Le nouveau livre* de Abdelkader Djemaï vient de paraître aux éditions Barzakh. La trame de ce roman est tissée autour d’évènements historiques. À travers Nourredine (17 ans), personnage principal de son roman, l’auteur revient sur un évènement majeur de l’histoire d’Oran.
Nous sommes le 17 juin 1965. Le Brésil affronte l’Algérie en un match amical. Le président Ahmed Ben Bella assiste à cette rencontre rehaussée par la présence de Pelé, flanqué de son maillot N° 10. Le premier président de l’Algérie indépendante était loin de se douter qu’il allait faire l’objet d’un coup d’État fomenté par le colonel Houari Boumédiène, quelques heures seulement après cette rencontre footballistique.
Pelé au stade municipal d’Oran
L’évènement était attendu avec fébrilité depuis plusieurs jours, par les habitants d’Oran. La célèbre Selaçao avec à sa tête Pelé, la grande idole des fous de foot, allaient fouler la pelouse du stade municipal d’Oran à 21 heures, en ce jeudi 17 juin 1965 pour affronter l’équipe nationale dans un match amical, en présence du président Ahmed Ben Bella.
Pelé et ses comparses étaient d’abord passés par la capitale. « La chaine 3 avait couvert l’arrivée à Alger des Brésiliens à l’aéroport de Dar El-Beida et leur séance d’entrainement, devant quinze mille personnes, au Municipal du Ruisseau… Ce jour-là, la radio annonçait aussi le départ pour Paris, après un voyage d’information en Algérie, de Pierre Mendès France, l’ancien président du Conseil des ministres français ».
À travers Noureddine, le personnage clef de cette histoire romancée, Abdelkader Djemaï revisite l’histoire d’Alger et celle d’Oran. Il évoque le tournage du film ‘La Bataille d’Alger’ cet été là. « Ce long-métrage en noir et blanc du réalisateur italien Gillo Pontecorvo mobilisait des centaines de figurants et un important matériel militaire dont des chars ».
Un match historique
L’auteur décrit la fièvre qui s’était emparée d’Oran le 17 juin 1965. « Les scouts, les jeunes de la JFLN et des écoliers curieux et excités qui agitaient des petits drapeaux étaient alignés sur les trottoirs… Dans l’odeur de la poudre brûlée…des groupes folkloriques, comme les Karkabous de Sidi El-Hasni ou les musiciens de S’hab El Baroud de la Ville-Nouvelle, ajoutaient à l’ambiance.
Le président Ben Bella était arrivé par avion dans la ville d’El Bahia. « Accueilli le matin, à sa descente de l’Iliouchine II-18 offert par Nikita Khrouchtchev à l’aéroport d’Es-Sénia par le chef de la 2e région militaire, le commissaire du Parti, le préfet et le maire, il était reparti aussitôt par la route pour commencer une visite officielle ».
La tension monte d’un cran à l’approche du coup d’envoi de ce match historique en ce 17 juin 1956. Peu avant 21 h, Ahmed Ben Bella s’installe dans la tribune officielle. L’auteur décrit par le menu les minutes qui précèdent le début de la partie et l’annonce de la composition des deux équipes. Brésil : Manga, Djalma Santos, Bellini, Garrincha, Pelé…Algérie : Zerga, Mekhloufi, Zitouni, Soukhane, Defnoun, Lekkak…
Le coup d’État de Boumédiène
En cette soirée du Ramadan du 17 juin 1965, les spectateurs présents au stade Municipal d’Oran assistent à une scène peu habituelle. L’auteur la décrit : « Avant de donner le coup d’envoi, Ben Bella se mit, sous les applaudissements, à jongler avec adresse avec le ballon ».
Il relate également que, déçus par le score de 3 buts à 0, en faveur de l’équipe brésilienne, les jeunes présents dans les tribunes se sont mis en colère : « Des berlingots de lait aromatisé et des insultes aigres se mirent à tomber sur la tribune officielle que Ben Bella s’apprêtait à quitter, entouré de sa garde rapprochée ».
Quelques heures plus tard, l’histoire de l’Algérie indépendante prend un nouveau tournant. Abdelkader Djemaï écrit p 126. « La nuit de son retour d’Oran et sous les yeux de sa vieille gouvernante, Ben Bella avait été arrêté en pyjama à la Villa Joly, sa résidence où devait se tenir le lendemain…une réunion du Bureau politique ». L’auteur décrit les minutes qui ont suivi le coup d’État. Les nouvelles arrivaient via le transistor. « Une voix exaltée traitait Ben Bella de tyran, de démagogue, de mauvais gestionnaire et de dictateur…les communications téléphoniques avaient été coupées et les militaires avaient pris position aux points stratégiques ».
Abdelkader Djemaï a vu le jour en 1948 à Oran. Il vit actuellement en France et a publié de nombreux romans dont ‘Le nez sur la vitre’, La dernière nuit de l’Émir’, La vie (presque) vraie de l’abbé Lambert’.
