L'Afrique, c'est chic : nouvelle frontière du développement, deuxième zone de croissance dans le monde derrière l'Asie, terre d'émergence rapide des classes moyennes et, partant, de nouveaux consommateurs, réservoir inouï de matières premières, continent courtisé au vu de la multiplication des grands sommets internationaux qui lui sont consacrés (le dernier en date, à Washington, en août).
Investisseurs privés ou publics et nouveaux partenaires économiques (Chine, Inde, Brésil, États-Unis, Japon...) ne s'y trompent pas, qui misent de plus en plus sur un continent jadis laissé aux mains souvent prédatrices de ses ex-colonisateurs. Il faut s'en réjouir, tout en se posant les bonnes questions. Surtout si l'on veut que cette belle aventure se poursuive.
Sur quoi reposent les taux de croissance enviables affichés par les pays africains ? Essentiellement sur une combinaison de facteurs externes (aide au développement et allègement de la dette) et internes, dont, entre autres, la manne des matières premières - même mal négociée -, une ouverture démocratique certaine, une utilisation des ressources plus efficace et une consommation de biens et de services en hausse exponentielle.
Est-ce suffisant pour s'assurer un avenir identique à celui qu'ont connu, par exemple, les pays d'Asie, dont le niveau de développement était comparable à celui de nos nations à l'aube des indépendances ? Non, mille fois non. Certes, l'Afrique croît, et rapidement. Mais, en réalité, elle change peu, en tout cas pas à la vitesse requise. Ses économies n'évoluent guère. Structurellement, s'entend.
Diversification poussive, faiblesse des exportations de produits transformés localement, absence ou obsolescence des infrastructures, bureaucratie toujours aussi handicapante, environnement des affaires aléatoire, secteur manufacturier pour le moins insuffisant (et quand il existe, il ne brille guère par sa modernité), exode rural mal géré, niveau d'accès à la technologie inadapté à la compétition mondiale. Ajoutons à cela la faiblesse des échanges intra-africains, avec le taux le plus bas de tous les continents : 10 %, contre environ 70 % en Europe, plus de 50 % en Asie du Sud-Est, 40 % en Amérique du Nord. Bref, pas vraiment de quoi pavoiser.
"It's the economy, stupid !" (Phrase célèbre de James Carville, conseiller de Bill Clinton, adoptée par le candidat démocrate lors de sa campagne victorieuse de 1992, face à Bush père, qui, lui, s'enorgueillissait de ses succès en politique internationale) : telle est la priorité des priorités de notre continent. La croissance africaine n'est ni un mythe ni un mirage. Elle est réelle, mais ne s'appuie pas sur des fondations solides. Que l'une d'elles vacille et tout l'édifice menacera de s'effondrer.
C'est de cela dont nos dirigeants, mais aussi toutes les organisations régionales ou continentales, comme l'Union africaine, doivent se préoccuper avant tout. Un seul chiffre pour les en convaincre : au cours de la prochaine décennie, au rythme actuel, seul un jeune Africain sur quatre trouvera un emploi salarié stable, selon la Banque mondiale. La croissance continue de ces dernières années suscite de très fortes attentes, surtout parmi les plus jeunes. Pour le moment, la seule certitude, c'est qu'elles seront déçues.
Investisseurs privés ou publics et nouveaux partenaires économiques (Chine, Inde, Brésil, États-Unis, Japon...) ne s'y trompent pas, qui misent de plus en plus sur un continent jadis laissé aux mains souvent prédatrices de ses ex-colonisateurs. Il faut s'en réjouir, tout en se posant les bonnes questions. Surtout si l'on veut que cette belle aventure se poursuive.
Sur quoi reposent les taux de croissance enviables affichés par les pays africains ? Essentiellement sur une combinaison de facteurs externes (aide au développement et allègement de la dette) et internes, dont, entre autres, la manne des matières premières - même mal négociée -, une ouverture démocratique certaine, une utilisation des ressources plus efficace et une consommation de biens et de services en hausse exponentielle.
Est-ce suffisant pour s'assurer un avenir identique à celui qu'ont connu, par exemple, les pays d'Asie, dont le niveau de développement était comparable à celui de nos nations à l'aube des indépendances ? Non, mille fois non. Certes, l'Afrique croît, et rapidement. Mais, en réalité, elle change peu, en tout cas pas à la vitesse requise. Ses économies n'évoluent guère. Structurellement, s'entend.
Diversification poussive, faiblesse des exportations de produits transformés localement, absence ou obsolescence des infrastructures, bureaucratie toujours aussi handicapante, environnement des affaires aléatoire, secteur manufacturier pour le moins insuffisant (et quand il existe, il ne brille guère par sa modernité), exode rural mal géré, niveau d'accès à la technologie inadapté à la compétition mondiale. Ajoutons à cela la faiblesse des échanges intra-africains, avec le taux le plus bas de tous les continents : 10 %, contre environ 70 % en Europe, plus de 50 % en Asie du Sud-Est, 40 % en Amérique du Nord. Bref, pas vraiment de quoi pavoiser.
"It's the economy, stupid !" (Phrase célèbre de James Carville, conseiller de Bill Clinton, adoptée par le candidat démocrate lors de sa campagne victorieuse de 1992, face à Bush père, qui, lui, s'enorgueillissait de ses succès en politique internationale) : telle est la priorité des priorités de notre continent. La croissance africaine n'est ni un mythe ni un mirage. Elle est réelle, mais ne s'appuie pas sur des fondations solides. Que l'une d'elles vacille et tout l'édifice menacera de s'effondrer.
C'est de cela dont nos dirigeants, mais aussi toutes les organisations régionales ou continentales, comme l'Union africaine, doivent se préoccuper avant tout. Un seul chiffre pour les en convaincre : au cours de la prochaine décennie, au rythme actuel, seul un jeune Africain sur quatre trouvera un emploi salarié stable, selon la Banque mondiale. La croissance continue de ces dernières années suscite de très fortes attentes, surtout parmi les plus jeunes. Pour le moment, la seule certitude, c'est qu'elles seront déçues.
Par Marwane Ben Yahmed
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