Objet d’affrontements depuis le premier jour de l’invasion, la région de Kharkiv, la deuxième ville du pays, serait sur le point de passer totalement sous le contrôle des troupes de Kiev. Ce qui pourrait annoncer une nouvelle phase des opérations, estiment les médias ukrainiens.
“La guerre à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine dure depuis 77 jours, rappelle dans son suivi quotidien le journal Oukraïnska Pravda. Les forces des envahisseurs sont particulièrement actives dans la région de Donetsk et vers le Dniepr. De plus en plus de missiles ciblent la région d’Odessa.”
“Des combats acharnés se poursuivent dans l’usine Azovstal, dans Marioupol assiégée. Des soldats ukrainiens héroïques se trouvent toujours à l’intérieur de l’usine”, et pendant ce temps, “les défenseurs ukrainiens avancent dans la région de Kharkiv : quatre localités ont été libérées au cours des dernières 24 heures”.
Contre-offensive ukrainienne
Il semble effectivement que depuis quelques jours, les forces armées ukrainiennes, passées à la contre-offensive dans les environs de Kharkiv depuis déjà plus d’une semaine, aient obtenu des succès locaux qui leur auraient permis de repousser les troupes russes, en certains points jusqu’à la frontière de la Fédération de Russie.
Pour les autorités ukrainiennes, commente le site d’information Tsenzor, ce serait “le résultat d’une action coordonnée des unités ukrainiennes dans la région”, à l’issue de laquelle plusieurs localités auraient été reprises, dont la ville de Roubijné. Selon l’État-major des forces armées ukrainiennes :
“Dans la région de Kharkiv, l’ennemi, après l’échec de sa tentative d’encerclement de la ville, se trouve en position défensive.”
En tout, depuis le début des hostilités, l’Ukraine aurait “repris le contrôle de 1 200 kilomètres de ses frontières, dans les régions de Kiev, de Soumy et Tchernihiv. Dont les deux tiers avec la Fédération de Russie”, confirme également le site d’information Obozrevatel.
Fort de ces informations, “le conseiller à la présidence Mykhaïlo Podolyak a exprimé sa certitude que l’armée ukrainienne allait libérer Kherson”, rapporte Oukraïnska Pravda.
Avis aux “gauleiters”
Or, au même moment, “le pouvoir nommé par l’occupant à la tête de l’administration militaire et civile de la région de Kherson a annoncé qu’il comptait demander au président Vladimir Poutine d’inclure Kherson dans la composition de la Fédération de Russie sans référendum”.
Mais sur Twitter, Podolyak prévient :
“Le seul appel que peuvent préparer les ‘gauleiters’ de la région de Kherson, c’est un appel à la clémence après le verdict du tribunal.”
Persuadé que les forces ukrainiennes reprendront aussi le contrôle de la plus grande ville jusque-là tombée aux mains de l’armée russe, il ajoute, ironique, que les autorités d’occupation “peuvent aussi bien demander d’être rattachées à la composition de Mars ou même de Jupiter”.
Sur le site du quotidien de Lviv Vissoki Zamok, Dmytro Iaroch, l’un des fondateurs du mouvement d’extrême droite Secteur droit, estime quant à lui qu’une reconquête progressive est envisageable ailleurs que dans les environs de Kharkiv : “Dès maintenant, l’aide de nos alliés nous donne la possibilité de préparer et d’armer une partie des unités de réserve qui, à court terme, pourront participer à des opérations contre-offensives de grande envergure, dans le but de libérer les territoires occupés.”
Une nouvelle phase longue et complexe
Dans un entretien accordé au Financial Times, le ministère ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, cité par Oukraïnska Pravda, a lui aussi déclaré que “l’Ukraine, en cas de victoire dans la bataille pour le Donbass, souhaite libérer tous ses territoires occupés par la Russie, mais elle n’exclut pas les négociations”.
La version ukrainienne du site de Radio Svoboda considère que les dernières évolutions sur le terrain indiquent bien que l’Ukraine va entrer dans une nouvelle phase du conflit, après que “la Russie a déclaré les nouveaux objectifs de la deuxième phase de son ‘opération militaire spéciale’ en Ukraine : prendre totalement le contrôle du Donbass et du sud de l’Ukraine pour assurer un couloir terrestre vers la Crimée annexée et obtenir un accès vers la Transnistrie”.
“L’Ukraine et ses alliés se livrent à des évaluations différentes de la grande offensive déjà lancée par le Kremlin dans les régions de Donetsk et Louhansk, mais d’une manière ou d’une autre, depuis la mi-avril, les combats sur le front oriental sont de plus en plus intenses, la destruction des villes est colossale.”
Dans son briefing du 11 mai, Hanna Malyar, adjointe du ministre de la Défense, a souligné, dans des propos repris sur le site de la chaîne de télévision Souspilné, qu’après avoir concentré “une grande quantité d’unités militaires autour de Kiev”, “l’ennemi” s’était heurté à “la résistance acharnée de l’armée ukrainienne et la première phase a été remportée par l’Ukraine. Ensuite, l’ennemi a commencé à avoir recours à d’autres tactiques et stratégies”. “Nous devons nous attendre à une étape complexe et de longue durée de la lutte jusqu’à l’élimination complète des forces ennemies de notre pays et au rétablissement de la souveraineté dans le cadre des frontières de notre État. Car la Russie dispose encore de beaucoup de ressources qu’elle compte utiliser dans un avenir très proche.”
Selon elle, cette nouvelle phase pourrait “durer quelques semaines, ou des mois”.
World Opinions + Courrier international
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