La Corée du Nord peut résister à l'aggression américaine, avec son arme de dissuasion nucléaire, et aussi avec des armes conventionnelles capables d'atteindre les bases américaines en Corée du Sud et au Japon, estime Brian Becker de Answer Coalition.
Le sénateur républicain John McCain qui a soutenu Trump après que le président américain a ordonné le bombardement d’une base aérienne en Syrie le 7 avril, s'est exprimé de manière plus calme, s'agissant de la meilleure façon de résoudre la crise nord-coréenne.
John McCain, qui a dîné avec le président américain, a déclaré que la Chine était la clé susceptible de résoudre la crise dans la péninsule coréenne : «Les Chinois peuvent mettre fin à cela [le programme nucléaire de Pyongyang]. Je ne crois pas que le leader nord-coréen Kim Jong-un le fasse lui-même. Je ne pense pas qu’il soit irrationnel, mais je ne pense pas que la prospérité de son peuple le préoccupe, et c’est le moins qu’on puisse dire.»
John McCain défend toujours la politique étrangère militariste la plus agressive
A quoi est dû ce changement tactique de la part de John McCain et d’autres faucons à Washington sur la crise nord-coréenne, en comparaison de leur position belliciste concernant la Syrie ?
«John McCain, en général, est un homme politique qui n’a jamais trouvé une guerre qu’il n’aimerait pas. Il défend toujours la politique étrangère militariste la plus agressive», explique Brian Becker, directeur de la coalition antiguerre ANSWER.
«Ce que représentent et ce que reflètent ses commentaires sur la Corée du Nord est une reconnaissance, même par les militaristes inconditionnels à Washington, qu’une guerre avec la Corée du Nord ne serait pas comme avec l’Irak ou la Libye. Un haut fonctionnaire de l’administration de George W. Bush m’a confié que les Etats-Unis avaient envahi l’Irak parce que c’était "un fruit à portée de main", ce qui signifie que c'était une cible facile», a poursuivi Brian Becker.
Contrairement à la Syrie, la Corée du Nord a la capacité de repousser une attaque et elle va répondre, en frappant les soldats américains qui sont à proximité
L’expert assure que la situation est différente avec la Corée du Nord. «Ce pays n’a pas seulement une arme de dissuasion nucléaire, mais aussi des armes conventionnelles, il peut éliminer des milliers de soldats américains qui sont stationnés en Corée du Sud et à proximité des bases militaires au Japon. Ce ne serait pas une guerre dans laquelle toute effusion de sang serait de l’autre côté», explique-t-il, ajoutant que «cela devient un moyen de dissuader les décideurs politiques américains et ceux qui représentent traditionnellement le courant le plus belliciste, comme John McCain.»
Mais il ne s’agit pas pour autant d’une reculade face à la Corée du Nord, ajoute Brian Becker, malgré le fait qu’«il y a eu beaucoup d’esbroufe et de bluff de la part du président américain». Il ajoute : «Avec Donald Trump, vous ne savez jamais quel est son but ultime, il ne semble pas être un très bon négociateur. Il estime que les Nord-Coréens auront peur. Il croit que s’il lance une bombe de 21 000 kilos sur l’Afghanistan, il va susciter de la peur et du frémissement en Corée du Nord. La Corée du Nord a enduré beaucoup. Cinq millions de Coréens sont morts lors de la guerre de Corée. Ils ne tremblent pas de peur. Donc, je pense qu’on reconnaît aujourd’hui que, contrairement à la Syrie, la Corée du Nord a la capacité de repousser une attaque, et qu'elle va répondre, en frappant les soldats américains qui sont à proximité. Ils ne sont stationnés qu'à 30 miles [environ 50 kilomètres] de Séoul et sur d’autres bases militaires dans le Sud de la péninsule.»
Par Brian Becker est co-directeur de l’International Action Center/RTFrance
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