Plus de 600 personnalités et organisations de la société civile péruvienne ont dénoncé dans une pétition l’adoption définitive par le Congrès, le 26 avril, d’une loi qui accorde “le droit à la vie” de l’embryon dès sa conception. Un retour en arrière ? La présidente Dina Boluarte devra maintenant décider si elle promulgue cette réforme.
“Ce pourrait être un premier retour en arrière sur l’interruption de grossesse.”
“Une loi qui menace l’avortement thérapeutique”, titrait dimanche 30 avril Perú 21. Le quotidien de centre droit se fait l’écho d’une pétition signée par plus de 600 organisations et personnalités de la société civile contre la réforme adoptée par le Congrès monocaméral – par 70 voix pour et 29 contre. La réforme affirme les droits de l’embryon dès la conception : “Droit à la vie, à l’intégrité morale, psychique et physique, […] au libre développement”, comme le reprend le quotidien de gauche La República.
Certaines associations espèrent que cette loi ne changera rien juridiquement : la législation actuelle fait déjà de l’embryon un “sujet de droit” et diverses jurisprudences de la Cour suprême autorisent de facto l’avortement thérapeutique, quand la santé de la femme est en danger – seul motif autorisé dans le pays.
Cynthia Silva, directrice de l’Étude pour la défense des droits de la femme, citée par La República, explique ainsi que, “dans notre pays, l’avortement est autorisé [pour protéger] le droit à la santé et à l’intégrité de la femme en gestation, avec l’obligation de procurer gratuitement les services [médicaux] nécessaires”.
Lobby ultraconservateur
Cependant, la nouvelle loi, selon Rossina Guerrero du Centre de défense des droits sexuels et de reproduction, reprise depuis Lima par le site El País América, “va provoquer une confusion” pour les femmes qui souhaitent avorter :
“Ce pourrait être un premier retour en arrière sur l’interruption de grossesse.”
Pour Marina Navarro, directrice d’Amnesty international au Pérou, citée par Perú 21 : “Ce projet est un recul, il cherche à limiter l’accès à l’avortement thérapeutique.” Notamment dans les cas de viol pour les filles de 10 à 14 ans, estime le site InfoBae qui rappelle que 1 300 victimes seraient concernées chaque année. Avant de préciser : “Si la loi ne reconnaît pas l’interruption de grossesse en cas de viol, de nombreuses enfants peuvent y avoir accès sous le prétexte que leur vie est en danger, ce qui n’est pas faux.”
L’initiative de la loi revient à María Jáuregui, pasteure évangélique du parti d’extrême droite Rénovation populaire. Dans un pays extrêmement divisé sur le sujet, elle a réussi, selon El País América, à fédérer “le lobby ultraconservateur et religieux qui persécute les droits des femmes”. La loi doit encore être promulguée par la présidente Dina Boluarte, venue de la gauche mais qui gouverne avec l’appui de la droite depuis la destitution, le 7 décembre dernier, du président Pablo Castillo.
World Opinions - Courrier International
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