Les Occidentaux ont une responsabilité particulière en ce qui concerne les migrations en provenance du Moyen-Orient, estime Christine von Garnier. Pour ce qui est de ceux en provenance d’Afrique subsaharienne, elle met en cause directement les dirigeants africains.
Ils seraient presque un milliard de déplacés dans le monde à fuir des situations invivables chez eux. Comment ne pas penser à une troisième guerre mondiale d’un style nouveau où les conflits éclatent dans différents lieux du globe? En effet, de nombreux pays augmentent leurs dépenses d’armement, le Japon «pacifiste» en tête. L’immense cimetière de la Méditerranée nous glace d’effroi: les baignades de cet été auront un goût morbide. Et pourtant, des milliers de migrants, dont l’écrasante majorité sont des demandeurs d’asile, continuent de voir l’Europe comme leur terre promise où l’on pourrait vivre dignement. Comment en est-on arrivé là?
Les responsabilités sont historiques, complexes et partagées. On peut cependant déceler quelques grandes tendances. En premier lieu une revanche des peuples anciennement colonisés qui ont souffert d’avoir été déstructurés politiquement, socialement, culturellement (en matière de religion notamment) à la fin du XIXe siècle au Moyen-Orient, et qui ne s’en sont pas encore remis. La mémoire collective des peuples n’oublie jamais. L’ayatollah Khomeiny n’avait-il pas averti que le but de l’islam est la conquête du monde? Nous y voilà.
Il y eut le colonialisme, mais aussi les deux guerres mondiales qui ont bouleversé l’ordre du monde. La suprématie des Etats-Unis depuis 1945, avec son écrasante supériorité militaire et technique, n’a pas faibli depuis. Profondément frustrés par la puissance américaine qui avait «décapité» leur âme profonde, Oussama ben Laden et les membres d’Al-Qaida ont voulu se venger en détruisant, le 11 septembre 2001, les symboles de la puissance américaine. Il s’en est suivi l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, qui était censée pacifier et démocratiser le Moyen-Orient. Cependant les nouveaux maîtres de l’Irak, dans leur aveuglement, ont eux-mêmes engendré un monstre, l’Etat islamique (EI), qui à bien des égards suit la même logique de destruction systématique de l’ennemi que les nazis. Quant au gouvernement israélien, il n’a de cesse de dériver vers une politique brutale à l’égard des Palestiniens qui, au final, ne lui apporte que des ennemis.
Ainsi donc, les migrants du Moyen-Orient et ceux de l’est de l’Afrique ont un droit à être aidés, surtout les chrétiens déracinés violemment de leur lieu de vie, porteurs en partie de nos valeurs.
Il faudrait sans doute analyser les choses différemment en ce qui concerne les migrants africains en provenance du sud du Sahara, qui sont en grande majorité des jeunes sans perspectives d’avenir dans un continent regorgeant de richesses. Si la coopération au développement, surtout par le soutien aux sociétés civiles de ces pays, est plus que jamais vitale, la responsabilité des chefs d’Etat et de leurs élites est encore plus grande dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Certains sont au pouvoir depuis plusieurs décennies et veulent y rester coûte que coûte, ou ont trouvé un moyen de s’arranger avec l’opposition.
Il en allait tout autrement du temps d’un Léopold Senghor, d’un Abdou Diouf – tous les deux Sénégalais –, d’un Nelson Mandela et d’autres. L’Afrique pouvait alors s’enorgueillir d’avoir des sages comme chefs d’Etat, qui se préoccupaient de leur peuple et non de leur enrichissement personnel. Comment se fait-il qu’il n’y en ait plus aujourd’hui? Le contexte a changé.
D’une part les élites africaines, qui ont conscience des richesses naturelles de leur sol, sont incitées à en tirer un maximum de bénéfice. Ils réclament ainsi des investissements étrangers mais n’en profitent pas pour développer leur pays.
D’autre part, la corruption par des multinationales australiennes, canadiennes, chinoises, françaises, suisses, brésiliennes, israéliennes, turques et j’en passe, ainsi que de la part d’Etats étrangers, fausse tout processus démocratique.
Comment comprendre par exemple que l’Union africaine ait élu Robert Mugabe comme président, lui qui a affamé son peuple après avoir chassé les fermiers blancs (un héros encore aujourd’hui pour certains), ceci d’autant plus qu’il n’avait été réélu en juillet 2013 que grâce à «l’aide» d’une société israélienne (Nikuv International Projects) payée en diamants, qui avait soigneusement organisé les élections, détruisant ainsi une évolution démocratique?
Par ailleurs, même si les négociations de libre-échange avec l’Europe (Accords de partenariat économique (APE), héritiers des accords de Lomé) ont souvent acculé certains Etats à des compromis douloureux, il est indéniable que de nombreux Etats portent la plus lourde responsabilité de l’exil de leurs jeunes, au moment où la Chine, elle, par son néocolonialisme ultralibéral et de plus en plus politique (les droits de l’homme ne sont pas prioritaires selon elle), envoie ses surplus de population sur le continent africain…
Ainsi tous ces jeunes migrants africains ont-ils le droit inaliénable de rentrer chez eux, et c’est le devoir de leurs dirigeants de les retenir, de les mettre au travail et de mettre fin à leurs conflits de lutte de pouvoir. En se débarrassant de leurs excédents de population, c’est aussi un signe de revanche. Après tout, que les Européens paient la facture, n’est-ce pas? Ces exodes sont la honte du continent africain, pourtant porteur de grandes valeurs humaines.
