « Rite here rite now », qui est projeté dans des milliers de salles à travers le monde depuis ce jeudi 20 juin, et jusqu’à ce samedi 21 juin. Sauf en France, où les projections n’auront lieu que ce dimanche 23 juin à 20 heures, souvent dans des salles IMAX du réseau Pathé, mais pas que.

Produit par Tobias Forge, le chanteur et compositeur à la tête de Ghost, « Rite here rite now » est co-réalisé par lui, en compagnie d’Alex Ross Perry, auteur de la comédie dramatique et rock « Her Smell », en 2019. La plus grande partie du film, qui dure 2h20, reprend le concert donné par la formation en septembre 2023 au Kia Forum de Los Angeles, une salle de taille comparable à l’Accor Arena de Paris, avec 18 000 places.

Une chanson inédite en version studio, « The Future is a foreign land»

Mais s’y ajoute à l’occasion, entre deux morceaux, une intrigue un peu brumeuse tirée de web épisodes mis en ligne par le groupe. On y voit notamment Papa Emeritus IV, soi-disant le chanteur du groupe, en fait interprété par Tobias Forge, converser avec sa mère et une version spectrale de son père !

La caméra se promène dans les coulisses et détaille notamment comment sont effectués les nombreux changements de costume de l’artiste. Un régal sans doute pour les fans, comme ceux, nombreux et grimés, présents à Los Angeles, mais d’un moindre intérêt pour les autres. D’autant que le monteur ne nous épargne pas non plus les discours souvent peu inspirés et un peu longs du leader sur scène…

Mais côté musical, aucun souci, d’autant que le concert est superbement filmé, et qu’il comporte des séquences que nous n’avons pas vues lors du show parisien. Par exemple, ces magnifiques danseurs portant des justaucorps de squelettes qui livrent un sabbat endiablé, ou encore ce passage orchestral avec violons et violoncelles sur la poignante reprise de « If you have ghosts », de Roky Érickson. On entend aussi bien mieux les choristes, un peu noyées sous le déluge sonore chez nous.

Le film présente enfin une chanson inédite en version studio, « The Future is a foreign land », qu’on peut entendre sur le générique de fin. Un titre à retrouver sur la bande originale du long-métrage, qui sera disponible à partir du 26 juillet prochain.

Et pour savoir où aller voir « Rite here rite now » ce dimanche 23 juin, une seule adresse www.ritehereritenow.

World Opinions - Le Parisien

Musiques. "Hit Me Hard And Soft", la pop sentimentale et existentielle de Billie Eilish.. Vidéo

 

A 22 ans seulement, Billie Eilish a sorti le 17 mai son troisième album baptisé "Hit Me Hard And Soft". La chanteuse américaine y explore à nouveau les registres d'une pop émotionnelle en forme de journal intime, entre douceur sentimentale et noirceur existentielle.

D'emblée, sa fulgurante et sidérante entrée en matière musicale avec "When We All Fall Asleep, Where Do We Go?" en 2019 a marqué la pop. Alors âgée de seulement 18 ans, Billie Eilish livrait déjà un mature et habile télescopage de pop, hip-hop, électro, ballade, ukulélé ou lignes gothiques dans des morceaux nonchalants et mélodiquement déliés.

Avec un air désenchanté, la Californienne chantait la déprime, le suicide, le Xanax ou l'homosexualité comme personne, avec des caresses pop ouatées dans la voix. Si bien que sa cote de popularité a rapidement explosé et que son talent précoce s'est logiquement vu récompenser aux MTV Awards ou Grammy Awards, achevant de transformer Billie Eilish en phénomène générationnel et héroïne du mal-être adolescent.

Cinq ans et deux génériques de films à succès plus tard (le James Bond "Mourir peut attendre" et "Barbie"), son troisième album intitulé  "Hit Me Hard And Soft" explore à nouveau les registres d'une pop émotionnelle en forme de journal intime. En dix chapitres, la chanteuse évoque l'échec amoureux, l'amour lesbien et la dépression ("L'amour de ma vie"), la pression du succès, l'apparence physique via la question de l'anorexie ("Skinny") ou la violation de sa sphère privée par un fan intrusif ("The Diner").

>> A voir, le clip de la chanson "Lunch" de Billie Eilish:

Sincérité du propos et minimalisme pop

Toujours avec la complicité de son frère Finneas O’Connell, multi-instrumentiste, compositeur et producteur, la chanteuse déroule une trame mélancolique entre instrumentations organiques et synthétiques. Le répertoire lancinant, parfois enluminé par un quatuor à cordes ou accéléré par des saillies électro-disco, colle à la sincérité du propos murmuré de Eilish en cultivant un minimalisme pop.

Entre douceur sentimentale et noirceur existentielle, authenticité et sophistication, ce troisième album parsemé de belles et évidentes mélodies reste ainsi fidèle à l'image ambivalente de son autrice. Mais "Hit Me Hard And Soft", par sa maîtrise tout en retenue et une dimension moins anxiogène, pourrait tout aussi bien ressembler à l'épilogue adulescent de la trilogie discographique de Billie Eilish.

World Opinions - RTS Culture

Omar Sy publie un livre... « Viens, on se parle » : vie aux États-Unis, enfance en France, avis sur l’actualité

 

Choix de vivre aux États-Unis, famille, religion, montée de l’extrême droite et de la violence chez les jeunes, polémique Aya Nakamura… l’acteur de 46 ans se dévoile dans un livre aux éditions Albin Michel « Viens, on se parle », co-écrit avec la journaliste du Nouvel Obs, Elsa Vigoureux.

Ses prises de parole sont rares et toujours scrutées avec intérêt. Mercredi 24 avril, Omar Sy a publié un livre aux éditions Albin Michel « Viens, on se parle », co-écrit avec la journaliste du Nouvel Obs, Elsa Vigoureux. La reporter a suivi l’acteur préféré des Français pendant trois ans, entre Paris, Los Angeles et le Sénégal pour restituer une « conversation libre ».

