Le Prix Nobel de la paix 2010 est mort jeudi sans que le régime communiste le laisse finir ses jours en liberté à l’étranger.
Ce symbole de la lutte pour la démocratie dans le pays le plus peuplé du monde est mort à l’hôpital universitaire no 1 de Shenyang (nord-est de la Chine) après plus de huit années passées en détention.
« Nous trouvons profondément perturbant que Liu Xiaobo n’ait pas été transféré dans un établissement où il aurait pu recevoir un traitement médical adéquat avant que sa maladie n’entre en phase terminale », a dit la présidente du comité, Berit Reiss-Andersen.
Pékin a toujours refusé d’accorder à Liu Xiaobo, qui souffrait d’hépatite chronique, une remise de peine. A la suite de sa libération conditionnelle, il avait été transféré, en juin, dans un hôpital, alors que son état de santé s’était dégradé.
Le dissident avait fait savoir qu’il souhaitait suivre un traitement à l’étranger, un appel relayé par la communauté internationale mais rejeté par Pékin, qui y voyait une ingérence dans ses affaires intérieures.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « profondément attristé » et « exprime ses condoléances à sa famille et à ses amis ». Mais il s’est abstenu de toute critique envers la Chine.
« Un héros de la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme »
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, et celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont réitéré l’appel de l’UE à « la libération de tous les prisonniers de conscience » en Chine.
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a témoigné de sa « profonde tristesse » à l’annonce de la mort du défenseur des droits de l’homme, et appelé Pékin à « assurer la liberté de mouvement de son épouse, Mme Liu Xia, de sa famille et ses proches ». Une requête également émise par le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, qui a souligné que « dans son combat pour la liberté, l’égalité et le respect des règles de droit », Lu Xiaobo avait incarné l’esprit du Nobel.
Berlin, qui avait multiplié les appels à transférer le dissident chinois en Allemagne pour qu’il y soit soigné, a rendu hommage au « héros de la démocratie », mort jeudi en Chine d’un cancer. « Sa résistance par la non-violence a fait de lui un héros de la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme », a tweeté le ministre de la justice allemand, Heïko Maas. La chancelière, Angela Merkel, s’est, quant à elle, dite « profondément attristée » par la nouvelle.
Condamné en 2009 à onze ans de prison pour « incitation à la subversion de l’Etat », Lu Xiaobo avait participé en 1989 à la révolte de la place Tiananmen. Il était l’un des initiateurs de la Charte 08, demandant l’instauration d’une démocratie libérale en Chine. Le texte, diffusé en décembre 2008, avait recueilli la signature de plus de 300 intellectuels et militants des droits de l’homme chinois.
« Aujourd’hui nous pleurons la perte d’un géant des droits de l’homme. Liu Xiaobo était un homme d’une intelligence acérée, pétri de principes, d’esprit et avant tout d’humanité », a réagi Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
Le Monde.fr avec AFP
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