Le contestation outrancière, souvent ponctuée de noms d'oiseaux, est une plaie que le football fait semblant de bannir.
Vous les avez vues, ces publicités d’avant-match qui prônent les bons sentiments comme la lutte contre le racisme et le respect de chacun. Le respect. Ce mot si souvent employé, à tort et à travers, galvaudé, la plupart du temps. Par moment, des fois, souvent, trop souvent, ce qui se passe ensuite sur le terrain tranche un peu avec l’élan de coubertinisme qui trouve de moins en moins sa place (voire qui ne l’a plus du tout) dans un match de football. Vous les avez lues sur les lèvres des joueurs, si distinctement que vous les avez presque entendues vous-même devant votre téléviseur. Ce sont les insultes. De joueur à joueur, elles précèdent souvent un jeu de main, qui ne va dans la grande majeure partie des cas pas au delà du combat de coq. Elles sont aussi souvent proférées à l’endroit des arbitres, censés réguler, ordonner, maîtriser, sanctionner, faire autorité sur les terrains de foot. Lorsque les joueurs foncent jusque sous leur nez pour chuchoter en criant presque leur mépris envers l’interprète des lois du jeu, l’autorité est un bien grand mot, presque aussi insignifiant dans ces moments-là que celui de respect. Pourquoi donc sont-elles tant banalisées dans le sport que nous aimons tous ?
"Insulter un arbitre ou un adversaire n’est pas permis dans le football. Il y a un code disciplinaire qui prévoit des sanctions en fonction de l’insulte en question", nous précise ainsi Bruno Derrien, ancien arbitre international fait chevalier de l’ordre national du Mérite le 15 mai dernier des mains du président de la République François Hollande. Le 19 août dernier, Gérad Piqué écopait d’une suspension de 4 matches pour avoir été devant l’arbitre de touche de la Supercoupe d’Espagne pour lui susurrer un délicat "Je chie sur ta pute de mère", en réaction à un coup de sifflet en sa défaveur. Quatre matches ? C’est bien ce que les instances ont décidé que l’insulte valait, alors que l’on se situe bien là dans les plus hautes sphères du manque de respect. C’est aussi la sanction dont Ibra avait fait l’objet pour avoir interpellé vulgairement mais indirectement les arbitres du match de Ligue 1 face à Bordeaux en mars dernier. Au mois de mai, Jérémy Ménez, qui n’en était pas à son coup d’essai, a également écopé de 4 matches pour avoir lancé un "fils de pute", à l’arbitre qui l’avait exclu quelques secondes auparavant pour un fait de jeu. Et ce ne sont là que les exemples les plus récents, puisqu’ils sont en réalité légion depuis des années. Le barème disciplinaire est donc clair, un joueur peut insulter un arbitre, jusqu’aux membres de sa famille, pour la modique somme de 360 minutes de suspension. Une somme… La sanction financière est-elle à ce point malséante qu’elle n’est même pas envisagée ?
Les micros, une solution permanente ?
"Les sanctions qui auraient le plus d’impact seraient les sanctions financières, payées par le joueur et non pas par le club. Mais c’est du ressort de la Ligue voire des présidents de clubs. Dans ce cas là, c’est à l’Assemblée générale de la Ligue et celle de la fédération de changer le coder disciplinaire pour y intégrer des sanctions financières", estime ainsi Bruno Derrien. Les arbitres, eux, n’ont bien que des cartons dans leurs poches pour faire taire les propos méprisants. Force est de constater que le jaune et même le rouge n’ont pas vraiment vocation à calmer les ardeurs. La Ligue doit donc accentuer les sanctions envers ces joueurs qui se permettent d’insulter ouvertement le représentant de l’autorité entre les lignes blanches. Pour Bruno Derrien, c’est un dysfonctionnement du système qui permet aux dérives de se multiplier. "L’arbitre est là pour relater les faits, après cela ne lui appartient plus. C’est comme la police qui arrête un délinquant, c’est la justice qui décide de la peine à donner en fonction du dossier, des antécédents, de circonstances atténuantes ou pas. Là, c’est pareil", poursuit-il.