Choix de vivre aux États-Unis, famille, religion, montée de l’extrême droite, violence chez les jeunes, racisme et injustices, polémique Aya Nakamura… l’acteur de 46 ans se livre : « Fils d’immigrés d’Afrique de l’Ouest, grandi en banlieue, noir et musulman : ça fait ce cocktail que vous appelez « symbole » et cela devient politique. »

Choix de vivre aux États-Unis

Omar Sy, sa compagne Hélène et leurs cinq enfants sont installés à Los Angeles depuis 2012, après le succès d’Intouchables. Une décision prise avant tout dans l’intérêt de ses enfants, Selly (23 ans), Sabah (21 ans), Tidiane (18 ans), Alhadji (15 ans) et Amani-Nour (7 ans). « Je voulais protéger mes enfants. Ils n’ont rien à voir avec ça et en tant que père, je ne voulais pas qu’ils en subissent les conséquences, qui auraient pu être dramatiques pour eux. J’ai choisi de les enlever de l’équation », confie l’acteur dans une interview pour Le Nouvel Obs.

Et à « ceux qui le traitent d’exilé fiscal », Omar Sy répond : « Ce sont les mêmes gens d’extrême droite qui me qualifient d’ingrat envers la France, pays sur lequel ils crachent à longueur de journée. Ce qui n’est pas mon cas. » Celui qui tient le rôle principal de la série « Lupin » ajoute : « Si je montrais ma feuille d’impôt, ça fermerait pas mal de becs. Je suis énormément taxé, mais je n’ai pas à en apporter la preuve […] Est-il utile de préciser à ceux qui voudraient trop l’oublier que je suis aussi un citoyen français, et qu’à ce titre je paie des impôts à la France, chaque fois que j’y travaille. »

Montée de l’extrême droite

Dans le Nouvel Obs, l’acteur réagit à la polémique autour d’Aya Nakamura, dont le nom tourne en boucle dans les conversations et dans les médias depuis que le magazine L’Express a émis l’idée qu’elle chante un morceau d’Edith Piaf à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet. La Franco-Malienne est depuis dénigrée par l’extrême droite.

« Je fais le constat désolant qu’on en est là, en France. Qu’en 2024 il y ait encore un débat sur une artiste comme Aya Nakamura, dont je salue le parcours et le grand talent… On verra où en sera la France aux prochaines élections… Tout ce que je peux vous dire, c’est que mon optimisme est mis à rude épreuve en ce moment », a déclaré Omar Sy, à l’heure où l’extrême droite monte partout en Europe et notamment en France.

« À une génération près, j’aurais été un de ces mômes qui veulent voir ailleurs (en référence aux migrants) », Omar Sy, dont le père Sénégalais a immigré en France en 1962.

Montée de la violence chez les jeunes

Omar Sy parle aussi de sa jeunesse dans une banlieue défavorisée de Trappes et de son regard sur la montée de la violence chez les jeunes. « Je ne me reconnais plus en eux (les jeunes). Leur violence me dépasse, je suis déphasé, je ne suis plus de ce monde-là. On a changé d’époque. Le nouveau monde sous nos pieds, ce n’est pas le nôtre. Tout ce que je connais de la banlieue, je ne peux rien en dire, sauf à parler de la mienne, de mon temps, de mes lieux, des miens », explique l’acteur qui se souvient d’une scène qui a mal tourné lors du tournage de la saison 2 de Lupin, à Nanterre.

Il raconte avoir été frôlé par un tir de mortier tiré par des jeunes et s’être réfugié dans un kebab avec son équipe le temps que la situation se calme. « Quand ressort de là, on se rend compte qu’ils ont tout pris : caméras, perches, consoles, objectifs, tout le matos du tournage. Certains ont été terrifiés, jusqu’à croire à un attentat. »

Se préserver

L’acteur dit être revenu à la religion en 2010. « Je vivais des choses incroyables, je faisais des trucs incroyables, j’offrais des moments incroyables aux miens. C’était trop. Il fallait croire en Dieu, sinon on finit vite par penser qu’on est soi-même Dieu », explique-t-il, tout en décrivant la prière comme « une bonne douche » qui « fait du bien » : « Ou un peu comme quand tu as les mains pleines de courses, et que tu te poses, tu lâches les sacs. »

Même s’il se confie longuement, Omar Sy tient à conserver son intimité pour se préserver de « la comparaison » et de la « jalousie » comme il l’a souligné sur l’antenne de RTL ce jeudi matin : « Quand c’est personnel, quand c’est l’intime, c’est autre chose. Ces sujets-là (la sexualité et l’argent), les gens sont carnivores, c’est hyper malsain l’intérêt de ce truc-là dans notre société. Je n’ai pas envie de nourrir ça, de mettre de l’eau dans ce moulin-là. »

World Opinions - Le Nouvel Obs - La voix du Nord

Cinéma. Deux fictions "Civil war" et "La Fièvre".. La guerre civile, un sujet qui occupe nos écrans.. Vidéos


 Sur les écrans, grands ou petits, le sujet de la guerre civile se déploie. Actuellement, deux fictions "Civil war" et "La Fièvre" captivent l'attention du public, des critiques et même des sphères politiques.

 

Le long-métrage "Civil war" du Britannique Alex Garland met en scène Kirsten Dunst en photoreporter dans une Amérique en proie à une guerre civile et confronté à la sécession de la Californie et du Texas. Le film, qui s'attache à décrire avec le plus grand réalisme possible le chaos et la sauvagerie qui menaceraient les Etats-Unis à court terme, a été en tête du box-office nord-américain pendant deux semaines.

Diffusée sur Canal+, la série d'Eric Benzekri "La Fièvre" dépeint, elle, un emballement généralisé de la France après une altercation entre un joueur de football noir et son entraîneur, traité de "sale toubab" ("blanc" en wolof) lors d'une cérémonie de remise de trophées. Après le succès de sa précédente série "Baron Noir", consacrée à la politique politicienne, le réalisateur explique avoir voulu en faire le "contrechamp", en radiographiant cette fois-ci la France du point de vue de "la société".

C'est dans le livre "Le monde d'hier" de Stefan Zweig qu'Eric Benzekri a pioché le titre de sa série, comme un écho à l'auteur viennois qui racontait l'Europe du début du siècle dernier, embrasé par le nationalisme: "Des amis que j'avais toujours connus comme des individualistes déterminés s'étaient transformés du jour au lendemain en patriotes fanatiques. Toutes les conversations se terminaient par de grossières accusations. Il ne restait dès lors qu'une seule chose à faire: se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre."

De son côté, "Civil war" a ravivé les craintes d'un possible effondrement, résultat d'une polarisation de la société américaine. "Les Etats-Unis sont-ils à la veille d'une nouvelle guerre civile?" était d'ailleurs le titre d'un récent débat sur les ondes de la RTS.

