Abdellah Baïda est enseignant de littérature à l’Université Mohamed V-Agdal de Rabat. Il a publié des nouvelles et des essais, dont, notamment, Les Voix de Khaïr-Eddine (Ed. Bouregreg 2007). Il est, d’ailleurs, l’un de ces rares critiques qui ont su lire avec brio une œuvre aussi hermétique que celle de l’enfant terrible de la littérature marocaine.
Son premier roman, Le dernier salto (Ed. Marsam), vient d’être couronné du prix Grand Atlas (Le prix du public «culturthèque» et celui des Étudiants).
Depuis l’âge de cinq ans, le protagoniste de ce récit rêve de faire un saut périlleux. Venu l’âge de l’adolescence, il apprend, grâce au cinéma, que la victoire revient justement à celui qui réussit un parfait saut périlleux arrière. « Cette image ne me quitta point. Au contraire, elle s’était renforcée avec la découverte du septième art. » Mais, ce salto tant rêvé, tant voulu, qui est le symbole du défi aux lois de la pesanteur, ne se réalisera qu’à l’ultime moment de sa vie. D’où le titre du roman. « Immédiatement, un saut périlleux me projeta tout près de Zanouba. Mon salto fit son effet; elle m’observa avec admiration, avec amour croissant.(…) Je remontai à son passé, je vis à travers elle la jeune fille qu’elle fut en débarquant en ville. Montée, rotation, réception.(…) En route vers le paradis, nos langues s’entrelacèrent joyeusement.»
Tout au long de l’histoire, les «sauts» se suivent et les héros ne se ressemblent pas. Ainsi, l’auteur raconte les péripéties de personnages de profils différents, quelques fois, il se met dans la peau de certains d’entre eux.
Une société en pleine mutation
Ces personnages ne sont, finalement, que le reflet d’une société en pleine mutation. Il y a d’abord, un haut responsable (qui fut écrivain en temps normal): « C’était deux années au cours desquelles je n’avais pas écrit une seule ligne qui vaille et mes nombreux détracteurs et envieux commençaient à Jaser. J’avais donc décidé ce jour-là d’écrire un récit qui ferait une autre fois parler de ma verve et de mon génie littéraire. » Puis un énigmatique vieux retraité: « Depuis sept ans, un vieux retraité, gris et triste, faisait chaque jour le tour de ce rectangle, du matin au soir. Ce n’était pas un mendiant, ce n’était pas un fou, ce n’était pas un géomètre…Mais son histoire était quand même assez bizarre. » Il y a aussi, un ouvrier: « Belâïd était ouvrier dans une usine de textile. Voilà trente ans qu’il y travaillait et voilà trente ans qu’il participait au défilé du premier mai. C’était un rituel qu’il ne se permettait jamais de rater. », un étudiant: « En fait, Alim n’était pas le vrai prénom de notre personnage mais presque tout le monde dans son quartier populaire l’appelait ainsi. », des conteurs à Jamaa Elfna: « Chacun des conteurs lui révélait généreusement sa vie, ses sources d’inspiration, comment il en était venu à choisir la place ou à être adopté par « les hommes du bled », un bagnard et son bourreau: « Je ne suis pas un bagnard comme certains le prétendent; je suis un ancien prisonnier politique qui a passé sans jugement quatorze ans dans les bagnes de Hassan II. », et, une prostituée: « Moi, je suis d’abord Zineb. Mon prénom me prédestinait parait-il à être convoitée; il signifie en arabe classique la Beauté et désigne un arbrisseau désertique aux fleurs aromatiques. »
Un roman-puzzle
L’auteur a voulu que son œuvre soit « comme une sorte de puzzle avec une architecture interne qui édifie un «univers romanesque». Il y a certes des interférences avec la réalité mais ce ne sont en général que des pré-textes. » Ce qui l’intéressait par-dessus tout « c’est cette matière qui constitue le roman (la langue, les épisodes et leurs agencements, un univers en train de se mettre en place…) »
Avec Le dernier salto, Abdellah Baïda réussit un vrai coup de maître.
