L'inaction de l'ONU a mené à la situation d'aujourd'hui : des milliers d'hommes et de femmes meurent sous les bombes dans l'indifférence générale.
Je voudrais comprendre. Nous sommes des millions à ne pas comprendre comment Daesh progresse, avance, occupe des villes, pille des banques, vend au marché noir le pétrole irakien et détruit des musées, tue femmes et enfants et ne rencontre presque pas de résistance efficace face à ses ambitions. Ramadi en Irak est occupée, Palmyre en Syrie vient de tomber, une si belle ville, un patrimoine de l’humanité, une humanité meurtrie et absente. Des champs gaziers et pétroliers sont dorénavant entre les mains de ces hordes. Où s’arrêteront-ils ? Savez-vous que leur but déclaré est d’instaurer un « État islamique » partout dans le monde arabe ?
Des jeunes abandonnent leurs études, leurs familles, acceptent d’échanger l’instinct de vie avec celui de la mort facilement accueillie, voire désirée, une mort qu’ils donnent et qu’ils ne craignent aucunement. Des jeunes convertis, des musulmans ensorcelés, des enfants bien éduqués, cultivés, ayant un travail et de quoi vivre bien, s’engagent, les yeux fermés, l’esprit changé, lavé, vidé puis rempli de formules toutes faites, des clichés qui fonctionnent comme des appels venus du ciel, des images chocs sur la Toile passent à toute vitesse empêchant la réflexion, des idées d’hygiène culturelle, mentale et même corporelle. Une mise en scène diabolique qui a dépassé tout ce que les sectes ont fait de par le monde, tout ce que les réalisateurs de vidéos avec effets spéciaux ont pu imaginer.
Ils n'attendent plus rien du « machin »
On souhaiterait que l’ONU fasse un travail d’enquête pour retrouver ceux qui ont financé ou qui continuent à financer Daesh et ses hordes barbares, qui les arment, qui favorisent leur avancée aussi bien en Syrie, en Irak ou en Libye. Mais ce n’est pas dans les gènes de cette instance qui ne doit fâcher personne. À force de faire des calculs, à force de faire de la diplomatie au lieu d’agir, à force d’avoir dans la tête et le cœur une balance ultra-précise, l’ONU s’avère sans efficacité. En tout cas les enfants qui meurent sous les bombes syriennes, qu’elles viennent des troupes de Bachar ou des bandes d’Al Nosra ou de Daesh, n’attendent plus rien de ce « machin » qui pèse des tonnes et qui coûte des milliards. Les bombardements des alliés n’ont aucun effet dissuasif. Ils ne servent à rien. Les combattants de ce mouvement sans foi ni loi sont impitoyables.
Le monde est en train de payer la politique trop prudente d’Obama et des Européens. Une politique sans envergure, sans ambition noble, une politique qui a favorisé les ventes d’armes et quelques autres intérêts. Il fallait intervenir en Syrie dès le premier jour où l’armée de Bachar a tiré sur des manifestants pacifiques et non armés. Il fallait frapper un bon coup en août 2013 quand Bachar a utilisé des armes chimiques. On l’a laissé faire et tout le monde a répété : il vaut mieux un dictateur comme Bachar qu’un régime islamiste qui massacrerait les chrétiens. Bachar est toujours là, et les chrétiens ne sont pas en sécurité et sont de plus en plus nombreux à fuir leur pays.
Le chaos est là, avec ou sans Bachar, exactement comme en Libye, avec ou sans Kadhafi. Allons-nous proclamer officiellement qu’il n’y a plus de grande puissance, que la barbarie a gagné et que nous devons nous soumettre à ses horreurs ?
Je voudrais comprendre. Nous sommes des millions à ne pas comprendre comment Daesh progresse, avance, occupe des villes, pille des banques, vend au marché noir le pétrole irakien et détruit des musées, tue femmes et enfants et ne rencontre presque pas de résistance efficace face à ses ambitions. Ramadi en Irak est occupée, Palmyre en Syrie vient de tomber, une si belle ville, un patrimoine de l’humanité, une humanité meurtrie et absente. Des champs gaziers et pétroliers sont dorénavant entre les mains de ces hordes. Où s’arrêteront-ils ? Savez-vous que leur but déclaré est d’instaurer un « État islamique » partout dans le monde arabe ?
Des jeunes abandonnent leurs études, leurs familles, acceptent d’échanger l’instinct de vie avec celui de la mort facilement accueillie, voire désirée, une mort qu’ils donnent et qu’ils ne craignent aucunement. Des jeunes convertis, des musulmans ensorcelés, des enfants bien éduqués, cultivés, ayant un travail et de quoi vivre bien, s’engagent, les yeux fermés, l’esprit changé, lavé, vidé puis rempli de formules toutes faites, des clichés qui fonctionnent comme des appels venus du ciel, des images chocs sur la Toile passent à toute vitesse empêchant la réflexion, des idées d’hygiène culturelle, mentale et même corporelle. Une mise en scène diabolique qui a dépassé tout ce que les sectes ont fait de par le monde, tout ce que les réalisateurs de vidéos avec effets spéciaux ont pu imaginer.
Ils n'attendent plus rien du « machin »
On souhaiterait que l’ONU fasse un travail d’enquête pour retrouver ceux qui ont financé ou qui continuent à financer Daesh et ses hordes barbares, qui les arment, qui favorisent leur avancée aussi bien en Syrie, en Irak ou en Libye. Mais ce n’est pas dans les gènes de cette instance qui ne doit fâcher personne. À force de faire des calculs, à force de faire de la diplomatie au lieu d’agir, à force d’avoir dans la tête et le cœur une balance ultra-précise, l’ONU s’avère sans efficacité. En tout cas les enfants qui meurent sous les bombes syriennes, qu’elles viennent des troupes de Bachar ou des bandes d’Al Nosra ou de Daesh, n’attendent plus rien de ce « machin » qui pèse des tonnes et qui coûte des milliards. Les bombardements des alliés n’ont aucun effet dissuasif. Ils ne servent à rien. Les combattants de ce mouvement sans foi ni loi sont impitoyables.
Le monde est en train de payer la politique trop prudente d’Obama et des Européens. Une politique sans envergure, sans ambition noble, une politique qui a favorisé les ventes d’armes et quelques autres intérêts. Il fallait intervenir en Syrie dès le premier jour où l’armée de Bachar a tiré sur des manifestants pacifiques et non armés. Il fallait frapper un bon coup en août 2013 quand Bachar a utilisé des armes chimiques. On l’a laissé faire et tout le monde a répété : il vaut mieux un dictateur comme Bachar qu’un régime islamiste qui massacrerait les chrétiens. Bachar est toujours là, et les chrétiens ne sont pas en sécurité et sont de plus en plus nombreux à fuir leur pays.
Le chaos est là, avec ou sans Bachar, exactement comme en Libye, avec ou sans Kadhafi. Allons-nous proclamer officiellement qu’il n’y a plus de grande puissance, que la barbarie a gagné et que nous devons nous soumettre à ses horreurs ?
Par Tahar Ben Jelloun
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