"La Fièvre", elle, a motivé la publication par la Fondation Jean-Jaurès, think tank plutôt de gauche, d'une trentaine d'analyses signées par d'éminents politologues ou sociologues, dont l'auteur italo-suisse Giuliano da Empoli, auteur du "Mage du Kremlin". Ce n'est pas tous les jours qu'une série suscite une analyse politique.

Selon Giuliano da Empoli, "La Fièvre" constitue un acte politique majeur. "La série est la preuve éclatante que chacun doit trouver sa forme pour faire de la politique, si tant est qu'on ait encore envie d'en faire."

Mais pourquoi ces histoires captivent-elles autant? Peut-être cherchons-nous, à travers ces récits, à anticiper ou à prévenir les crises à venir. Pour la Fondation Jean-Jaurès, "La Fièvre" représente une prophétie à rejeter, une invitation à trouver des solutions dans la fiction plutôt que dans la fatalité.

"C'est la possibilité de discuter des tensions identitaires qui agitent le pays, et même qui le fracturent, hors des faits divers. Ce qui m'importe, c'est le collectif: comment on essaie de vivre ensemble alors qu'on est des Gaulois. C'est-à-dire des gens qui ne parlaient pas la même langue il y a deux siècles", explique Eric Benzekri, sur France Inter.

>> Voir l'interview d'Eric Benzekri sur France Inter:

Ces récits, bien que fictifs, résonnent avec la réalité politique: les élections européennes approchent, du 6 au 9 juin, suivies de près par la présidentielle américaine, le 5 novembre. Le thème de la crise identitaire est au coeur de ces campagnes. En octobre, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a rapporté que le président Emmanuel Macron lui aurait dit qu'il ne souhaitait pas dissoudre les organisations politico-religieuses en France par "risque de conduire le pays à la guerre civile".

World Opinions - RTS Culture


Le sitar voyageur d’Anoushka Shankar.. - Pacifica.. Vidéo

 

La musicienne indo-britannique, qui publie le deuxième chapitre d’une trilogie intégrant son noble instrument dans la musique minimaliste, joue en tournée au sein d’un quintette improvisateur.

Le 29 novembre 2002, le monde du rock découvrait avec curiosité et émerveillement Anoushka Shankar au prestigieux Royal Albert Hall à Londres. Un peu comme il avait pu entendre, une trentaine d’années plus tôt, de la musique indienne grâce à la présence de son père aux festivals de Monterey et de Woodstock, puis au Concert pour le Bangladesh, à New York. 

Ravi Shankar (1920-2012), le plus fameux sitariste de l’histoire, avait transmis le flambeau à sa benjamine, âgée de 21 ans, pour qu’elle ouvre la soirée en hommage au disciple britannique George Harrison, principal passeur du luth à long manche en Occident.

Deux décennies plus tard, Anoushka Shankar a tracé sa route avec une œuvre discographique comprenant neuf albums, format qu’elle a délaissé au profit de la version réduite, l’EP How Dark It Is Before Dawn, publié le vendredi 5 avril, est le deuxième « chapitre » d’une trilogie débutée en octobre 2023 avec Forever, for Now, qu’elle présente actuellement en tournée européenne.

                           

 L’objet est moins visible que Visions (Blue Note), neuvième opus de sa sœur Norah Jones. Ce qui n’a pas empêché Anoushka Shankar d’afficher complet, en amont de la parution, pour deux soirées parisiennes à la Cité de la musique, à Paris, où nous l’avons rencontrée, le 4 avril.

La fille de la productrice new-yorkaise de concerts Sue Jones et celle de Sukanya Rajan, joueuse de tampoura (luth à quatre cordes), n’ont jamais été concurrentes, plutôt complémentaires, la première posant même sa douce voix sur le sitar de la seconde pour trois titres de Traces of You (2013). L’une est une chanteuse et pianiste américaine, dont les humeurs jazz et folk, country et pop, lui ont permis de vendre plus de 50 millions de disques. L’autre une sitariste indo-britannique avec un accent californien attrapé à San Diego, qui a commencé à l’âge de 8 ans l’apprentissage de son instrument. Le pire possible pour exprimer sa singularité.

Par Bruno Lesprit - Le Monde Culture  / World Opinions

Livres. "L'affaire Midori" de Karyn Nishimura dévoile une face sombre de la société japonaise


 Premier roman choc de Karyn Nishimura, journaliste française en poste à Tokyo, "L'affaire Midori" part du procès d'une jeune mère infanticide pour porter un regard critique sur la société et la justice japonaises face à la détresse des plus démunis.

"Le tout petit corps reposait taillé en six dans des glacières pleines de litières. La tête et les membres d'un côté, le tronc de l'autre". Ces quelques lignes qui ouvrent "L'affaire Midori", paru le 2 février, plongent directement les lectrices et les lecteurs dans l'horreur d'un fait divers des plus macabres: celui de la découverte du corps d'une fillette de cinq ans tuée et démembrée par sa mère.

L'autrice Karyn Nishimura, journaliste française, correspondante à Tokyo pour la RTS, le journal français Libération ou encore Radio France, publie là son premier roman. Une fiction dans laquelle "tout est presque vrai", est-il précisé en préambule de l'ouvrage. Et dans ce "presque", il y a, en particulier, le personnage de Midori Yamada, la mère infanticide. "C'est un personnage inventé, explique Karyn Nishimura dans le 12h30 du 12 février. Mais il est composé de multiples personnes que j'ai rencontrées, dont j'ai suivi les procès ou que j'ai simplement croisées à l'occasion de reportages. Et ce sont des personnes souvent dans la détresse".

La détresse des plus démunis

Midori est une jeune femme dévastée depuis la catastrophe de Fukushima qui a eu lieu en 2011. Habitant dans la région sinistrée, elle a dû tout abandonner et partir. Durant les premiers mois suivant l'accident nucléaire, il est déjà difficile d'être accueilli, même dans un hôtel, lorsque l'on annonce venir de la région contaminée. La situation s'avère encore plus compliquée pour Midori qui est alors enceinte sans être mariée. Très rapidement, elle se retrouve dans la précarité. "Elle sombre parce qu'elle n'appelle pas au secours sa mère. Cela ne se fait pas, précise l'autrice. On est dans une société où la tristesse, la pauvreté, la misère et le chagrin ne se montrent pas. On garde ça pour soi".