Ils seraient presque un milliard de déplacés dans le monde à fuir des situations invivables chez eux. Comment ne pas penser à une troisième guerre mondiale d’un style nouveau où les conflits éclatent dans différents lieux du globe? En effet, de nombreux pays augmentent leurs dépenses d’armement, le Japon «pacifiste» en tête. L’immense cimetière de la Méditerranée nous glace d’effroi: les baignades de cet été auront un goût morbide. Et pourtant, des milliers de migrants, dont l’écrasante majorité sont des demandeurs d’asile, continuent de voir l’Europe comme leur terre promise où l’on pourrait vivre dignement. Comment en est-on arrivé là?
Les responsabilités sont historiques, complexes et partagées. On peut cependant déceler quelques grandes tendances. En premier lieu une revanche des peuples anciennement colonisés qui ont souffert d’avoir été déstructurés politiquement, socialement, culturellement (en matière de religion notamment) à la fin du XIXe siècle au Moyen-Orient, et qui ne s’en sont pas encore remis. La mémoire collective des peuples n’oublie jamais. L’ayatollah Khomeiny n’avait-il pas averti que le but de l’islam est la conquête du monde? Nous y voilà.
Il y eut le colonialisme, mais aussi les deux guerres mondiales qui ont bouleversé l’ordre du monde. La suprématie des Etats-Unis depuis 1945, avec son écrasante supériorité militaire et technique, n’a pas faibli depuis. Profondément frustrés par la puissance américaine qui avait «décapité» leur âme profonde, Oussama ben Laden et les membres d’Al-Qaida ont voulu se venger en détruisant, le 11 septembre 2001, les symboles de la puissance américaine. Il s’en est suivi l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, qui était censée pacifier et démocratiser le Moyen-Orient. Cependant les nouveaux maîtres de l’Irak, dans leur aveuglement, ont eux-mêmes engendré un monstre, l’Etat islamique (EI), qui à bien des égards suit la même logique de destruction systématique de l’ennemi que les nazis. Quant au gouvernement israélien, il n’a de cesse de dériver vers une politique brutale à l’égard des Palestiniens qui, au final, ne lui apporte que des ennemis.
Ainsi donc, les migrants du Moyen-Orient et ceux de l’est de l’Afrique ont un droit à être aidés, surtout les chrétiens déracinés violemment de leur lieu de vie, porteurs en partie de nos valeurs.
Il faudrait sans doute analyser les choses différemment en ce qui concerne les migrants africains en provenance du sud du Sahara, qui sont en grande majorité des jeunes sans perspectives d’avenir dans un continent regorgeant de richesses. Si la coopération au développement, surtout par le soutien aux sociétés civiles de ces pays, est plus que jamais vitale, la responsabilité des chefs d’Etat et de leurs élites est encore plus grande dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Certains sont au pouvoir depuis plusieurs décennies et veulent y rester coûte que coûte, ou ont trouvé un moyen de s’arranger avec l’opposition.
Il en allait tout autrement du temps d’un Léopold Senghor, d’un Abdou Diouf – tous les deux Sénégalais –, d’un Nelson Mandela et d’autres. L’Afrique pouvait alors s’enorgueillir d’avoir des sages comme chefs d’Etat, qui se préoccupaient de leur peuple et non de leur enrichissement personnel. Comment se fait-il qu’il n’y en ait plus aujourd’hui? Le contexte a changé.
D’une part les élites africaines, qui ont conscience des richesses naturelles de leur sol, sont incitées à en tirer un maximum de bénéfice. Ils réclament ainsi des investissements étrangers mais n’en profitent pas pour développer leur pays.
D’autre part, la corruption par des multinationales australiennes, canadiennes, chinoises, françaises, suisses, brésiliennes, israéliennes, turques et j’en passe, ainsi que de la part d’Etats étrangers, fausse tout processus démocratique.
Comment comprendre par exemple que l’Union africaine ait élu Robert Mugabe comme président, lui qui a affamé son peuple après avoir chassé les fermiers blancs (un héros encore aujourd’hui pour certains), ceci d’autant plus qu’il n’avait été réélu en juillet 2013 que grâce à «l’aide» d’une société israélienne (Nikuv International Projects) payée en diamants, qui avait soigneusement organisé les élections, détruisant ainsi une évolution démocratique?
Par ailleurs, même si les négociations de libre-échange avec l’Europe (Accords de partenariat économique (APE), héritiers des accords de Lomé) ont souvent acculé certains Etats à des compromis douloureux, il est indéniable que de nombreux Etats portent la plus lourde responsabilité de l’exil de leurs jeunes, au moment où la Chine, elle, par son néocolonialisme ultralibéral et de plus en plus politique (les droits de l’homme ne sont pas prioritaires selon elle), envoie ses surplus de population sur le continent africain…
Ainsi tous ces jeunes migrants africains ont-ils le droit inaliénable de rentrer chez eux, et c’est le devoir de leurs dirigeants de les retenir, de les mettre au travail et de mettre fin à leurs conflits de lutte de pouvoir. En se débarrassant de leurs excédents de population, c’est aussi un signe de revanche. Après tout, que les Européens paient la facture, n’est-ce pas? Ces exodes sont la honte du continent africain, pourtant porteur de grandes valeurs humaines.
Par Christine von Garnier
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