*Le jour où Pelé. Editions Barzakh. 2018. 129 p
Par Kenza Adil/tsa-algerie.com
Nous sommes le 17 juin 1965. Le Brésil affronte l’Algérie en un match amical. Le président Ahmed Ben Bella assiste à cette rencontre rehaussée par la présence de Pelé, flanqué de son maillot N° 10. Le premier président de l’Algérie indépendante était loin de se douter qu’il allait faire l’objet d’un coup d’État fomenté par le colonel Houari Boumédiène, quelques heures seulement après cette rencontre footballistique.
Pelé au stade municipal d’Oran
L’évènement était attendu avec fébrilité depuis plusieurs jours, par les habitants d’Oran. La célèbre Selaçao avec à sa tête Pelé, la grande idole des fous de foot, allaient fouler la pelouse du stade municipal d’Oran à 21 heures, en ce jeudi 17 juin 1965 pour affronter l’équipe nationale dans un match amical, en présence du président Ahmed Ben Bella.
Pelé et ses comparses étaient d’abord passés par la capitale. « La chaine 3 avait couvert l’arrivée à Alger des Brésiliens à l’aéroport de Dar El-Beida et leur séance d’entrainement, devant quinze mille personnes, au Municipal du Ruisseau… Ce jour-là, la radio annonçait aussi le départ pour Paris, après un voyage d’information en Algérie, de Pierre Mendès France, l’ancien président du Conseil des ministres français ».
À travers Noureddine, le personnage clef de cette histoire romancée, Abdelkader Djemaï revisite l’histoire d’Alger et celle d’Oran. Il évoque le tournage du film ‘La Bataille d’Alger’ cet été là. « Ce long-métrage en noir et blanc du réalisateur italien Gillo Pontecorvo mobilisait des centaines de figurants et un important matériel militaire dont des chars ».
Un match historique
L’auteur décrit la fièvre qui s’était emparée d’Oran le 17 juin 1965. « Les scouts, les jeunes de la JFLN et des écoliers curieux et excités qui agitaient des petits drapeaux étaient alignés sur les trottoirs… Dans l’odeur de la poudre brûlée…des groupes folkloriques, comme les Karkabous de Sidi El-Hasni ou les musiciens de S’hab El Baroud de la Ville-Nouvelle, ajoutaient à l’ambiance.
Le président Ben Bella était arrivé par avion dans la ville d’El Bahia. « Accueilli le matin, à sa descente de l’Iliouchine II-18 offert par Nikita Khrouchtchev à l’aéroport d’Es-Sénia par le chef de la 2e région militaire, le commissaire du Parti, le préfet et le maire, il était reparti aussitôt par la route pour commencer une visite officielle ».
La tension monte d’un cran à l’approche du coup d’envoi de ce match historique en ce 17 juin 1956. Peu avant 21 h, Ahmed Ben Bella s’installe dans la tribune officielle. L’auteur décrit par le menu les minutes qui précèdent le début de la partie et l’annonce de la composition des deux équipes. Brésil : Manga, Djalma Santos, Bellini, Garrincha, Pelé…Algérie : Zerga, Mekhloufi, Zitouni, Soukhane, Defnoun, Lekkak…
Le coup d’État de Boumédiène
En cette soirée du Ramadan du 17 juin 1965, les spectateurs présents au stade Municipal d’Oran assistent à une scène peu habituelle. L’auteur la décrit : « Avant de donner le coup d’envoi, Ben Bella se mit, sous les applaudissements, à jongler avec adresse avec le ballon ».
Il relate également que, déçus par le score de 3 buts à 0, en faveur de l’équipe brésilienne, les jeunes présents dans les tribunes se sont mis en colère : « Des berlingots de lait aromatisé et des insultes aigres se mirent à tomber sur la tribune officielle que Ben Bella s’apprêtait à quitter, entouré de sa garde rapprochée ».
Quelques heures plus tard, l’histoire de l’Algérie indépendante prend un nouveau tournant. Abdelkader Djemaï écrit p 126. « La nuit de son retour d’Oran et sous les yeux de sa vieille gouvernante, Ben Bella avait été arrêté en pyjama à la Villa Joly, sa résidence où devait se tenir le lendemain…une réunion du Bureau politique ». L’auteur décrit les minutes qui ont suivi le coup d’État. Les nouvelles arrivaient via le transistor. « Une voix exaltée traitait Ben Bella de tyran, de démagogue, de mauvais gestionnaire et de dictateur…les communications téléphoniques avaient été coupées et les militaires avaient pris position aux points stratégiques ».
Abdelkader Djemaï a vu le jour en 1948 à Oran. Il vit actuellement en France et a publié de nombreux romans dont ‘Le nez sur la vitre’, La dernière nuit de l’Émir’, La vie (presque) vraie de l’abbé Lambert’.
*Le jour où Pelé. Editions Barzakh. 2018. 129 p
Par Kenza Adil/tsa-algerie.com
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