En Syrie, un dictateur prêt à tout pour rester en place a pris son peuple en otage, dans l'indifférence du monde. C'est de cela que ce petit garçon est mort.
Des enfants meurent tous les jours de maladie ou d'accident. Ce malheur est le plus terrible dans la vie. Mais là, c'est un enfant de trois ans assassiné par Bachar el-Assad. Il aurait pu vivre, aller à l'école, danser et rire, jouer et dessiner des rêves.
Quel âge ont les enfants de Bachar el-Assad ? Dorment-ils bien ? Ont-ils vu le dentiste pour éviter les caries ? On est inquiet, on voudrait savoir s'ils se portent bien, s'ils ne manquent de rien. Parce que tout autour de leur maison des citoyens en armes tentent de renvoyer leur père à son premier métier, la médecine. Mais il est très occupé. Il n'est pas sûr que le soir il trouve le temps d'aller leur raconter une petite fable avant de s'endormir et de faire de beaux rêves. Peut-être qu'il les a envoyés loin, à Londres par exemple, où ils devraient vivre en toute sécurité avec leur maman.
« Moi ou le chaos islamiste »
Il y a la guerre et puis il y a l'exil. Des réfugiés syriens errent dans le monde. L'Europe ne peut pas aujourd'hui se détourner des conséquences de cette guerre. Lorsque le peuple syrien est descendu dans les rues de Damas manifester pacifiquement contre la dictature que Bachar a héritée de son père Hafez, il fut reçu non pas par des jets d'eau, mais par des rafales de mitraillettes qui ont fait des centaines de morts. C'était en mars 2011. Le monde savait de quoi était capable cette famille de malheur pour rester au pouvoir. Le père avait donné l'exemple en tuant, en février 1982, 40 000 opposants à Hama, en toute impunité. Cela s'est passé dans un huis clos absolu.
Avec l'appui de la Russie et de l'Iran, Bachar a entamé une guerre sans merci contre son peuple. Depuis, les choses se sont compliquées et l'islamisme radical s'en est mêlé, ce qui arrangeait bien la stratégie de Bachar, qui dit au monde : c'est moi ou le chaos islamiste !
Puis il y eut l'utilisation en août 2013 d'armes chimiques. Obama s'est énervé. Juste un petit énervement, une mauvaise humeur. Sans plus. Les Européens attendaient de voir ce qu'allait faire l'Amérique. Elle ne fit rien. Ainsi fut délivré « le permis de tuer » à un grand assassin, Bachar el-Assad.
Il rappelle notre silence et notre impuissance
Des millions de Syriens ont fui. Un million au Liban. Et un peu plus de trois autres millions éparpillés dans le monde, dont la famille du petit garçon retrouvé le visage contre le sable sur la plage de Bodrum en Turquie. L'embarcation devait aller à Kos, en Grèce. Le malheur s'est abattu sur elle et voilà un naufrage non seulement d'une dizaine de citoyens syriens expulsés de leur maison par la guerre et par l'indifférence du monde, mais d'une humanité meurtrie, trahie, dont le sort fait honte au monde.
Comme l'a écrit quelqu'un en voyant cet enfant, le corps inanimé, c'est « l'Humanité échouée ». C'est la civilisation dans tous ses échecs. C'est la victoire de la barbarie, qu'elle vienne des rangs de Daesh ou de la tête de Bachar.
Cet enfant jeté par les flots rappelle la petite Vietnamienne qui courait nue fuyant les bombardements. Il rappelle le silence des uns, l'impuissance des bonnes âmes, mais surtout il nous dit que le monde est ainsi : la barbarie a pignon sur rue. On tue, on égorge et on filme le carnage. Le peuple syrien est abandonné de tous. Demain, ce sera un autre peuple qui subira le même sort. C'est cela, l'avenir du monde. Avant on croyait à la solidarité, à la bonté, à l'humanité. Tout cela est bien fini. Bachar, après bien d'autres massacreurs de leur peuple, nous dit calmement « c'est moi ou le chaos », un chaos mis en scène par ses services. Et le tour est joué.
La photo du petit garçon hantera ses nuits. Mais, vidé de toute humanité, il n'aura aucune émotion, aucun geste et passera une bonne nuit jusqu'au jour où il n'y aura plus de peuple syrien en Syrie.
