Traçage, dépistage, quarantaine, confinement partiel ou total. La politique zéro-Covid a longtemps été un objet de fierté pour Pékin, alors que les pays occidentaux comptaient leurs morts. Un peu plus de 2 ans plus tard, la "vie normale" reprend gentiment son cours autour du globe, mais en Chine les mesures drastiques continuent, entraînant leur lot de drames et de situations kafkaïennes.
Mardi, les autorités chinoises ont étendu les mesures de confinement à l'ensemble des 26 millions de résidents de Shanghai, après avoir constaté une hausse des cas de Covid-19 à la faveur d'une campagne massive de dépistage.
Les autorités de la mégalopole avaient signalé mardi 17'007 nouveaux cas asymptomatiques, contre 13'086 lundi et 8581 dimanche, un record pour la cité qui est devenue l'épicentre de cette nouvelle vague de contaminations.
Les autorités de la ville continuent de s'agripper à leur stratégie 0-Covid: l'entier de la population est testé à intervalle régulier, les cas confirmés sont envoyés en quarantaine centralisée. Mais au sein de la population, la colère gronde face à l'internement forcé des cas positifs.
Un internement longue durée
Beaucoup dénoncent aussi l'internement dans les stadesou les halles d'exposition, comme monsieur Yu, âgé de 66 ans. Pourtant asymptomatique, il a été amené de force au Shanghai World Expo où il dort sur un lit de camp parmi des milliers d'autres inconnus.
"Les toilettes ici sont vraiment très sales. Il y a beaucoup de gens. J'ai essayé de compter hier, on doit être plus de 3000. Ce n'est pas évident de dormir la nuit: la lumière est allumée en permanence. C'est comme en plein jour. Et puis c'est très bruyant." Et l'homme de déplorer la durée prévue de son séjour dans les halles: "On nous a dit qu'on resterait ici 14 jours."
Des ordres "imposés d'en haut"
Sa fille, libre, qualifie ce traitement d'inhumain: "C'est vraiment insensé… Pour moi, leur crédibilité et leur image s'est effondrée. Quand il n'y a pas de problème, tout va bien… Mais dès qu'il y a un pépin, ça dérape.
Pour elle, les ordres sont "imposés du haut" et sont "appliqués à la lettre". "Elles sont le fruit de l'administration… Ils se fichent des gens ou de leur opinion." Elle estime qu'il y "aura un point de bascule" et que la gestion de la situation va évoluer: "Les coûts sont justes trop importants!"
Mais pour l'heure Pékin tient bon: il faut poursuivre la stratégie 0-Covid a déclaré samedi le gouvernement central.
Les mesures sanitaires sont toutefois loin de ne toucher que la capitale financière du pays. Dans une note, le groupe bancaire japonais Nomura a estimé mardi que 23 villes chinoises sont sous confinement partiel ou total, affectant environ 193 millions de personnes dans des zones comptant pour 13,6% du PIB national.
Une logistique dépassée par le nombre de cas
Si les mesures très strictes mises en place par le pouvoir ont permis de juguler, puis d'éteindre complètement pendant de nombreux mois les premières vagues de la pandémie, Omicron et son sous-variant BA.2 se sont avérés beaucoup plus difficiles à contrôler.
Conséquences directes d'une contagiosité plus développée, ces nouvelles mutations du virus ont donc fait exploser les cas et par effet ricochet les confinements et autres quarantaines. Et voilà que la machine logistique chinoise qui avait fait ses preuves depuis 2020 n'arrive plus à suivre.
Sur les réseaux sociaux, les images et récits de la situation à Shanghai affluent: centres de quarantaine et hôpitaux débordés, manque de prise en charge, impossibilité de se faire livrer des aliments ou même de l'eau par endroits.
World Opinions - RTS info
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