Un simple rapport ne suffit-il pas à mesurer la gravité des faits ? Vraisemblablement, non. Que faut-il faire pour que la prise de conscience ait lieu ? Que le public puisse entendre ces insultes ? La solution est expérimentée, souvent lors des finales des Coupes nationales en France. Mais pour Bruno Derrien, il ne s’agit pas d’une solution souhaitable sur le long terme. "Quand les arbitres son équipe de micros, les joueurs font plus attention. Cela a un but pédagogique, qui permet d’assainir le climat sur le terrain. Mais c’est dommage d’en arriver là pour qu’ils fassent attention à leur vocabulaire. Je ne suis pas pour qu’ils soient tout le temps équipés, cela aseptise la discussion, puis sur un terrain on n’est pas dans la télé-réalité, ce n’est le loft !", ironise-t-il.
Les clubs doivent être responsabilisés
Lorsqu’un joueur arrive en retard à l’entraînement, les clubs lui attribuent une sanction financière pour un comportement non professionnel qui va à l’encontre des intérêts de l’entreprise dans laquelle il est embauché. En somme, les raisons sont donc parfaitement applicables à l’insulte. La sanction financière devrait donc être naturelle, puisque la seule sanction sportive ne saurait suffire. Pour Bruno Derrien, c’est un alliage entre suspension et amende qui aurait le meilleur impact. "Si un joueur se comporte mal sur un terrain, qu’il insulte un adversaire ou un arbitre, on ne lui donnerait qu’une sanction financière et il continuerait à jouer ? Il faut peut-être à la fois avoir une sanction sportive attribuée par la commission de discipline et une sanction financière qui pourrait être à la charge des clubs".
Ou même à la charge des instances. Pourquoi pas ? Il y a quelques semaines, lors du tournoi de tennis de Montréal, Nick Kirgyos, un joueur australien, a été sanctionné par l’ATP (l’organisme qui gère le circuit professionnel, ndlr), d’une amende salée de 25.000 euros assortie d’une suspension de presque un mois, le tout pour de propos dégradants à l’encontre de la petite amie de son adversaire Stan Wawrinka. Voilà qui aurait valeur d’exemple dans un football où la démesure protectionniste met à mal les valeurs du sport. Oui, parce que, même s’il est à part, le football est un sport. Au risque de paraître démagogique, moraliste de la première heure et même quelque peu désuet, les jeunes qui regardent leurs idoles à la télé n’ont aucune raison de ne pas les imiter, de la coupe de cheveux aux insultes envers l’abritre. D’ailleurs, un homme éduqué est un homme meilleur. Et les footballeurs sont des hommes, non ?
Vous les avez vues, ces publicités d’avant-match qui prônent les bons sentiments comme la lutte contre le racisme et le respect de chacun. Le respect. Ce mot si souvent employé, à tort et à travers, galvaudé, la plupart du temps. Par moment, des fois, souvent, trop souvent, ce qui se passe ensuite sur le terrain tranche un peu avec l’élan de coubertinisme qui trouve de moins en moins sa place (voire qui ne l’a plus du tout) dans un match de football. Vous les avez lues sur les lèvres des joueurs, si distinctement que vous les avez presque entendues vous-même devant votre téléviseur. Ce sont les insultes. De joueur à joueur, elles précèdent souvent un jeu de main, qui ne va dans la grande majeure partie des cas pas au delà du combat de coq. Elles sont aussi souvent proférées à l’endroit des arbitres, censés réguler, ordonner, maîtriser, sanctionner, faire autorité sur les terrains de foot. Lorsque les joueurs foncent jusque sous leur nez pour chuchoter en criant presque leur mépris envers l’interprète des lois du jeu, l’autorité est un bien grand mot, presque aussi insignifiant dans ces moments-là que celui de respect. Pourquoi donc sont-elles tant banalisées dans le sport que nous aimons tous ?
"Insulter un arbitre ou un adversaire n’est pas permis dans le football. Il y a un code disciplinaire qui prévoit des sanctions en fonction de l’insulte en question", nous précise ainsi Bruno Derrien, ancien arbitre international fait chevalier de l’ordre national du Mérite le 15 mai dernier des mains du président de la République François Hollande. Le 19 août dernier, Gérad Piqué écopait d’une suspension de 4 matches pour avoir été devant l’arbitre de touche de la Supercoupe d’Espagne pour lui susurrer un délicat "Je chie sur ta pute de mère", en réaction à un coup de sifflet en sa défaveur. Quatre matches ? C’est bien ce que les instances ont décidé que l’insulte valait, alors que l’on se situe bien là dans les plus hautes sphères du manque de respect. C’est aussi la sanction dont Ibra avait fait l’objet pour avoir interpellé vulgairement mais indirectement les arbitres du match de Ligue 1 face à Bordeaux en mars dernier. Au mois de mai, Jérémy Ménez, qui n’en était pas à son coup d’essai, a également écopé de 4 matches pour avoir lancé un "fils de pute", à l’arbitre qui l’avait exclu quelques secondes auparavant pour un fait de jeu. Et ce ne sont là que les exemples les plus récents, puisqu’ils sont en réalité légion depuis des années. Le barème disciplinaire est donc clair, un joueur peut insulter un arbitre, jusqu’aux membres de sa famille, pour la modique somme de 360 minutes de suspension. Une somme… La sanction financière est-elle à ce point malséante qu’elle n’est même pas envisagée ?
