« Les artistes en exil » (5/6). Installé en France depuis 2017 après avoir quitté sa ville natale de Kharkiv, le jeune danseur prépare son premier spectacle et gagne sa vie en donnant des cours.
Souriant, tranquille, le jeune danseur et chorégraphe Cleve Nitoumbi, téléphone portable à la main droite, gros cahier noir à la main gauche, nous accueille comme à la maison dans les locaux labyrinthiques de l’Atelier des artistes en exil, à Paris, qui l’accompagne depuis 2018. Quelques pas de hip-hop pour dire bonjour, et nous voilà installés dans un studio de répétition. « J’avais un peu le trac alors j’ai préparé quelques notes, mais je les ai oubliées », s’exclame-t-il, direct et confiant.Cleve Nitoumbi a 25 ans. Cet Ukrainien d’origine congolaise a choisi de quitter sa ville natale de Kharkiv avec sa sœur Grâce pour venir en France en 2017. Le racisme vécu depuis l’enfance, la peur au ventre quotidienne, ont eu raison de sa douceur. « La vie devenait insupportable, affirme-t-il. Je ne pouvais plus entendre les insultes, les menaces dans la rue, craindre de croiser des skinheads. Qu’il s’agisse des cours de danse que j’ai commencé à prendre dès l’âge de 10 ans, et où j’étais le seul petit Noir, ou des trajets en métro, les agressions étaient permanentes. Je passais mon temps à esquiver. Je ne me voyais pas rester en Ukraine toute ma vie. »
Le 3 février 2017, après avoir subi de nouvelles attaques, il s’enfuit de Kharkiv en voiture. « On a franchi la frontière, traversé la Pologne, puis l’Autriche, et on est arrivé à Paris. Ç’a été un tel soulagement. On a d’abord vécu chez une tante, puis on a déménagé pour être ensemble, ma sœur et moi. »
Par Rosita Boisseau - Le Monde Culture
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