Si l'on s'en tient aux reportages télévisés, ces prisonniers sont tous d'horribles criminels, mais ils ne sont pas que cela. Ce sont souvent des faibles qui ont été malmenés par la société, des malchanceux

Extrait de "L'affaire Midori" de Karyn Nishimura

Démunie, Midori finit par commettre l'irréparable en tuant juste après leur naissance des jumeaux non désirés, puis sa fille de cinq ans dont elle est incapable de s'occuper. Après avoir suivi son procès, la narratrice qui est - et ce n'est pas un hasard - une journaliste, décide de rencontrer Midori pour comprendre comment une mère peut en arriver à commettre un acte aussi incompréhensible et impardonnable. L'occasion pour Karyn Nishimura de décrire un Japon dans lequel les populations précaires sont les oubliées du système, un Japon où la peine de mort est encore en vigueur, un Japon où les médias dérapent parfois.

Je voulais montrer que s'il y a beaucoup de beaux aspects dans la société japonaise, il y a aussi beaucoup de tristesse, de chagrin et de détresse. 

Karyn Nishimura, autrice de "L'affaire Midori"

Exprimer des sentiments et de l'émotion

Mais pourquoi avoir voulu passer par la fiction alors qu'en tant que journaliste, Karyn Nishimura a tout le loisir de parler et d'écrire sur ce pays dans lequel elle vit depuis plus de vingt ans?

"Je voulais mettre des sentiments, de l'émotion et de la compréhension. Je voulais mettre des interrogations, du chagrin, de la tristesse, du ressenti", détaille la Française. Avant de poursuivre: "J'avais vraiment besoin d'exprimer ce que, en tant que journaliste, je peux ressentir face à la détresse à laquelle je suis confrontée quasi quotidiennement. Je voulais aussi mettre ce que pouvaient ressentir les autres, ceux que je croise. Et puis je voulais également montrer que s'il y a beaucoup de beaux aspects dans la société japonaise, il y a aussi beaucoup de tristesse, de chagrin et de détresse.

Les limites du journalisme

Si le roman de Karyn Nishimura, à la rigueur et à la précision proches d'une enquête journalistique, porte un regard critique sur la société et la justice japonaises, c'est aussi une remise en question des fondements du travail des médias. "Nous parlons des gens, mais nous ne savons rien de leur histoire", analyse-t-elle.

Constatant les limites de la couverture médiatique sur ce type d'affaires, sa narratrice décide de rencontrer Midori et comprend que si celle-ci est coupable, elle est aussi et peut-être surtout, une victime. Une prise de conscience qui ne va pas être sans conséquences, puisque cette narratrice finira par quitter ses fonctions de journaliste. Une idée qui a aussi traversé quelques fois l'esprit de Karyn Nishimura, mais à laquelle elle n'a pas cédé.

Par Manuela Salvi - RTS Culture

Bob Marley et les histoires que vous ne saviez pas sur lui.. Vidéo

 

Le nouveau film, One Love, célèbre la vie et la carrière du légendaire musicien reggae jamaïcain Bob Marley.

Le film retrace le parcours du musicien, de son enfance rurale jamaïcaine à la célébrité, et présente des histoires et des événements bien connus.

Mais il existe de nombreux faits moins connus sur l'icône. Voici quatre choses que vous ne saviez peut-être pas sur la star du reggae.

1. Icône J-Reggae

Saviez-vous que Bob Marley a contribué à populariser le reggae au Japon ?

En 1975, Marley s'est rendu au Japon. Selon le magazine japonais Sabukaru, le chanteur s'est lié d'amitié avec le célèbre percussionniste Masahito "Pecker" Hashida.

Cela a conduit à une collaboration musicale sur deux albums influents : Pecker Power en 1980 (avec Marley) et Instant Rasta en 1981, tous deux enregistrés aux studios Channel One en Jamaïque.

Ces albums réunissent des artistes jamaïcains et japonais et ont joué un rôle important dans la popularité du reggae au Japon.

Aujourd'hui encore, le reggae est populaire au Japon et est célébré lors d'événements tels que le célèbre festival de reggae de Yokohama ou Yokohama Reggae Sai, qui a lieu tous les étés entre juillet et septembre.

L'ancien dirigeant jamaïcain Michael Manley sur scène avec Marley lors du concert "One Love Peace".

2. Lauréat du prix des Nations unies

Marley est bien connu pour ses paroles de chansons politiques et socialement conscientes.

Mais saviez-vous qu'en 1978, les Nations unies lui ont décerné la médaille de la paix ?

Cette médaille récompensait le travail du chanteur en faveur de la paix et de la justice à une époque de troubles politiques en Jamaïque.

Plus tôt dans l'année, Marley s'était produit au One Love Peace Concert à Kingston, en Jamaïque.

Ce concert avait pour but d'apaiser la violence des gangs sectaires et Marley s'était illustré en réunissant des rivaux politiques pour qu'ils se serrent la main sur scène.

Le prix des Nations unies a été décerné au chanteur quelques mois plus tard au Waldorf Astoria de New York, par la délégation africaine auprès des Nations unies.

3. Marley le chiromancien

Avant de devenir musicien, Bob Marley était chiromancien dans sa ville natale de St Ann, en Jamaïque.

Enfant, il lisait les lignes de la main de ses amis et voisins pour leur prédire l'avenir.

Selon Allan "Skill" Cole, ami proche et confident du chanteur, de nombreuses prédictions de Marley étaient assez précises et il a décrit le chanteur comme un "mystique naturel".

Mais Cole, qui a géré les tournées de concerts de Marley dans les années 1970, a également déclaré que la pratique de la lecture des lignes de la main était mal vue en Jamaïque à l'époque.

La communauté rastafari qui entourait Marley l'a exhorté à renoncer à la lecture des lignes de la main.

Marley a accepté, mais pas avant d'avoir prédit à juste titre qu'il construirait un jour son propre studio d'enregistrement.

4. Ouvrier de l'usine Chrysler

Tout en luttant pour gagner de l'argent en tant que musicien, Marley a brièvement travaillé dans une usine automobile Chrysler dans l'État américain du Delaware.

En 1966, malgré quelques succès Ska en Jamaïque, Marley n'a toujours pas réussi à se faire une place dans l'industrie musicale.

Il quitte donc son pays pour Wilmington, dans le Delaware, où sa mère, Cedella Booker, vit depuis la mort du père de Marley en 1955.

Pendant son séjour de dix mois, le chanteur travaille à la chaîne de montage de Chrysler et conduit un chariot élévateur à la nuit tombée.

Selon ses amis, ce dernier emploi lui a inspiré la chanson Night Shift, qui figure sur son album Rastaman Vibration, sorti en 1976.

