Peter Kerekes mélange fiction et documentaire pour filmer une prison pour femmes à Odessa, où nombre de détenues sont enceintes.
Longtemps, le mélange du documentaire et de la fiction est apparu comme l’horizon indépassable de ce qu’on a appelé encore les « nouvelles écritures » cinématographiques.
Pour son dernier long-métrage, le réalisateur slovaque Peter Kerekes, tête chercheuse née en 1973, ne vise pas tant à les confondre qu’à pratiquer entre eux un partage ciselé, une harmonique inédite.
Sa démarche est motivée par son sujet même : filmer la prison, qui n’est jamais chose aisée, a fortiori quand on veut échapper à l’iconographie consacrée. Ayant posé sa caméra dans une prison pour femmes d’Odessa, en Ukraine, Kerekes examine comment la condition pénitentiaire s’adapte aux cycles biologiques, à commencer par le plus irréductible d’entre eux : la maternité.
Entre les murs de cette maison d’arrêt, bon nombre des détenues arrivent enceintes et sont amenées à accoucher durant leur peine. Bien souvent, leurs passifs se ressemblent : qu’elles aient assassiné leur propre mari ou la maîtresse de celui-ci, surpris en situation d’adultère, leurs peines courent jusqu’à sept ans. C’est le cas de Lyesa, qui a donné naissance à un petit garçon.
L’administration pénitentiaire se double d’installations nécessaires à l’accommodement des nourrissons, à leur allaitement, aux plages de maternance. Mais le dispositif n’est valable que jusqu’à l’âge de 3 ans, au-delà duquel l’enfant est placé dans sa famille, ou il part à l’orphelinat. Lysea voit ainsi l’échéance approcher d’autant plus dangereusement que sa demande de libération conditionnelle lui a été refusée.
Par Mathieu Macheret - Le Monde
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