Les autorités des Émirats arabes unis se servent de l'Expo 2020 à Dubaï pour promouvoir une image publique d'ouverture qui est contredite par les efforts du gouvernement visant à empêcher l'examen de ses nombreuses violations des droits humains, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. L'Expo 2020 est un événement culturel mondial de premier plan fondé en principe sur le libre échange d'idées.
Les citoyens émiratis qui critiquent le gouvernement sont régulièrement arrêtés et, depuis au moins 2015, les autorités des EAU ont ignoré ou refusé les demandes d'accès au pays émanant d'experts des Nations Unies, de chercheurs travaillant sur des questions de droits humains, ainsi que d'universitaires et de journalistes ayant exprimé des points de vue critiques. La surveillance pratiquée par le gouvernement partout dans le pays a conduit à une forte autocensure de la part des résidents des Émirats arabes unis et des institutions basées dans ce pays. Les médias font face à des obstacles pour obtenir des informations, à la censure et au risque de surveillance par le gouvernement.« Des dizaines de citoyens émiratis ayant critiqué le gouvernement de manière pacifique ont été arrêtés, jugés lors de procès manifestement inéquitables, et condamnés à de nombreuses années de prison simplement pour avoir voulu exprimer leurs idées sur la gouvernance et les droits humains », a déclaré Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch. « L'Expo 2020 est une nouvelle opportunité pour les Emirats arabes unis de présenter au monde une fausse image d’un pays ouvert, tolérant et respectueux des droits humains, tout en fermant l'espace pour l’engagement politique, les débats publics et l'activisme. »L’Expo 2020 se tiendra du 1er octobre 2021 au 31 mars 2022, sous le thème « Connecter les esprits, construire le futur » (« Connecting Minds, Creating the Future »). Le Bureau International des Expositions (BIE), l'organisation intergouvernementale chargée de superviser l'Expo 2020 de Dubaï, a indiqué que ce thème « repose sur la conviction qu’en rassemblant le monde, de nouvelles perspectives peuvent être créées ».
Cet événement avait été reporté à 2021 en raison de la pandémie de coronavirus.
Le 16 septembre, le Parlement européen a appelé les États à « ne pas participer » à l'Expo 2020, citant des violations des droits humains, l'emprisonnement d’activistes et l'utilisation par le gouvernement de logiciels espions pour cibler les critiques.
Depuis 2011, les autorités des Émirats arabes unis ont mené une attaque soutenue contre les libertés d'expression et d'association. Elles ont arrêté et poursuivi des centaines d'avocats, de juges, d'enseignants, d'étudiants et d’activistes. Elles ont dissous les principales associations de la société civile et imposé la fermeture de bureaux d'organisations étrangères, supprimant de fait tout espace pour la dissidence. Les Émirats arabes unis ont également adopté de nouvelles lois et modifié des lois déjà répressives, afin d’éliminer plus facilement toute tentative de dissidence.
Les EAU ont lancé une initiative de plusieurs décennies afin de blanchir leur réputation sur la scène internationale. Ces efforts ont été exposés dans la stratégie de « puissance douce » (« Soft Power Strategy ») adopté en 2017 par le gouvernement. Cette stratégie, qui repose sur la « diplomatie culturelle et médiatique » comme pilier central, a pour objectif d’« ancrer la réputation [des Émirats arabes unis] en tant que pays moderne et tolérant, qui accueille toutes les personnes venant de partout dans le monde ».
L'Expo 2020 est le dernier exemple en date d’une longue liste d'investissements dans des projets culturels et éducatifs ambitieux qui visent à atteindre cet objectif, a déclaré Human Rights Watch. Parmi ceux-ci figurent la construction du Louvre Abou Dhabi et du Guggenheim Abou Dhabi, ainsi que d’une antenne de l'Université de New York (NYU).
En mai 2018, un tribunal émirati a condamné l'éminent militant des droits humains Ahmed Mansour à 10 ans de prison, à l'issue d'un procès manifestement inéquitable qui était en partie basé sur l’interception de courriers électroniques privés et de messages sur WhatsApp.
Les gouvernements et les entreprises ont la responsabilité, en matière de droits humains, d'éviter de contribuer aux tentatives des autorités émiraties de blanchir leurs abus. Les pays qui s’apprêtent à mettre en lumière leurs pavillons à l'EXPO de Dubaï devraient contribuer à empêcher ces tentatives de « blanchiment d’abus » en appelant les Émirats arabes unis à libérer sans condition toutes les personnes injustement détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, et à rendre le pays plus ouvert, notamment en autorisant des chercheurs et observateurs indépendants à accéder aux prisons et aux tribunaux. Faute de quoi, ces pays ne devraient pas participer à l'EXPO, selon Human Rights Watch.
« Avec les arrestations, les intimidations, la surveillance et les représailles généralisées auxquelles les citoyens et les résidents sont confrontés pour oser s'exprimer, les participants à l'Expo 2020 et les autres pays devraient manifester leurs inquiétudes quant aux violations des droits aux EAU », a déclaré Michael Page. « Les pays participant à l'Expo devraient s'assurer qu'ils n'aident pas les EAU à blanchir leur image et à camoufler leurs abus. »
Freedom1 - Human Rights Watch
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