Par Aaron Akinyem - BBC Culture - World Opinions

Affaire Depardieu : les artistes qui ont signé la tribune en faveur de l'acteur montrent leur propre "sentiment de culpabilité", analyse une chercheuse

 

Pour Bérénice Hamidi, enseignante à l'université Lumière Lyon 2, cette tribune montre une "exception culturelle du cinéma français, qui refuse de considérer les actes commis par des artistes comme des violences et de les condamner".

Nathalie Baye, Carole Bouquet, Jacques Weber, Pierre Richard ou encore Gérard Darmon... Autant d'actrices et d'acteurs qui figurent parmi la cinquantaine d'artistes signataires d'une tribune de soutien intitulée "N'effacez pas Gérard Depardieu", publiée lundi 25 décembre dans Le Figaro. Ils s'expriment quelques jours après qu'Emmanuel Macron a pris la défense de l'acteur, mis en examen pour viols et agressions sexuelles depuis 2020, par des mots qui ont suscité la critique.

Le comédien est de nouveau au cœur de la polémique depuis la diffusion, le 7 décembre sur France 2, d'un numéro du magazine "Complément d'enquête", dans lequel on voit et on entend l'acteur tenir des propos obscènes à l'égard des femmes, ainsi que d'une fillette dans un haras, en Corée du Nord, en 2018. "Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma", écrivent notamment les signataires de la tribune, qui dénoncent un "lynchage qui s'abat sur lui".

Comment expliquer un tel soutien d'une partie du milieu culturel français, malgré le retentissement causé par le mouvement #MeToo ? Franceinfo a interrogé Bérénice Hamidi, enseignante-chercheuse et professeure en esthétiques et politiques des arts vivants à l'université Lumière Lyon 2, pour comprendre la lente prise de conscience, voire son absence, dans le septième art en France.

Franceinfo : La vague #MeToo, qui a donné lieu à un mouvement de prise de parole publique des victimes de violences sexistes et sexuelles, est venue du monde du cinéma américain. Mais en France, ce milieu semble montrer des signes de surdité. Est-ce une spécificité de notre pays ?

Bérénice Hamidi : Oui, il y a une volonté de couvrir les voix des victimes par d'autres, dotées d'un fort écho médiatique, qui démentent et discréditent ces paroles. Que le mouvement #MeToo vienne du cinéma n'est pas anodin. C'est un milieu exposé aux violences sexistes et sexuelles, parce que ce sont des métiers précaires, parce que tout au long de la carrière la sélection repose sur des logiques de séduction, parce que la frontière entre vie privée et vie professionnelle est floue, tout comme la frontière entre réalité et fiction. 

Mais il y a une véritable exception culturelle du cinéma français, qui refuse de considérer les actes commis par des artistes comme des violences et de les condamner. C'est dit explicitement dans la tribune ou dans le discours du président de la République : Gérard Depardieu ne saurait être traité comme un homme ordinaire parce qu'il a du talent.

"L'échelle de valeur est claire : la vie des femmes qui se disent victimes de l'homme Depardieu ne vaut rien en comparaison de ce que vaut Depardieu l'artiste, et dénoncer les actes de cette personne, c'est attaquer l'art."

Bérénice Hamidi, enseignante-chercheuse à l'université Lumière Lyon 2 à franceinfo

Selon cette conception, les lois ordinaires ne s'appliquent pas aux artistes. Notre conception de l'art est encore très marquée par la figure de l'artiste maudit héritée du XIXe siècle et par l'idée que créer supposerait de transgresser les lois ordinaires auxquelles est soumis le commun des mortels, de se connecter aux forces obscures, et donc impliquerait forcément souffrance et violence. D'où ce régime d'exception : cette impunité n'existe qu'en France. Cette croyance naïve qu'il faudrait détruire ou se détruire pour faire un chef-d'œuvre ou être un génie est un des socles de la culture du viol à la française.

Que révèlent, selon vous, ces soutiens apportés à Gérard Depardieu ?

Cette tribune peut se lire comme un mécanisme de défense collectif qui part d'un sentiment de culpabilité. Toutes les personnes témoins du comportement de Gérard Depardieu savent, au fond d'elles-mêmes, qu'elles ont été complices. L'actrice Anouk Grinberg a récemment déclaré que Gérard Depardieu était "un des monstres sacrés du cinéma", ce qui "l'a autorisé à devenir monstre tout court". Mais il ne s'est pas autorisé tout seul. La responsabilité des personnes qui ont laissé proliférer son sentiment de toute-puissance est immense : ce sont elles qui ont créé le monstre. Certains ont laissé faire par lâcheté, d'autres se défendent ou défendent à travers Depardieu des proches qui se sont comportés de façon similaire.

N'est-ce pas également l'expression d'une lutte de classes ?

Effectivement, on sent des mécanismes d'alliance de classe. C'était déjà le cas pour l'affaire Roman Polanski. Quand, il y a quelques années, Fanny Ardant avait dit qu'elle suivrait le cinéaste jusqu'à l'échafaud, on a un peu l'impression de voir un inconscient à ciel ouvert ! Elle ne se vit pas comme une femme mais comme Marie-Antoinette, d'où son absence d'empathie pour des femmes dominées socialement.

Quant à l'actrice Carole Bouquet, elle affirme qu'il est "incapable de faire du mal à une femme", car elle a vécu dix ans avec lui. Mais ce n'est pas parce qu'elle n'a pas vu une face de sa personnalité qu'il ne l'a pas. Quand elle ou d'autres disent : "C'est Gérard", cette formule désigne aussi un être de fiction. "Gérard", ce n'est pas une personne, c'est le colonel Chabert, Cyrano de Bergerac...

Dans l'expression "ça va, c'est Gérard", on retrouve l'argument classique de la "séduction à la française" qui confond tristement séduction et agression. On entend aussi une piètre façon de maquiller en défense d'un humour graveleux la peur de déplaire à un homme de pouvoir. Mais on entend surtout l'impunité et même l'immunité spécifique dont jouissent les artistes qui commettent des violences sexuelles. Cela s'explique par le fait qu'ils ne sont pas considérés comme des personnes mais comme des êtres plus grands que nature, presque des personnages de fiction. On ne peut pas lui appliquer la loi ordinaire des hommes, il a en quelque sorte une immunité absolue. Il bénéficie de la peur, dont bénéficient tous les hommes de pouvoir. 

Les signataires de la tribune écrivent : "Se priver de cet immense acteur serait un drame, une défaite. La mort de l'art. La nôtre." Y voyez-vous une volonté de "séparer l'homme de l'artiste" ?