Les micros, une solution permanente ?
"Les sanctions qui auraient le plus d’impact seraient les sanctions financières, payées par le joueur et non pas par le club. Mais c’est du ressort de la Ligue voire des présidents de clubs. Dans ce cas là, c’est à l’Assemblée générale de la Ligue et celle de la fédération de changer le coder disciplinaire pour y intégrer des sanctions financières", estime ainsi Bruno Derrien. Les arbitres, eux, n’ont bien que des cartons dans leurs poches pour faire taire les propos méprisants. Force est de constater que le jaune et même le rouge n’ont pas vraiment vocation à calmer les ardeurs. La Ligue doit donc accentuer les sanctions envers ces joueurs qui se permettent d’insulter ouvertement le représentant de l’autorité entre les lignes blanches. Pour Bruno Derrien, c’est un dysfonctionnement du système qui permet aux dérives de se multiplier. "L’arbitre est là pour relater les faits, après cela ne lui appartient plus. C’est comme la police qui arrête un délinquant, c’est la justice qui décide de la peine à donner en fonction du dossier, des antécédents, de circonstances atténuantes ou pas. Là, c’est pareil", poursuit-il.
Un simple rapport ne suffit-il pas à mesurer la gravité des faits ? Vraisemblablement, non. Que faut-il faire pour que la prise de conscience ait lieu ? Que le public puisse entendre ces insultes ? La solution est expérimentée, souvent lors des finales des Coupes nationales en France. Mais pour Bruno Derrien, il ne s’agit pas d’une solution souhaitable sur le long terme. "Quand les arbitres son équipe de micros, les joueurs font plus attention. Cela a un but pédagogique, qui permet d’assainir le climat sur le terrain. Mais c’est dommage d’en arriver là pour qu’ils fassent attention à leur vocabulaire. Je ne suis pas pour qu’ils soient tout le temps équipés, cela aseptise la discussion, puis sur un terrain on n’est pas dans la télé-réalité, ce n’est le loft !", ironise-t-il.
Les clubs doivent être responsabilisés
Lorsqu’un joueur arrive en retard à l’entraînement, les clubs lui attribuent une sanction financière pour un comportement non professionnel qui va à l’encontre des intérêts de l’entreprise dans laquelle il est embauché. En somme, les raisons sont donc parfaitement applicables à l’insulte. La sanction financière devrait donc être naturelle, puisque la seule sanction sportive ne saurait suffire. Pour Bruno Derrien, c’est un alliage entre suspension et amende qui aurait le meilleur impact. "Si un joueur se comporte mal sur un terrain, qu’il insulte un adversaire ou un arbitre, on ne lui donnerait qu’une sanction financière et il continuerait à jouer ? Il faut peut-être à la fois avoir une sanction sportive attribuée par la commission de discipline et une sanction financière qui pourrait être à la charge des clubs".
Ou même à la charge des instances. Pourquoi pas ? Il y a quelques semaines, lors du tournoi de tennis de Montréal, Nick Kirgyos, un joueur australien, a été sanctionné par l’ATP (l’organisme qui gère le circuit professionnel, ndlr), d’une amende salée de 25.000 euros assortie d’une suspension de presque un mois, le tout pour de propos dégradants à l’encontre de la petite amie de son adversaire Stan Wawrinka. Voilà qui aurait valeur d’exemple dans un football où la démesure protectionniste met à mal les valeurs du sport. Oui, parce que, même s’il est à part, le football est un sport. Au risque de paraître démagogique, moraliste de la première heure et même quelque peu désuet, les jeunes qui regardent leurs idoles à la télé n’ont aucune raison de ne pas les imiter, de la coupe de cheveux aux insultes envers l’abritre. D’ailleurs, un homme éduqué est un homme meilleur. Et les footballeurs sont des hommes, non ?
Ali Palabiyik/goal
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