Les femmes ont subi de fortes conséquences de la pandémie de Covid-19, contraintes par exemple de quitter le marché du travail pour s’occuper d’enfants et de personnes âgées. En cette Journée internationale des femmes, elles demeurent sur la ligne de front de la lutte contre la pandémie en tant que travailleuses de la santé, parmi d’autre tâches.
Elles devraient pouvoir ensuite bénéficier de la reprise économique mondiale anticipée. Les codirectrices par intérim de la division Droits des femmes à Human Rights Watch, Heather Barr et Amanda Klasing, ont récemment discuté avec Amy Braunschweiger du sort des femmes pendant la pandémie, et des manières de construire un avenir plus équitable.
Comment le Covid-19 a-t-il affecté les femmes et les filles du monde entier?
HB : L’année 2020 a été dévastatrice pour les droits des femmes. Certains trouvent que cette affirmation est contredite par le nombre de victimes faites par la pandémie parmi les hommes, qui est supérieur à celui des femmes, mais l’impact de la pandémie sur les conditions de vie de ces dernières a été bien pire que sur les hommes. Environ 1,4 milliard d’enfants ont cessé de se rendre à l’école, et d’autres encore ont été renvoyés des crèches et des garderies.
Il fallait bien que quelqu’un s’occupe d’eux et c’était en grande majorité des femmes. Même avant le Covid, les femmes assumaient 2,5 fois plus de tâches domestique que les hommes. La non-scolarisation des enfants a poussé des millions de femmes à quitter le marché du travail.
Les femmes ont quitté le marché du travail de manière disproportionnée parce qu’elles sont moins bien payées et davantage susceptibles que les hommes de travailler dans le secteur informel où la sécurité de l’emploi n’était pas garantie. L’année écoulée a été une catastrophe économique pour elles. C’est pourquoi l’ONU estime à 47 millions le nombre de femmes supplémentaires qui basculeront dans la pauvreté d’ici septembre 2021.
Nous avons également constaté une hausse importante des actes de violence sexiste signalés à travers le monde et des cas de femmes privées d’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive. En outre, les fermetures des établissements scolaires pourraient causer plus de tort aux filles qu’aux garçons, car ne pas aller à l’école expose celles-ci à un risque accru de mariage forcé et autres formes de violence sexiste.
En outre, les filles peuvent avoir davantage de difficultés à étudier à distance, étant plus susceptibles de se voir confier des travaux ménagers. Tout ceci signifie que nous verrons probablement moins de filles reprendre le chemin à l’école que les garçons et que des préjudices durables pour leurs résultats scolaires sont à craindre.
Il est vraiment préoccupant que des décennies de progrès aient été perdues.
AK : Cela étant, toutes les femmes n’ont pas été touchées de la même manière. Les femmes de couleur, autochtones, issues de minorités ethniques, transgenres et atteintes de handicap ou celles qui sont migrantes ou déplacées de leurs foyers ont davantage subi les conséquences économiques de la pandémie et été exposées au risque de tomber malades en raison des discriminations croisées auxquelles elles sont confrontées.
Heather a mentionné que le Covid-19 a fait reculer les droits des femmes de plusieurs décennies. Mais la situation est également meilleure que par le passé en ce qui concerne les lois protégeant les femmes. Qu’avons-nous maintenant que nous n’avions pas à l’époque ?
AK : Le traité international visant à prévenir les discriminations à l’égard des femmes – la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes –, était nouveau dans les années 80. Il existe aussi des traités régionaux relatifs aux droits des femmes, le Protocole de Maputo en Afrique, la Convention de Belém do Pará dans les Amériques et la Convention d’Istanbul en Europe, qui portent tous sur la violence sexiste ou les droits fondamentaux des femmes. Nous disposons d’outils qui incitent les gouvernements à adopter des lois pour protéger les femmes contre la discrimination sur le lieu de travail, comme la nouvelle Convention C190 de l’Organisation internationale du travail (OIT). De nombreux pays proposent des congés payés aux familles et les droits de propriété des femmes sont de plus en plus protégés par la loi dans les cas de divorce et d’héritage.
Par ailleurs, plus que jamais, les filles sont scolarisées. Dans la plupart des pays, l’écart s’est réduit entre filles et garçons à l’école primaire et nous œuvrons à atteindre le même objectif au collège.
Aujourd’hui, les gens savent que l’égalité entre les sexes est le moteur de la sécurité économique. Tout ceci signifie que notre cadre de référence a changé. Cette infrastructure sera disponible au moment de sortir des retombées de la pandémie et c’est un élément important.
Freedom1 / Human Rights Watch
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