Des enfants meurent tous les jours de maladie ou d'accident. Ce malheur est le plus terrible dans la vie. Mais là, c'est un enfant de trois ans assassiné par Bachar el-Assad. Il aurait pu vivre, aller à l'école, danser et rire, jouer et dessiner des rêves.
Quel âge ont les enfants de Bachar el-Assad ? Dorment-ils bien ? Ont-ils vu le dentiste pour éviter les caries ? On est inquiet, on voudrait savoir s'ils se portent bien, s'ils ne manquent de rien. Parce que tout autour de leur maison des citoyens en armes tentent de renvoyer leur père à son premier métier, la médecine. Mais il est très occupé. Il n'est pas sûr que le soir il trouve le temps d'aller leur raconter une petite fable avant de s'endormir et de faire de beaux rêves. Peut-être qu'il les a envoyés loin, à Londres par exemple, où ils devraient vivre en toute sécurité avec leur maman.
« Moi ou le chaos islamiste »
Il y a la guerre et puis il y a l'exil. Des réfugiés syriens errent dans le monde. L'Europe ne peut pas aujourd'hui se détourner des conséquences de cette guerre. Lorsque le peuple syrien est descendu dans les rues de Damas manifester pacifiquement contre la dictature que Bachar a héritée de son père Hafez, il fut reçu non pas par des jets d'eau, mais par des rafales de mitraillettes qui ont fait des centaines de morts. C'était en mars 2011. Le monde savait de quoi était capable cette famille de malheur pour rester au pouvoir. Le père avait donné l'exemple en tuant, en février 1982, 40 000 opposants à Hama, en toute impunité. Cela s'est passé dans un huis clos absolu.
Avec l'appui de la Russie et de l'Iran, Bachar a entamé une guerre sans merci contre son peuple. Depuis, les choses se sont compliquées et l'islamisme radical s'en est mêlé, ce qui arrangeait bien la stratégie de Bachar, qui dit au monde : c'est moi ou le chaos islamiste !
Puis il y eut l'utilisation en août 2013 d'armes chimiques. Obama s'est énervé. Juste un petit énervement, une mauvaise humeur. Sans plus. Les Européens attendaient de voir ce qu'allait faire l'Amérique. Elle ne fit rien. Ainsi fut délivré « le permis de tuer » à un grand assassin, Bachar el-Assad.
Il rappelle notre silence et notre impuissance
Des millions de Syriens ont fui. Un million au Liban. Et un peu plus de trois autres millions éparpillés dans le monde, dont la famille du petit garçon retrouvé le visage contre le sable sur la plage de Bodrum en Turquie. L'embarcation devait aller à Kos, en Grèce. Le malheur s'est abattu sur elle et voilà un naufrage non seulement d'une dizaine de citoyens syriens expulsés de leur maison par la guerre et par l'indifférence du monde, mais d'une humanité meurtrie, trahie, dont le sort fait honte au monde.
Comme l'a écrit quelqu'un en voyant cet enfant, le corps inanimé, c'est « l'Humanité échouée ». C'est la civilisation dans tous ses échecs. C'est la victoire de la barbarie, qu'elle vienne des rangs de Daesh ou de la tête de Bachar.
Cet enfant jeté par les flots rappelle la petite Vietnamienne qui courait nue fuyant les bombardements. Il rappelle le silence des uns, l'impuissance des bonnes âmes, mais surtout il nous dit que le monde est ainsi : la barbarie a pignon sur rue. On tue, on égorge et on filme le carnage. Le peuple syrien est abandonné de tous. Demain, ce sera un autre peuple qui subira le même sort. C'est cela, l'avenir du monde. Avant on croyait à la solidarité, à la bonté, à l'humanité. Tout cela est bien fini. Bachar, après bien d'autres massacreurs de leur peuple, nous dit calmement « c'est moi ou le chaos », un chaos mis en scène par ses services. Et le tour est joué.
La photo du petit garçon hantera ses nuits. Mais, vidé de toute humanité, il n'aura aucune émotion, aucun geste et passera une bonne nuit jusqu'au jour où il n'y aura plus de peuple syrien en Syrie.
PAR TAHAR BEN JELLOUN
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