Des milliers de Soudanais et Soudanaises réclamaient à nouveau jeudi un pouvoir civil dans le pays sous la férule de l'armée. Ils ont bravé grenades lacrymogènes, coupure des communications et verrouillage complet de Khartoum.
A chaque nouvel appel des manifestants, qui proclament face au chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, que "la révolution continue", les autorités mobilisent de nouvelles techniques.La coupure d'internet a déjà été utilisée durant des semaines après le coup d'Etat, dans un pays sous la férule de l'armée quasiment sans interruption depuis son indépendance il y a 65 ans. Samedi, lors de la dernière manifestation réclamant un pouvoir civil et le retour des "militaires à la caserne", les autorités avaient aussi coupé le téléphone et les ponts reliant la capitale à ses banlieues avec d'imposants conteneurs.
Caméras sur les principaux axes de Khartoum
Jeudi, ni les appels téléphoniques locaux ni ceux venus de l'étranger ne pouvaient aboutir, un coup dur pour les militants qui tentent de mobiliser le monde à leur cause via les réseaux sociaux et la diaspora. En outre, les forces de sécurité - policiers, militaires et paramilitaires des Forces de soutien rapide - avaient installé des caméras sur les principaux axes de Khartoum.
Cela n'a pas empêché des milliers de manifestants de scander de nouveau jeudi "Non au pouvoir militaire" et "Les militaires à la caserne!" à Khartoum, mais aussi dans d'autres villes du Soudan, notamment à Kessala et à Port-Soudan dans l'est du pays, ou à Madani, au sud de la capitale.
A quelques centaines de mètres du palais présidentiel de Khartoum où siège le Conseil souverain, la plus haute autorité de la transition chapeautée par le général Burhane, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes.
Un pouvoir civil exigé
Dès mercredi, l'ambassade américaine avait réclamé "une retenue extrême dans l'usage de la force", alors qu'en deux mois de mobilisation anti-putsch, 48 manifestants ont été tués et des centaines blessés par balle.
Entre grenades lacrymogènes, tirs à balles réelles en l'air et coups de bâton pour disperser la foule, 235 personnes ont été blessées samedi dans la mobilisation nationale. Ce bilan a été fourni par un syndicat de médecins pro-démocratie, qui recense les victimes depuis qu'a débuté en 2018 la "révolution" qui avait forcé les généraux à démettre l'un des leurs, le dictateur Omar el-Béchir, en 2019.
L'ambassade américaine appelle en outre les autorités à "ne pas recourir aux détentions arbitraires", alors que des militants font état de nouvelles rafles nocturnes à leur domicile, comme souvent à la veille de chaque manifestation.
La rue qui manifeste veut un pouvoir entièrement civil, comme cela avait été promis à la chute de Béchir en 2019. Militaires et civils s'étaient accordés sur un calendrier selon lequel les généraux devaient s'effacer sous peu.
Freedom1 - Agences
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