Espérons qu’il ne sera pas son dernier «salto» …littéraire.
Son premier roman, Le dernier salto (Ed. Marsam), vient d’être couronné du prix Grand Atlas (Le prix du public «culturthèque» et celui des Étudiants).
Depuis l’âge de cinq ans, le protagoniste de ce récit rêve de faire un saut périlleux. Venu l’âge de l’adolescence, il apprend, grâce au cinéma, que la victoire revient justement à celui qui réussit un parfait saut périlleux arrière. « Cette image ne me quitta point. Au contraire, elle s’était renforcée avec la découverte du septième art. » Mais, ce salto tant rêvé, tant voulu, qui est le symbole du défi aux lois de la pesanteur, ne se réalisera qu’à l’ultime moment de sa vie. D’où le titre du roman. « Immédiatement, un saut périlleux me projeta tout près de Zanouba. Mon salto fit son effet; elle m’observa avec admiration, avec amour croissant.(…) Je remontai à son passé, je vis à travers elle la jeune fille qu’elle fut en débarquant en ville. Montée, rotation, réception.(…) En route vers le paradis, nos langues s’entrelacèrent joyeusement.»
Tout au long de l’histoire, les «sauts» se suivent et les héros ne se ressemblent pas. Ainsi, l’auteur raconte les péripéties de personnages de profils différents, quelques fois, il se met dans la peau de certains d’entre eux.
Une société en pleine mutation
Ces personnages ne sont, finalement, que le reflet d’une société en pleine mutation. Il y a d’abord, un haut responsable (qui fut écrivain en temps normal): « C’était deux années au cours desquelles je n’avais pas écrit une seule ligne qui vaille et mes nombreux détracteurs et envieux commençaient à Jaser. J’avais donc décidé ce jour-là d’écrire un récit qui ferait une autre fois parler de ma verve et de mon génie littéraire. » Puis un énigmatique vieux retraité: « Depuis sept ans, un vieux retraité, gris et triste, faisait chaque jour le tour de ce rectangle, du matin au soir. Ce n’était pas un mendiant, ce n’était pas un fou, ce n’était pas un géomètre…Mais son histoire était quand même assez bizarre. » Il y a aussi, un ouvrier: « Belâïd était ouvrier dans une usine de textile. Voilà trente ans qu’il y travaillait et voilà trente ans qu’il participait au défilé du premier mai. C’était un rituel qu’il ne se permettait jamais de rater. », un étudiant: « En fait, Alim n’était pas le vrai prénom de notre personnage mais presque tout le monde dans son quartier populaire l’appelait ainsi. », des conteurs à Jamaa Elfna: « Chacun des conteurs lui révélait généreusement sa vie, ses sources d’inspiration, comment il en était venu à choisir la place ou à être adopté par « les hommes du bled », un bagnard et son bourreau: « Je ne suis pas un bagnard comme certains le prétendent; je suis un ancien prisonnier politique qui a passé sans jugement quatorze ans dans les bagnes de Hassan II. », et, une prostituée: « Moi, je suis d’abord Zineb. Mon prénom me prédestinait parait-il à être convoitée; il signifie en arabe classique la Beauté et désigne un arbrisseau désertique aux fleurs aromatiques. »
Un roman-puzzle
L’auteur a voulu que son œuvre soit « comme une sorte de puzzle avec une architecture interne qui édifie un «univers romanesque». Il y a certes des interférences avec la réalité mais ce ne sont en général que des pré-textes. » Ce qui l’intéressait par-dessus tout « c’est cette matière qui constitue le roman (la langue, les épisodes et leurs agencements, un univers en train de se mettre en place…) »
Avec Le dernier salto, Abdellah Baïda réussit un vrai coup de maître.
Espérons qu’il ne sera pas son dernier «salto» …littéraire.
Par M.A. EL Hairech
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