Comme l'indique le titre de ce remarquable ouvrage, la véritable histoire des harkis, terme qui désigne improprement tous les supplétifs « indigènes » de l'armée française pendant la guerre d'Algérie, reste aujourd'hui encore un sujet quasi tabou.
Rien ne le démontre mieux que la difficulté à trouver des documents d’archives sur cette histoire et, plus encore, que les idées reçues qui ont cours des deux côtés de la Méditerranée à son endroit.
En France, il est très généralement admis que ces harkis ont été en majorité massacrés après guerre dans leur pays avec la complicité et même la participation active des nouvelles autorités. Sauf ceux qui ont réussi à gagner la métropole malgré le refus honteux du gouvernement français de l’époque de les accueillir.
En Algérie, on estime que ces complices des autorités coloniales furent des égarés très minoritaires qui ne peuvent être considérés que comme des « traîtres » et dont on n’a plus eu à se préoccuper au-delà de l’immédiat après-guerre, où la justice s’est chargée de décider de leur sort sans esprit excessif de vengeance. Et depuis lors, l’appellation de « harki » s’est transformée en insulte suprême.
Dans les deux cas, affirme Pierre Daum, on passe à côté de la vérité. En France sans doute parce qu’on se sent coupable pour bien des raisons à l’égard de supplétifs « légitimant » la colonisation, et en Algérie surtout parce que leur existence même dément le discours officiel sur la guerre d’indépendance menée au nom du peuple algérien tout entier.
L’histoire des harkis, loin d’être un phénomène marginal, a joué un rôle essentiel pendant la guerre.
Phénomène complexe
Après une longue enquête et le recueil de quantité de témoignages, l’auteur établit que l’histoire des harkis, loin d’être un phénomène marginal, a joué un rôle essentiel pendant la guerre. Ils sont 250 000 à avoir été à un moment ou à un autre enrôlés comme supplétifs, et 450 000 ont « travaillé » avec les Français durant le conflit – un chiffre bien supérieur à celui des véritables combattants de l’ALN ! Les motivations qui ont conduit tant d’Algériens à devenir harkis n’étaient pas seulement l’appât du gain ou la volonté de soutenir le système colonial, elles se révèlent beaucoup plus complexes. Par ailleurs, la majorité des harkis, bien qu’ayant traversé une période effroyable après guerre, n’ont pas été victimes de massacres et ont continué, non sans difficultés évidemment, leur vie en Algérie.
Rien ne le démontre mieux que la difficulté à trouver des documents d’archives sur cette histoire et, plus encore, que les idées reçues qui ont cours des deux côtés de la Méditerranée à son endroit.
En France, il est très généralement admis que ces harkis ont été en majorité massacrés après guerre dans leur pays avec la complicité et même la participation active des nouvelles autorités. Sauf ceux qui ont réussi à gagner la métropole malgré le refus honteux du gouvernement français de l’époque de les accueillir.
En Algérie, on estime que ces complices des autorités coloniales furent des égarés très minoritaires qui ne peuvent être considérés que comme des « traîtres » et dont on n’a plus eu à se préoccuper au-delà de l’immédiat après-guerre, où la justice s’est chargée de décider de leur sort sans esprit excessif de vengeance. Et depuis lors, l’appellation de « harki » s’est transformée en insulte suprême.
Dans les deux cas, affirme Pierre Daum, on passe à côté de la vérité. En France sans doute parce qu’on se sent coupable pour bien des raisons à l’égard de supplétifs « légitimant » la colonisation, et en Algérie surtout parce que leur existence même dément le discours officiel sur la guerre d’indépendance menée au nom du peuple algérien tout entier.
L’histoire des harkis, loin d’être un phénomène marginal, a joué un rôle essentiel pendant la guerre.
Phénomène complexe
Après une longue enquête et le recueil de quantité de témoignages, l’auteur établit que l’histoire des harkis, loin d’être un phénomène marginal, a joué un rôle essentiel pendant la guerre. Ils sont 250 000 à avoir été à un moment ou à un autre enrôlés comme supplétifs, et 450 000 ont « travaillé » avec les Français durant le conflit – un chiffre bien supérieur à celui des véritables combattants de l’ALN ! Les motivations qui ont conduit tant d’Algériens à devenir harkis n’étaient pas seulement l’appât du gain ou la volonté de soutenir le système colonial, elles se révèlent beaucoup plus complexes. Par ailleurs, la majorité des harkis, bien qu’ayant traversé une période effroyable après guerre, n’ont pas été victimes de massacres et ont continué, non sans difficultés évidemment, leur vie en Algérie.
Par Renaud de Rochebrune
Le Dernier Tabou, de Pierre Daum, éd. Actes Sud, 544 pages
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