La campagne du second tour a démarré sur les chapeaux de roue en France. Les deux finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, s'affrontent à distance et lorgnent tous deux sur l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième dimanche.
Que vont faire les 21,95% d'électeurs et électrices qui ont voté pour La France Insoumise le 10 avril au deuxième tour de l'élection présidentielle? La question est sur toutes les lèvres en France alors que le duel final se jouera entre la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et le président sortant Emmanuel Macron.
Après une campagne du premier tour atone, écrasée par la guerre en Ukraine, la bataille du deuxième tour s'annonce elle féroce.
Macron à l'offensive
Entré tardivement dans la course, le candidat-président - auquel on reprochait jusqu'ici son absence du terrain - est clairement passé à l'offensive. Cette semaine, il multiplie les bains de foule et les longs échanges avec les citoyennes et citoyens.
A Denain, dans le nord de la France, en terres lepénistes, il a évoqué lundi "la réponse sociale" de son projet et présenté un lot de mesures pour les travailleurs, comme pour les retraités: "indexer dès cet été les retraites sur l'inflation, c'est-à-dire environ 4% d'augmentation, avoir une pension minimale pour celles et ceux qui ont leur carrière complète à mille cent euros, prendre en compte dans la réforme la pénibilité, avoir une discussion très large qui impliquera tout le monde pour en définir les modalités".
Après avoir annoncé la retraite à 65 ans, Emmanuel Macron semble donc chercher à arrondir les angles auprès de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise, qui avait lui promis de garder la retraite à 60 ans.
"Je sais qu'il y a des gens qui voteront pour moi ou s'abstiendront pour faire barrage au Front national. Ca ne veut pas dire qu'ils soutiendront mon projet. Mais je veux essayer de convaincre les gens de faire avec moi et donc, peut-être, en effet, de compléter le projet, d'aller plus loin, de bâtir et de pouvoir discuter", a-t-il encore ajouté à Denain.
Marine Le Pen confiante
Ces promesses suffiront-elles à rattraper le temps perdu, alors que le Rassemblement national n'a jamais été aussi proche de l'emporter? Marine Le Pen, en tout cas, semble confiante, elle qui insiste sur sa campagne de terrain depuis l'automne et multiplie désormais les conférences de presse. "Nous avons cette fois l'expérience d'il y a cinq ans", note-t-elle.
Rendant coup pour coup à chaque déclaration du candidat-président, elle reproche à Emmanuel Macron "d'avoir peur du peuple", disant ne faire "aucune confiance" au président sortant qui s'est dit prêt, par exemple, à "bouger" sur sa réforme des retraites.
Mardi soir sur TF1, elle a aussi fustigé sa politique "extrêmement dure à l'égard des plus modestes", assurant avoir "le projet le plus protecteur" du système de protection sociale.
Comme dans une partie de ping-pong, le chef de l'Etat rétorque en taclant son adversaire, l'accusant de dire des "carabistouilles" sur l'Europe et d'avoir un projet qui induit le "nationalisme" et "le retour de la guerre". Il a aussi accusé l'extrême droite d'être "un village Potemkine permanent: ils ne se déplacent jamais, ils ne vont jamais voir leurs opposants", a-t-il ajouté.
Dimension internationale
Sur la politique étrangère, tout oppose le président sortant et sa rivale. Ni atlantiste ni multilatérale, Marine Le Pen axe toute sa diplomatie sur l'idée que la France ne serait plus "respectée" dans le monde. Elle voit dans l'Europe un frein et souhaite, par exemple, renégocier les accords de Schengen afin de réinstaurer les contrôles aux frontières ou baisser la contribution financière de la France à l'UE.
La bataille que nous menons n'est pas simplement pour la France, mais pour l'Europe
Emmanuel Macron, président candidat
Emmanuel Macron a, au contraire, fait de l'Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans, comme il l'a encore dit mardi soir à Strasbourg en soulignant que cette élection est aussi "un référendum sur l'Europe". Pour lui, le nationalisme mène à "une alliance de nations qui veulent se faire la guerre", mettant en garde contre le retour "des rêves d'empire", citant la Russie qui a envahi l'Ukraine.
Depuis le début du conflit en Ukraine, Marine Le Pen tente de faire oublier sa proximité avec la Russie et Vladimir Poutine. La candidate n'en a pas moins condamné l'invasion russe sans équivoque et s'est dite très tôt favorable à l'accueil en France de réfugiés en provenance d'Ukraine. Elle reste hostile en revanche aux sanctions économiques contre Moscou altérant le pouvoir d'achat des Français et assume ses relations étroites avec les dirigeants nationalistes d'Europe centrale, dont Viktor Orban en Hongrie.
"Un drôle de club", a estimé Emmanuel Macron, "pas bon pour la France, pas bon pour l'Europe, pas bon non plus pour Strasbourg", où siège le Parlement européen.
Par Anne Fournier et Juliette Galeazzi - RTS Info / AFP
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