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Respecter les Russes sans céder à Poutine

Les chefs d’Etat européens boycotteront les commémorations de la fin de la Deuxième Guerre mondiale organisées par Moscou. Une gifle pour Poutine.
Il y a 70 ans, la capitulation de l’Allemagne nazie mettait fin au conflit le plus abominable de l’histoire européenne. Face à la barbarie, la victoire n’a été rendue possible que par la formation d’une vaste coalition d’Etats, alliés malgré leurs différends idéologiques. Communistes et démocrates ont surmonté leur haine mutuelle pour terrasser le totalitarisme racial.
Après s’être associé à Hitler, Staline a consenti aux sacrifices les plus lourds – souvent au mépris de ses propres troupes – pour déloger le Führer de son bunker berlinois. Stalingrad, Koursk ont été les batailles décisives pour mettre fin à l’invincibilité du IIIe Reich. Dès lors, l’espoir était à nouveau permis, c’est le tournant du conflit. Dans cette guerre, ce sont bien les Soviétiques qui ont payé le plus grand tribut.
Alors que les derniers survivants de ces combats participeront aux commémorations de Moscou, il est important de s’en souvenir. Depuis la chute du Mur, la Fête de la victoire, célébrée le 9 mai en Russie, n’a cessé de gagner en importance. C’était aussi l’occasion de prendre acte du rapprochement entre anciens blocs rivaux. En 1995, 2000, 2005, 2010, la place Rouge accueillait les dirigeants européens et américains, il y avait un engagement pour construire des ponts, fonder une mémoire commune. On a même vu des troupes de l’OTAN défiler à Moscou.
Cette année, il n’en sera rien. Les célébrations de la Grande Guerre patriotique vont au contraire illustrer le nouveau schisme entre la Russie et l’«Occident», la plupart de ses chefs d’Etat – y compris suisse – ayant refusé l’invitation de Vladimir Poutine. Anticipant ce boycott, le président russe s’est associé à la Chine pour fêter la lutte contre le fascisme, non sans arrière-pensées politiques.
Ce boycott est regrettable. Mais pouvait-il en être autrement au moment où Moscou déstabilise l’Ukraine? Ce n’est pas manquer de respect au peuple russe que de s’abstenir de s’afficher aux côtés d’un président qui redessine des frontières par la force, comme en Crimée, et fait le choix de la confrontation au nom de valeurs de plus en plus distantes de l’Europe. Ce n’est pas une dispute historique. C’est un choc politique.
Moscou, ce week-end, sera le théâtre symbolique de la nouvelle fracture du continent. Il est pourtant encore temps de renouer le dialogue avec les Russes sur de nouvelles bases. Ne serait-ce qu’au nom des millions de morts de la Deuxième Guerre mondiale. Et pour éviter que le pire ne se reproduise.
Par Frédéric Koller 

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