Après la diffusion de "Complément d'enquête", certains ont voulu croire que les images étaient fausses, parce qu'il leur était tout de même insupportable que Gérard Depardieu ait bel et bien sexualisé une fillette de 11 ans. Il a été prouvé que les images sont authentiques, alors ils passent à l'argument infondé de la présomption d'innocence, de l'art et de la séduction, quand ce qu'ils défendent, c'est la liberté des puissants d'écraser les plus faibles et la liberté des hommes d'humilier verbalement et de détruire psychologiquement, voire physiquement les femmes, sur les plateaux, en coulisses, dans les œuvres.

Heureusement, des voix s'élèvent, comme celles des actrices Adèle Haenel, Judith Godrèche, Anouk Grinberg ou, à sa manière, Isabelle Adjani. Ecoutons-les. Le monde qu'elles portent est bien plus lumineux et désirable.

Par Violaine Jaussent - France info

Livres. Le Goncourt des détenus décerné à Mokhtar Amoudi pour son roman "Les Conditions idéales"

La deuxième édition de ce prix mettait en compétition seize écrivains et écrivaines. Le lauréat a été désigné à l’issue de délibérations au sein des établissements pénitentiaires.

Le prix Goncourt des détenus a été décerné, jeudi 14 décembre, à Mokhtar Amoudi pour son roman Les Conditions idéales (Gallimard). C'est la deuxième édition de ce prix créé en 2022, qui, comme son nom l'indique, est remis par des détenus, qui doivent départager 16 romans sélectionnés en septembre par l'Académie Goncourt.

Les délibérations ont lieu entre volontaires au sein des établissements pénitentiaires, puis confrontent le choix des différents établissements, au niveau régional puis national.

Un premier roman autobiographique

Les Conditions idéales , publié en août aux éditions Gallimard, est le premier roman de cet auteur de 35 ans, cadre à la Caisse des dépôts. D'inspiration autobiographique, il raconte le parcours d'un enfant de la banlieue parisienne, Skander, abandonné par sa mère et confié à l'Aide sociale à l'enfance.

Lors des délibérations régionales d'Île-de-France, ouvertes à la presse, plusieurs détenus jurés avaient expliqué avoir été touchés par le récit de Mokhtar Amoudi, qui mettait en avant l'importance des bonnes et des mauvaises fréquentations dans un destin individuel, et qu'ils avaient jugé très réaliste.

Le jeune auteur était en compétition avec quinze autres romanciers et romancières, parmi lesquels Jean-Baptiste Andrea, lauréat du Goncourt pour Veiller sur elle, et Neige Sinno, Goncourt des lycéens pour Triste tigre.

Le prix est soutenu financièrement par le Centre national du livre. Il est remis à Paris en présence des ministres de la Culture, Rima Abdul Malak, et de la Justice, Éric Dupond-Moretti.

Les Conditions idéales, Mokhtar Amoudi, éditions Gallimard, 256 pages (21 euros)

World Opinions - France Culture

 

Cinéma. “Augure”, un conte onirique qui ensorcelle la critique.. Vidéo

En salle ce 29 novembre, “Augure”, réalisé par Baloji, met en scène les destins de Congolais aux prises avec des accusations de sorcellerie. Projeté dans la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes, le film a surpris la critique par sa narration poOnirique, inventif et très coloré, Augure, en salle ce 29 novembre, a séduit la critique belge et africaine. Ce premier long-métrage de Baloji, cinéaste et artiste belge d’origine congolaise, emporte les spectateurs dans un univers empreint de réalisme magique qui interroge les ravages du patriarcat en République démocratique du Congo (RDC).

Auréolé du prix Une nouvelle voix dans la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes, le film est une “fiction ancrée dans des sujets très réels, en l’occurrence les répercussions d’une société patriarcale”, explique le site panafricain Okay Africa.

“À première vue, le film raconte l’histoire d’un homme [Koffi, joué par Marc Zinga] jadis banni par les siens qui retourne en RDC, mais il se divise vite en plusieurs parties qui emmènent le spectateur vers d’autres territoires émotionnels”, précise Okay Africa.

Augure débute ainsi sur l’arrivée mouvementée en RDC de Koffi, installé en Belgique, et de sa femme belge Alice (Lucie Debay). Mais la narration devient peu à peu polyphonique, et “Baloji convoque tout un monde de couleurs et de sons pour mieux suggérer l’identité de ses quatre personnages en quête d’avenir et de rédemption : Maman Mujila (Yves-Marina Gnahoua), enfermée dans ses propres contradictions ; la sœur Tshala (Eliane Umuhire) en quête d’un avenir meilleur ; mais aussi Paco (Marcel Otete Kabeya), l’enfant des rues passé maître dans l’art de l’illusion, en quête de reconnaissance tout autant que Koffi face à son père absent”, poursuit La Libre Belgique.

Changer les assignations sociales

Né en 1978 à Lubumbashi, deuxième ville de RDC, Baloji a grandi en Belgique, où il s’est fait connaître en tant que chanteur et artiste visuel. Dans ce premier long-métrage à l’esthétique léchée, il y a beaucoup de lui-même. “Le nom même de Baloji joue avec la notion de sorcellerie : selon le côté de la colonisation où l’on se trouve, il peut signifier ‘diable’ ou ‘homme de science’”, indique Okay Africa.

Le cinéaste explique au site africain être “obsédé par les questions de l’assignation sociale et de la façon dont une culture peut changer”.

Son long-métrage, “nourri d’un imaginaire fertile et menaçant, est hanté par les réminiscences d’une enfance pleine de trous, de silences et de manques”, relate La Libre Belgique. En mettant en scène le retour au pays de Koffi, “c’est en partie sa propre histoire que le réalisateur ausculte et dépiaute tout en reflétant la violence, le chaos mais aussi l’incroyable vitalité de la société congolaise, saisie à travers des tableaux à l’enivrante beauté plastique”.

Plongée dans une Afrique méconnue

Le cinéaste livre une plongée dans “l’Afrique des luttes intestines et celle encore habitée par des relents de colonialisme”, souligne Le Soir, un autre quotidien bruxellois, estimant qu’“on y marche sur un nuage comme dans la crasse, car l’évasion est plus facilement imaginaire face à une dure réalité”.

