Selon la police équatorienne, les six suspects arrêtés après l’attentat de mercredi sont de nationalité colombienne, de même qu’un septième assaillant, abattu par les forces de sécurité. Le premier tour du scrutin a été maintenu au 20 août.
Malgré les circonstances dramatiques, l’Equateur décide d’avancer coûte que coûte. Le président, Guillermo Lasso, a instauré, jeudi 10 août, l’état d’urgence, et sollicité l’aide du FBI dans l’enquête sur le meurtre, mercredi, d’un des favoris de la présidentielle, Fernando Villavicencio.
L’état d’urgence a été décrété pour une durée de soixante jours, afin de garantir la tenue du scrutin dont le premier tour, le 20 août, a été maintenu par le Conseil national électoral (CNE). « Les forces armées sont en ce moment mobilisées à travers tout le territoire national afin de garantir la sécurité des citoyens, la tranquillité du pays, et des élections libres et démocratiques », a assuré M. Lasso dans une allocution diffusée sur YouTube.
Peu après, il a annoncé sur X (ex-Twitter) avoir « demandé le soutien du FBI » dans l’enquête sur le meurtre de M. Villavicencio, assurant que la police fédérale américaine avait accepté la demande. « Une délégation arrivera dans le pays au cours des prochaines heures », a-t-il précisé. Il a également décrété trois jours de deuil national « pour honorer la mémoire d’un patriote », celle du candidat centriste de 59 ans assassiné par balles mercredi soir à la fin d’un rassemblement de campagne à Quito. L’attaque a également fait neuf blessés, selon les autorités, dont une candidate à l’Assemblée et trois policiers.
« Groupes criminels organisés »
Selon la police équatorienne, les six suspects arrêtés après l’attentat sont de nationalité colombienne, de même qu’un septième assaillant, abattu par les forces de sécurité.
« Les premières informations confirment que les personnes appréhendées appartiennent à des groupes criminels organisés », a déclaré le ministre de l’intérieur, Juan Zapata, lors d’une conférence de presse, sans préciser lesquels. « Le crime organisé est allé très loin », a dénoncé M. Lasso, se disant « indigné et choqué ». « Je vous assure que ce crime ne restera pas impuni », a-t-il promis.
Le mouvement de M. Villavicencio, Construye, a réclamé la création d’une commission internationale pour enquêter sur le meurtre de son « courageux » leader, un ancien journaliste, farouche pourfendeur de la corruption, qui briguait pour la première fois la présidence du pays.
Sur les grilles de la salle omnisports devant laquelle il a perdu la vie, des affiches le montrent souriant à côté d’une banderole sur laquelle on peut lire : « Les NARCOPOLITIQUES paieront. Pour toujours. Fernando TQM [pour Te Queremos Mucho, “Nous t’aimons beaucoup”] ». Des roses blanches ont été déposées à proximité.
Une poignée de sympathisants se sont rassemblés au cours de la journée à proximité du funérarium où la dépouille de M. Villavicencio a été transférée. Certains tenaient des pancartes où il était écrit : « Ils ont tué mon président. »
Déjà menacé à deux reprises
La communauté internationale a fermement condamné le meurtre, Washington le qualifiant d’« acte de violence odieux » ; l’Union européenne, d’« attaque contre la démocratie » ; et la France, d’« acte barbare ». Le haut-commissaire de l’ONU aux droits humains, Volker Türk, a dénoncé un « meurtre épouvantable », voyant dans la violence contre les responsables politiques « une menace sérieuse pour le processus électoral et la capacité du peuple à exprimer sa volonté démocratique ».
La semaine dernière, le candidat à l’élection présidentielle, qui était sous protection policière, avait fait état par deux fois de menaces contre lui et son équipe.
Ces dernières années, l’Equateur est confronté à une vague de violence liée au trafic de drogue, qui, en plein processus électoral, a déjà entraîné la mort d’un maire et d’un candidat au Parlement. Quelques jours seulement avant d’être tué, M. Villavicencio avait dénoncé des irrégularités dans des contrats publics. L’un de ses principaux faits d’armes reste d’avoir envoyé sur le banc des accusés l’ancien président Rafael Correa (2007-2017) grâce à l’une de ses enquêtes. M. Correa, réfugié en Belgique, a été condamné par contumace à huit ans de prison dans cette affaire.
M. Villavicencio faisait partie des huit candidats déclarés aux élections générales anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée, en mai, par M. Lasso. L’ancien journaliste se classait deuxième dans les intentions de vote, avec environ 13 %, selon les derniers sondages de l’institut Cedatos, derrière l’avocate Luisa Gonzalez (26,6 %), proche de l’ancien président Correa.
World Opinions + Le Monde
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