Avec son film "Des hommes", le réalisateur belge Lucas Belvaux cherche à comprendre ce qui s'est passé durant la guerre d'Algérie dans la tête d'un appelé français, devenu un sexagénaire raciste interprété par Gérard Depardieu.
Adapté du livre éponyme de Laurent Mauvignier, "Des hommes" débute dans un village français au début du 21e siècle. Solange (Catherine Frot), s’apprête à fêter ses 60 ans. L’ambiance est joyeuse et communautaire.
Mais soudain débarque son frère Bernard, que l'on surnomme Feu-De-Bois (Gérard Depardieu). Un homme raciste, brutal, qui s’incruste dans la fête et agresse une famille algérienne présente. Alors que les gendarmes s'apprêtent à l'arrêter, Solange se replonge dans les lettres que son frère lui envoyait d'Algérie quarante ans auparavant.
Des traumatismes jamais surmontés
Bernard et Rabut (Jean-Pierre Darroussin) étaient à ce moment-là de jeunes soldats français appelés en Algérie pour ce que l'on appelait alors les "événements". Sur place, ils assistent aux massacres des civils par les soldats français et à l’assassinat de camarades par des fellagas. Des traumatismes qu'ils n'ont jamais réussi à surmonter.
De retour en France, ils ont vécu leur vie et se sont tus, car, comme le dit le personnage de Bernard, "il n'y a pas de mots pour raconter ça". Mais parfois, il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir nier ce qui s'était passé là-bas.
>> A voir, la bande-annonce du film "Des hommes":
Plutôt habitué à porter des faits divers à l’écran, comme dans "Rapt", "La raison du plus faible", ou "38 témoins", Lucas Belvaux élargit ici son cadre avec l’intention de faire un film réparateur sur la guerre d’Algérie. Pour y parvenir, le cinéaste belge de 59 ans s'est appuyé sur les recherches de l'historien français Benjamin Stora, spécialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Algérie.
"Ce que j'ai aimé dans le livre, c'était cette sorte de mélange entre les destins individuels, les vies intimes, familiales et la grande Histoire. Et voir comment les mémoires familiales rejoignent la mémoire collective", indique Lucas Belvaux à la RTS.
Raconté en flashbacks, ce drame polyphonique se joue sur plusieurs époques. On découvre par petites touches ce que ces hommes ont vécu et comment ils ont ensuite tenté de se reconstruire.
Mettre les horreurs de la guerre à distance
"Des hommes" explore ainsi les plaies mal cicatrisées de l'histoire franco-algérienne et évoque cette guerre comme un secret de famille.
"J'ai essayé de mettre le traitement de l'horreur et des violences à distance, explique le réalisateur. Je n'ai pas envie de considérer le spectateur comme un témoin ou comme un voyeur. Je n'ai pas besoin de lui montrer des horreurs, de le scandaliser ou de le mettre dans l'effroi pour raconter quelque chose. Je préfère que le spectateur garde une certaine distance avec l'événement pour garder sa part de réflexion et son libre arbitre."
Freedom1 / afp/rw/aq
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