Bluffé par les “punchlines visuelles” du réalisateur, le quotidien belge L’Écho apprécie les symboliques fortes portées à l’écran. Mais il aurait aimé voir creuser davantage le regard occidental “sur une société africaine qu’on connaît peu”, présentée à travers Koffi et sa femme. Le journal regrette que plusieurs angles soient ensuite juxtaposés dans une mise en scène kaléidoscopique. Selon lui, “les histoires se chevauchant plus qu’elles ne s’imbriquent, l’ensemble laisse l’impression d’être un peu décousu”.

Le cinéaste a voulu justement bousculer les conventions du cinéma occidental. “Nous vivons dans une société qui nous dit qu’un récit ne peut porter que sur un seul personnage, qu’il faut être naturaliste et coller à la réalité”, affirme Baloji à Okay Africa. Mais “il est important que nous voyions les choses sous des angles différents, à partir de perspectives différentes. C’est absolument crucial.”

Ouvrir le regard à la complexité

En centrant son scénario sur le refus de l’assignation à la sorcellerie, il ouvre le regard à une complexité, juge pour sa part Le Soir, reconnaissant qu’“on se perd parfois dans les histoires croisées car tout s’emmêle, tout devient fouillis mais rien n’est consensuel”.

Le journal souligne que le film ne s’inscrit ni dans une tradition naturaliste ni “dans la tradition d’un cinéma financé par les institutions européennes et répondant à certains codes narratifs”.

“En résulte un film foisonnant et envoûtant, visuellement explosif, mariant les métaphores, l’onirisme et le réel avec générosité pour mieux appréhender la complexité et la diversité de la société congolaise à travers des points de vue multiples”, proclame La Libre Belgique.

L’humour et le mysticisme qu’injecte Baloji dans sa mise en scène enthousiasment tout autant Le Soir : “C’est magique.”

Courrier International est partenaire de ce film.

Par Oumeïma Nechi - Courrier International

 

Arts. Téhéran, objet d'analyse de la photographe Hannah Darabi

 

Le Centre pour la photographie de Genève regroupe deux projets de lʹartiste Hannah Darabi sur la culture visuelle liée à lʹIran, pays d'origine de la photographe. "Soleil of Persian Square" et "Haut Bas Fragile" sont à découvrir jusqu'au 19 novembre.

Des racines qui reprennent racine ailleurs: là se situe tout l'enjeu du travail de la photographe Hannah Darabi. Malgré la distance avec le pays fui, l'Iran, au moment de la révolution de 1979, ces racines résistent et font fleurir un doux mélange entre terre natale et terre d'accueil, en l'occurrence Los Angeles, aux Etats-Unis, donnant naissance à un troisième territoire fictionnel nommé par contraction "Tehrangeles".

Dans son exposition "Soleil of Persian Square", l'artiste née en 1981 mélange des images prises dans le quartier de la diaspora iranienne de Los Angeles avec des vues de Téhéran, comme une plongée dans une histoire aux multiples entrées. Il est frappant de constater dans cet exode que ce sont les chanteurs de variété iraniens qui, dès la révolution de 1979, se sont installés à Los Angeles pour pouvoir poursuivre leur activité artistique. C'est donc par cette culture populaire que cette communauté va se souder.

Des similitudes urbanistiques

L'une des questions de la photographe était de savoir pourquoi autant d'Iraniens avaient émigré dans cette partie précise des Etats-Unis. "Je suis tombée sur une étude urbanistique récente qui révélait que dans les années 1960, qui sont des années importantes pour la modernité iranienne, le plan directeur de la ville de Téhéran avait été fait par deux architectes, un Iranien et un Austo-Américain du nom de Victor Gruen. Or, ce Victor Gruen est l'architecte de Los Angeles", explique à la RTS l'artiste.

Le plan montre des similitudes importantes entre les deux grandes villes, notamment les autoroutes qui relient les quartiers entre eux. "Depuis 2016, je suis installée à Paris, raconte Hannah Darabi. J'ai remarqué que [les autoroutes] n'étaient pas un élément naturel de la ville. A Paris, il y a un périphérique, mais il ne traverse pas les quartiers de la même manière".

L'Iran toujours au centre de sa démarche

L'Iran est au coeur de la démarche artistique de la photographe et l'a toujours été. Ses travaux posent la question passionnante de comment composer avec le fantasme que l'autre se fait de notre personne ou de notre culture. Avec son statut d'artiste iranienne qui vit à Paris, elle y est constamment confrontée. Comme si l'on attendait quelque chose lié à son identité géographique dans son travail.

Parole d'Hannah Darabi, si elle vivait à Téhéran, elle ne traiterait pas de sa ville. "Parce que quand je vivais à Téhéran, la ville avait une présence très proche de moi. (...) Après six ou sept ans à vivre à Paris, j'ai commencé à pouvoir sortir de ce sentiment très fort vis-à-vis de ce lieu et à le traiter comme un objet d'analyse. (...) A Paris, je m'interroge beaucoup par rapport à qui je suis parce que les gens me posent de questions. (...) Avec l'âge et la distance, je pense que c'est le moment de comprendre pourquoi la ville me suit, pourquoi la révolution de 1979 reste une question très importante pour ma génération. (...) Ne pas être sur place a des avantages finalement".

World Opinions - RTS Culture

Album. “Tension” de Kylie Minogue : le retour euphorique d’une icône pop.. Vidéo

 

L’Australienne Kylie Minogue est de retour sous son plus beau jour, en reine de la nuit, et la critique anglophone salue le retour réussi de la superstar de la pop. “Tension”, sorti le 22 septembre, célèbre avec panache l’esprit de la fête, de l’amour et du sexe.

“Ne sous-estimez jamais une reine du come-back”, prévient The Sydney Morning Herald. Le quotidien australien applaudit le retour sur le devant de la scène de l’enfant du pays. Avec Tension, sorti le 22 septembre, Kylie Minogue signe un nouvel album parfait pour “plonger un dance floor dans l’euphorie”, sur des paroles célébrant l’esprit de la fête, de la sexualité et de l’amour.

Le succès en mai de Padam Padam, “son plus gros tube depuis plus de dix ans, un morceau intergénérationnel”, annonçait déjà la couleur, explique le journal. La chanson était devenue virale, notamment sur TikTok. Ce qui fait dire à la revue spécialisée NME que “deux générations ont maintenant grandi avec sa musique, mais [que] l’éternelle showgirl de la pop entre dans sa phase ‘patrimoniale’ sans s’endormir sur ses lauriers”.

