La persistance des conflits et la lenteur des progrès économiques ont entraîné une baisse du niveau de vie année après année.
La pauvreté est une réalité qui se vit au quotidien. En 2022, près de 62 % des Congolais, soit environ 60 millions de personnes, vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Pourtant, le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles. La RDC détient entre autres, plus de la moitié des réserves mondiales de cobalt, un minerai essentiel à la fabrication des téléphones portables et des batteries de voiture, ainsi qu'un potentiel hydroélectrique unique en Afrique.
Plus grand pays d'Afrique subsaharienne, la République démocratique du Congo possède également l'une des plus grandes forêts tropicales au monde, représentant le deuxième plus grand puits de carbone au monde.
Mais le paradoxe est que ces richesses ne profitent pas à la population.
Avant un rendez vous électoral décisif pour l’avenir du pays, BBC Afrique a donné la parole à deux spécialistes congolais, Mathieu Takizala, entrepreneur et analyste économique et Uber Wangota, sociologue du développement, afin de comprendre les défis économiques et sociaux autour de cette élection présidentielle.
Une conjoncture difficile
On l'appelle aussi pays continent. Avec ses deux millions trois cent quarante-cinq miles kilomètres carrés, la RDC est le pays le plus vaste d'Afrique au sud du Sahara.
C'est aussi, et c’est là le paradoxe, un territoire qualifié de scandale géologique qui est à la traîne sur le plan économique. Car les innombrables ressources de son sous-sol (cobalt, or, diamants, cuivre, diamants, uranium, coltan, étain...) n'ont pas contribué à améliorer les conditions de vie de la population.
La monnaie locale, le franc congolais, perd de sa valeur, se dépréciant par rapport au dollar.
Alors que l'informel occupe la majeure partie de l'économie, les entreprises formelles baignent dans un océan de difficultés et le taux de chômage avoisine les 80% de la population, d’après les chiffres officiels.
Conséquence de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, les prix des denrées alimentaires ont flambé depuis un an et l'inflation a atteint 22% sur un an en octobre, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Une situation qui s'explique, selon l'entrepreneur et analyste économique Mathieu Takizala, par une économie caractérisée par une grande dépendance aux importations.
"Quand vous avez un système économique extraverti où les entreprises n'ont pas de travail et que le travail est dans la rue, automatiquement le système économique va en pâtir. Je crois qu'il faut qu'on redynamise l'économie de la RDC parce qu'elle ne colle pas avec ce que devrait être l'économie du vingt et unième siècle, il faut travailler à avoir une économie moderne et des entreprises compétitives parce que nous sommes en économie de marché. Mais quand vous regardez aujourd'hui, trois quarts des PME congolaises manquent de travail, de ressources, de financement. Même l'encadrement fait défaut."
L'informel, reine de l'économie
En RDC comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, le secteur informel et les petits emplois mal payés constituent une part importante du marché du travail.
Selon le rapport national sur le développement humain 2021 (RNDH), 70 % de l'activité économique est détenue par le secteur informel et plus de 90% des revenus des ménages proviennent des activités de l’informel.
Pour l'analyste M.Takizala, l'économie et surtout l'entreprise devraient être au cœur des programmes des candidats à la présidentielle du 20 décembre.
"Vous voyez que dans tous les pays du monde, surtout dans les pays développés, en période électorale, on voit que les candidats à l'élection visitent les entreprises, discutent avec des chefs d'entreprise. Il faut que les candidats comprennent que le vrai problème de la RDC réside dans le terrain social et économique. Mais l'économie sans des acteurs n'a jamais existé dans aucun pays au monde. Si la Chine aujourd'hui a une économie, ce n'est pas uniquement grâce au pouvoir de Xi Jinping. C'est aussi et avant tout grâce au pouvoir des acteurs économiques," observe l'analyste.
"Il y a un taux de chômage qui est énorme dans ce pays, c'est à dire que trois Congolais sur quatre sont au chômage. Donc le nombre des entreprises est en régression par rapport aux années soixante-dix et quatre-vingt. Je crois que le problème, c'est qu'on doit parler de l'entreprise parce que l'économie du vingt et unième siècle sans entreprise, ça n'existe pas. Et les candidats ne doivent pas penser que c'est uniquement avec leurs militants qu'ils vont refaire l'économie congolaise. Ils doivent maintenant chercher des voies et moyens à associer les chefs d'entreprise, les scientifiques, toutes les ressources humaines et les compétences pour relancer l'économie congolaise", suggère Mathieu Takizala.
World Opinions - BBC Afrique
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