“L’art du superficiel”

À 55 ans, l’Australienne livre ainsi un album “qui vient remettre la chérie des charts à sa juste place, celle de star d’une pop kitsch et queer ludique et aussi délicieuse que le rosé qui porte son nom”, applaudit The Times.

Dans les années 1990 et 2000, Kylie Minogue était déjà au firmament de la pop mondiale, rappelle Pitchfork, et elle s’y maintient en étant “maîtresse dans l’art du superficiel – et c’est un compliment”. Rien ne sert donc de surinterpréter les paroles d’un hit comme Padam Padam, car son charme se trouve ailleurs, analyse le site spécialisé dans l’actualité musicale.

Le titre, “qui a déjoué les attentes du secteur, est devenu un hymne officiel des Pride 2023, a ouvert un débat sur l’âgisme de la programmation à la radio britannique et aura été la bande-son de l’été, porté par un million de vidéos TikTok – c’est dire si la musique de l’Australienne reste rafraîchissante et polyvalente”.

Dans les quatre premiers morceaux du nouvel opus, la star invite les mélomanes à se déhancher sur des paroles célébrant la liberté sexuelle, “sans la moindre prétention philosophique, sans aspiration à rendre le monde meilleur et autres déclarations affectées comme s’en gargarise si souvent la chanson pop d’aujourd’hui”, renchérit The Times.

Kylie Minogue en couverture de “Rolling Stone”.Kylie Minogue en couverture de “Rolling Stone”. 

Ce 16e disque se déroule ainsi en “trente-six minutes sans ballade ni fausse note, rien que des morceaux façon claque ou bombe à paillettes”, détaille NME. Certains s’adressent aux fans historiques en faisant “des clins d’œil nostalgiques à des classiques de Kylie”. C’est le cas de One More Time, aux accents house du début des années 1990, ou de Vegas High, qui rappelle sa dance pop des années 2000.

La star, en couverture de l’édition britannique de Rolling Stone, affirme avoir été émue par le succès de Padam Padam. “J’ai le sentiment que tout un tas de bonnes choses s’alignent pour moi”, a-t-elle expliqué. Sur Tension, elle dit s’être entourée d’amis et collaborateurs de longue date, pour confectionner un disque sans thème particulier mais avec l’objectif de faire danser les foules.

Ce qui en fait, “de tous ses albums récents, le plus décontracté, et de loin le meilleur, revenant à une forme qui mise sur l’émotion immédiate et le mouvement, ce qu’elle a toujours fait de mieux”, loue Pitchfork.

Par Oumeïma Nechi - Courrier International

Littérature : dans son livre "Frères", Alexandre Jardin revient sur le suicide de son frère Emmanuel

Avec son ouvrage "Frères", Alexandre Jardin revient avec un livre autobiographique qui évoque le suicide de son frère, Emmanuel. Il assure notamment qu’une "famille toxique fait des suicides".

« Ce livre est mon secret, l’obscur le plus obscur de ma vie. » Le 11 octobre 1993, Emmanuel Jardin a tragiquement mis fin à ses jours. Trois décennies plus tard, son frère Alexandre est confronté au fantôme d'Emmanuel et au sentiment de culpabilité de celui qui est resté en vie.

 Il est l’un des auteurs francophones le plus lu au monde. En cette rentrée littéraire, il publie "Frères" (Albin Michel) qui revient sur la journée du 11 octobre 1993, la date du suicide de son frère. "Tous ceux qui sont confrontés à [ce genre d’événement] sont confrontés à de l’impensable", introduit l’auteur qui explique ne pas avoir parlé de son frère Emmanuel pendant "30 ans". Il se souvient de lui comme d’un "être transgressif" qui "n’avait pas de couvercle". Alors à sa mort, il a laissé de nombreuses énigmes.

"Une forme de transparence"

Interrogé sur son "succès coupable" dès son plus jeune âge, Alexandre Jardin répond : "Terriblement quand on aime son frère. On le vit mal. C’est invivable de voir son frère qui n’y arrive pas." "Au moment où le coup de fusil dans sa bouche retentit, je sais très bien que je ne l’ai pas protégé", regrette l’auteur qui avait 27 ans au moment des faits. Dans son livre, il revient également sur son Prix Femina, reçu pour son livre "Le Zèbre". "Quand vous écrivez un livre comme ça, vous ne pouvez pas l’écrire au bon niveau. Le bon niveau est une forme de transparence", assure l’écrivain qui précise que ce n’était pas possible d’écrire sur "Emmanuel en y allant prudemment". Pour conclure, Alexandre Jardin certifie qu’une "famille toxique fait des suicides".

World Opinions - France Culture

Cinéma. Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy et "Anatomie d'une chute" de Justine Triet : le beau succès de la rentrée.. Vidéos

Les sorties cinéma avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Anatomie d'une chute" de Justine Triet et "Banel & Adama" de la réalisatrice Ramata-Toulaye Sy.

Près de 400 000 entrées en une semaine pour Anatomie d'une chute de Justine Triet, fin août : pour un film d'auteur de 2h30, c'est un excellent démarrage. Et c'est amplement mérité pour cette réalisatrice qui, en 10 ans et quatre films, a creusé son sillon singulier dans le cinéma français.

Ce qui est permanent dans son œuvre, c'est la question du couple et de la famille. Ce qui est très original ici, c'est la façon dont elle traite d'un fait divers : une femme, allemande vivant en France, la formidable Sandra Hüller, est accusée du meurtre de son mari, tombé du haut de leur maison.

Justine Triet prend le temps de poser les éléments du drame, quand débute la partie procès du film, elle multiplie les astuces pour ne pas tomber dans les clichés du genre. L'élément clé est un enregistrement sonore d'une dispute du couple, et le témoin clé est leur fils, malvoyant. Nous sommes donc, nous spectateurs, dans cette position aveugle, et c'est fascinant.

Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy

Banel et Adama, qui donnent son nom au film, sont deux jeunes gens qui s'aiment, dans un village sénégalais de nos jours, mais les différences de statut social et le poids des traditions empêchent cette union. S'il y a de très belles choses dans le film, notamment sur le plan esthétique, il souffre hélas un peu de son rythme très contemplatif, et même parfois ennuyeux.

Il y a un potentiel indéniable chez la scénariste et réalisatrice franco sénégalaise, Ramata-Toulaye Sy. C'est assez courageux aussi (et politique), d'avoir tourné entièrement en langue peule, mais les notions évoquées, le féminisme, modernes contre anciens, avec une touche de fantastique, ne convainquent qu'à moitié.

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